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Pathétique numéro de prestidigitation élyséenne

Publié le 17 septembre 2013 par Sylvainrakotoarison

« Prestidigitation : Art de produire l’illusion d’opérations de magie par des manipulations, des artifices, des trucages ; illusionnisme » (Petit Larousse).

yartiFH2013091501Le Président de la République François Hollande s’est exprimé pendant trente-sept minutes lors d’une interview à l’Élysée avec Claire Chazal sur TF1 le dimanche 15 septembre 2013. Il ne l’avait pas fait depuis deux mois.

À l’origine, François Hollande devait présenter la position française sur la Syrie mais ce sujet n’a duré que quinze minutes (moins de la moitié de l’intervention télévisée), si bien que cette nouvelle prestation est apparue à la fois désordonnée, sans fil conducteur et sans message concret à délivrer aux Français.

Sur la forme, il a poursuivi son mimétisme mitterrandien jusqu’à en adopter la pose des mains, ne minimisant aucun signe régalien (drapeaux, lustres, rideau, fauteuils) montrant qu’il était bien le chef de l’État (les visites au siège des chaînes de télévision sont maintenant bien oubliées).

Hélas, cet exercice de comédie ne suffit pas à "asseoir" un Président de la République qui, s’il a évidemment la légitimité populaire (il a été élu le 6 mai 2012 et personne ne lui conteste son élection), montre chaque jour depuis seize mois qu’il est loin d’être à la hauteur, son inexpérience tant diplomatique que gouvernementale n’étant pas de mesure à rassurer un pays en pleine crise économique.

La France loin du leadership diplomatique sur la Syrie

Sur la Syrie, alors qu’il avait mis la France dans une situation de belligérant, aux antipodes de 2003, à savoir, à la remorque des États-Unis, François Hollande a voulu seulement se justifier en disant que sans sa fermeté, il n’aurait pu y avoir un accord américano-russe à Genève le 14 septembre 2013 entre John Kerry et Sergueï Lavrov sur le démantèlement des armes chimiques syriennes.
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Pourtant, il n’a pas répondu à la seule question qui prévaut (posée timidement et sans relance par Claire Chazal) : pourquoi la France a-t-elle été absente des négociations de Genève ?

Rien non plus sur la division totale de l’Union Européenne sur ce sujet, et l’incapacité du Ministre français des Affaires étrangères (à savoir Laurent Fabius) de faire vraiment de la diplomatie, à savoir aller dans chaque capitale européenne pour expliquer la position française.

Heureusement pour lui, mais aussi pour le monde et la paix, la bienheureuse initiative russe a permis de faire machine arrière et de renoncer au principe d’une intervention militaire (auquel les Français étaient très majoritairement opposés) sans (trop) perdre la face.

Toujours plus d’impôts et de taxes

Cependant, la rentrée est aussi propice aux réflexions sur l’économie et les finances, d’autant plus que les principales orientations de la loi de finance 2014 ont déjà été présentées. Sur ce sujet-là aussi, comme toujours, le Président français s’est montré flou, sans colonne vertébrale, sans objectif clairement défini.

Cela fait un an qu’il répète qu’il n’y aura plus de nouvelle taxe ou impôt et cela fait un an que les impôts et les taxes ne cessent d’augmenter pour de très nombreux contribuables. La situation budgétaire demande évidemment beaucoup de rigueur mais on a l’impression qu’on perd sur les deux tableaux : d’une part, François Hollande a confirmé implicitement qu’il y aurait bien 12 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires (alors que ses éléments de langage en étaient restés à 3 milliards) ; d’autre part, la perspective d’une réduction du déficit budgétaire s’éloigne de mois en mois (le 11 septembre 2013, le Ministre des Finances Pierre Moscovici a prévenu que le déficit serait de 4,1%du PIB en 2013, au lieu des 3% prévus en 2012 et martelés encore plusieurs mois en début 2013, et encore de 3,6% en 2014).

