Le monde de la restauration est vaste. Il va de celle rapide -façon McDo- à la gastronomie "étoilée". Entre les deux, il existe une middle class possédant une masse salariale importante et dans certains restaurants traditionnels ou bistrots, elle représente jusqu’à 42 % de l’effectif. Si l'ensemble des restaurateurs français avaient l’honnêteté de faire de la bonne et vraie cuisine, ils changeraient sans doute la donne en termes d’emplois… la vraie cuisine demande une main d'oeuvre qualifiée.Aujourd’hui, certains membres du "métier" souhaitent fournir à leurs clients les éléments nécessaires pour qu’ils ne soient plus dupés. Une transparence dans l’assiette qui ne souffre d’aucun aléa, se traduisant bonnement par une vraie définition du mot restaurant. Un honneur à révéler clairement l'origine et la composition des plats, à mentionner si leurs recettes respectives sont élaborées avec des produits frais transformés sur place ou issu de l'industrie agro-alimentaire. Une véracité balayée depuis deux jours par le gouvernement.
Afin de rectifier une anomalie bien trop récurrente, la ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, Sylvia Pinel, avait rencontré, le 24 juin dernier à Bercy, les professionnels de l’hôtellerie-restauration. Elle souhaitait instaurer un label "fait maison", présent sur les cartes des menus, représenté par un logo qui signalait aux clients que les produits cuisinés seraient frais et transformés dans le restaurant. Quiconque ne respecterait pas les mesures du dit label et tromperait le client, pourrait être dénoncé auprès des autorités compétentes. Seulement voilà, dans la sombre nuit de mercredi à jeudi dernier, les sénateurs ont supprimé le caractère obligatoire de cette appellation, que les députés avaient votée le 27 juin, dans le cadre du projet de loi Hamon sur la consommation. En votant des amendements communistes, UMP et centristes par 189 voix contre 157, ils ont rendu un caractère facultatif à ce label. Les restaurateurs ne seront donc plus obligés d'indiquer que leurs plats cuisinés à partir de produits bruts sont "fait maison". Que dire, si ce n’est : "... encore du travail bâclé qu'une majorité politique hypocrite se plaît sans honte à observer, tirant profit d’une énième mascarade, nourrissant leurs propres intérêts."Ne nous y trompons pas, le vote des sénateurs pose la question des relations entre les parlementaires et les lobbies. Certains restaurateurs, mais surtout des groupes industriels de distribution et des syndicats de restauration, avaient tout intérêt à ce que cette obligation ne passe pas à l'Assemblée nationale. Selon une enquête du Synhorcat, syndicat minoritaire qui regroupe les professionnels indépendants, 31% des établissements déclarent utiliser des produits industriels dans l’élaboration de leurs plats, mais le pourcentage grimpe en flèche dès que l’on s’intéresse de près à des chaînes, des franchisés et des enseignes fast-food. Là, le "fait maison" ne fait pas -du tout- recette.F/G