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Pourquoi la pédagogie de Hollande a des limites

Publié le 17 septembre 2013 par Juan
"Dis papa, mais Hollande, qu'a-t-il fait en un an ?"
La question venait d'un enfant, déjà adolescent. Quelques heures après, le lendemain d'une intervention présidentielle sur TF1, un dimanche 15 septembre. Cette interrogation, faussement naïve, valait leçon pour cette Présidence. De Sarkozy, nous pouvions dire ce qu'il était, à force d'outrances, de caricatures, de chocs verbaux et distractions médiatiques. Avec Hollande, la communication reste pédagogique, systématiquement pédagogique. Au risque de perdre, encore et toujours, l'essentiel.
Quarante-huit heures après sa courte explication avec Claire Chazal, les commentaires convergeaient vers cette évidence: Hollande fut concentré (sur l'emploi), pédagogue (sur la Syrie) et même efficace (sur la Syrie, encore), mais parfois drôle (sur les entreprises ou les impôts). Mais la pédagogie avait ses limites, nombreuses.
1. C'est la troisième intervention télévisée consécutive sans annonce nouvelle (après les entretiens de juin et du 14 juillet), à l'exception d'un nouveau dispositif fiscal pour encourager la rénovation thermique. Certes, la situation est si grave, durablement grave, qu'il faut sans cesse "déminer". La curiosité était réelle puisque l'audience fut largement au rendez-vous - plus de 8 millions de téléspectateurs. Il fallait certes rappeler le chemin fiscal parcouru - des déficits innombrables à combler. Mais la simple explication ne suffit plus.
2. Les mots ont souvent une valeur symbolique plus forte que leur simple signification littérale. Il est normal que l'instance hollandaise à évoquer la compétitivité, les entreprises, l'Allemagne, le coût du travail, la flexibilité, n'ait que renforcer les convictions des uns et des autres. La pédagogie, en l'occurrence, consisterait à au contraire équilibrer le discours: la pauvreté progresse, la précarité aussi. Le chômage "progresse moins vite". Autant de signes évidents que l'urgence sociale est forte, très forte.
3. En juillet, date de sa dernière interview, on critiquait Hollande de rester dans la rigueur. Maintenant que la pause fiscale est décrétée, Hollande n'en bénéficiera même pas.
4. La pirouette sur la TVA a amusé certains commentateurs. Ils ont raté l'essentiel, négligé l'essentiel: augmenter une TVA n'a rien d'agréable. L'augmenter d'une poignée de milliards n'a pas grand chose à voir avec la hausse généralisée du taux principal que l'ancien monarque avait mise en place. C'est une vraie décision. Peut-être pouvions-nous regretter, cyniquement, que la hausse Sarkozy n'ait eu lieu plus tôt. L'opinion aurait alors senti la différence.
5. La pédagogie a des limites, celles de la vérité. Hollande n'a pas forcé sur la pédagogie sur l'épineux des retraites. Primo, il s'est félicité d'avoir refusé un financement des déficit de retraites via une hausse de la CSG. Certains la réclamaient. Ils ont été défaits, mais cette hausse n'a jamais été autre chose qu'un débat interne au sein de l'équipe gouvernementale. Mais cette décision ne devait pas occulter l'essentiel, l'allongement (indéfini) de la durée de cotisation.
6. Dimanche soir, Hollande a aussi négligé quelques réformes en cours: la loi Taubira qui abrogera enfin les peines planchers, la loi Duflot qui porte notamment sur l'encadrement des loyers, la loi sur l'égalité Femmes/Hommes portée dès le lendemain au Sénat par Najat Vallaud-Belkacem.
Dimanche soir, Hollande était encore, trop concentré sur "l'obstacle", l'inversion d'une courbe, la reprise d'une croissance terne.


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