En somme, on continue à matraquer fiscalement et socialement les personnes et les entreprises, mais on n’assainit toujours pas les finances publiques. Pourtant, le gouvernement semble avoir timidement commencé à envisager la réduction de 15 milliards d’euros dans les dépenses de l’État, cela reste très insuffisant et évidemment, aucune piste n’a été donnée pour aboutir. La vérité, c’est que le pouvoir attend un miracle conjoncturel pour redresser les finances.

François Hollande a même eu le toupet de dire : « J’ai annulé une augmentation de la CSG qu’on annonçait. », comme si les rumeurs (faute de déclarations gouvernementales claires) pouvaient servir de référence à sa propre politique (et sans compter que l’un des points mis en avant dans sa campagne de la primaire, dès 2010, était une profonde réforme fiscale qui viserait à fusionner impôt sur le revenu et CSG, proposition tombée aux oubliettes avec le reste de ses promesses électorales). Ce qui n’empêchera cependant pas une augmentation de 0,15% des cotisations pour les salariés…
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L’augmentation de la TVA prévue le 1er janvier 2014 aura toujours bien lieu, et François Hollande n’a pas été très crédible en expliquant pourquoi il avait supprimé cette augmentation en juillet 2012 (parce que décidée par Nicolas Sarkozy) pour la réintroduire un an plus tard de manière plus sournoise puisque le taux intermédiaire (initialement de 5,5% et passé à 7,0% par l’équipe précédente) va subir une grande augmentation en passant à 10,0% (cela signifie que ce sont tous les emplois des services à la personne et du bâtiment qui vont être le plus touchés, des emplois qui, en plus, ne sont pas susceptibles d’être délocalisés).

Contribution énergie climat

Le dialogue pourrait aussi être cocasse s’il ne s’agissait pas du porte-monnaie des ménages. Ainsi, à la question sur la pression fiscale et sociale, François Hollande a assuré doctement : « Il n’y aura aucune taxe nouvelle qui sera introduite. » mais dès la question suivante, il a évoqué une « contribution énergie climat » qui « va monter en puissance », certes pas en 2014 (donc, en 2015 ?) pour imposer plus lourdement les énergies fossiles.

Claire Chazal n’avait toutefois pas posé la question pour pointer du doigt les contradictions verbales du Président, c’était juste pour entrer dans la polémique (stérile dont les contribuables se moqueraient bien si ce n’était pas leur argent) entre le PS et les prétendus écologistes du gouvernement à propos d’une taxe (supplémentaire) sur le diesel.

Et justement, à cette question : "Y aura-t-il une taxe supplémentaire sur le diesel ?", contrairement aux comptes-rendus qu’on peut lire dans la presse et les médias, François Hollande n’a absolument rien répondu. Il a juste dit, malicieusement : « Il ne faut pas réduire l’écologie à une nouvelle imposition » mais il a bien confirmé cette fameuse "contribution énergie climat" qui va être un mécanisme génial pour l’État de trouver de nouvelles sources de revenus de manière récurrente (rappelez-vous l’introduction en douceur, le 1er février 1991, de la CSG).

Pour compenser le négatif, François Hollande a cependant annoncé un « crédit impôt rénovation thermique » au contour encore flou (décidément, il adore les crédits impôt).

Incapacité à comprendre l’économie

Même sur les heures supplémentaires (la suppression de la défiscalisation qui affecte de nombreux ménages aux bas revenus), François Hollande s’est montré "désinvolte" (selon le mot du président de l’UDI Jean-Louis Borloo) en affirmant sans prouver que la mesure phare du quinquennat précédent aurait coûté 100 000 emplois.

François Hollande a montré une fois de plus son incapacité à comprendre comment s’organise une entreprise, que trente-cinq heures supplémentaires par semaine ne font pas forcément un emploi supplémentaire, comme le voudrait la logique macro-mathématique de la loi sur les 35 heures qui pense que chaque employé est interchangeable et qu’un nouveau recruté vaut un employé expérimenté et opérationnel dans son poste (d’autant plus que les heures supplémentaires sont là pour répondre à une surcharge momentanée à laquelle il faut répondre immédiatement).

Inversion de la courbe du chômage

L’exemple le plus flagrant de ce numéro de prestidigitation reste cependant la réaction présidentielle à propos de l’inversion de la courbe du chômage (rappelons que c’était le 9 septembre 2012 que François Hollande s’était donné un an pour inverser la courbe ; un peu plus tard, il s’était donné jusqu’en fin 2013).

Face à une conjonction qui se détériore toujours sur le marché de l’emploi, François Hollande a en effet déclaré : « On est près du but ! ». À rapprocher de : « La reprise est là ! » lors de sa dernière intervention télévisée, le 14 juillet 2013. Les demandeurs d’emploi vont avoir les bras qui tombent et auraient sans doute envie de lui répliquer : "T’as vu quand t’as bu ?", sans préjuger, bien sûr, de l’ampleur de sa consommation d’alcool.
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Que pourra-t-il bien dire le 31 décembre 2013 à propos de la courbe du chômage ? Est-il possible qu’il prenne ses concitoyens pour des amnésiques chroniques ? Est-ce si incompréhensible que cela que le FN est plutôt à un haut niveau dans les sondages ?


Et le FN, justement ?

Parmi les derniers sujets, un toujours important et récurrent dans les médias, c’est l’hypothèse du Front national au second tour. J’en reparlerai probablement, mais notons que depuis quelques mois, le problème se poserait plus au PS qu’à l’UMP ou à l’UDI en cas d’élimination dès le premier tour au profit du FN.

Les propos de François Hollande de ce dimanche soir ont été affligeants pour deux raisons : d’une part, il a évoqué un "nous" qui excluait près de 18% des électeurs (score à l’élection présidentielle du 22 avril 2012) ; d’autre part, il n’a donné aucun argument qui justifierait de combattre le FN (et pourtant, Dieu sait s’il y en a !).

Il a juste évoqué le pitoyable 21 avril 2002 et son soutien au Président Jacques Chirac au second tour : « La question ne se pose pas ! » s’est-il exclamé. Ben si, justement, si 18% des électeurs ont voté pour Marine Le Pen l’an dernier, si une proportion peu éloignée semble prête à le faire également pour les scrutins futurs, c’est que la question se pose, si ! Et ce n’est pas en considérant que c’est évident qu’il faut combattre le FN que le FN perdra en audience. J’aurais même tendance à dire que l’effet serait le contraire.

François Hollande a eu beau évoquer ses "valeurs" et ses "principes", il n’a pas dit lesquels et pourquoi ils étaient en opposition avec ce que proposerait le FN. Ce type de réponse sur le FN, aussi inadaptée que contreproductive, s’était retrouvé aussi à propos de la construction européenne avec un message équivalent : la question ne se pose pas, l’Europe est une évidence. À partir du moment où une grande proportion de la population a l’impression inverse, la moindre des choses serait d’expliquer, de faire de la pédagogie, et pas de mépriser.

Mépris national

Car c’est bien cela, en final, que François Hollande maîtrise le mieux, mépriser les Français (et plus particulièrement ses électeurs) : prononcer des propos alambiqués, fuyants, brouillons, flous, inconstants, dans l’incapacité de donner une vision forte, tant sur l’économie (on en reste à la perpétuelle "boîte à outils" qui n’a pas évolué d’un pouce en un an) que sur le dossier syrien.

Face aux dénégations répétées sur la pression fiscale, le mieux est de saisir son avis d’imposition reçu à la fin août pour comprendre le degré de sincérité et de manipulation du pouvoir écolo-socialiste.

Puisqu’une réforme sur la formation professionnelle se profile, je propose qu’on forme un peu mieux le locataire de l’Élysée. Le diplôme de onze années de premier secrétaire du PS ne semble pas le plus ajusté à ce poste…

Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 septembre 2013)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Interview présidentielle du 14 juillet 2013.
Remous électoraux du FN.
Première année du quinquennat de François Hollande.
Seconde conférence de presse de François Hollande (16 mai 2013).
Interview présidentielle sur France 2 (27 mars 2013).
Première conférence de presse de François Hollande (13 novembre 2012).
Interview présidentielle sur TF1 (9 septembre 2012).
Interview présidentielle sur France 2 (29 mai 2012).

yartiFH2013091505 
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/pathetique-numero-de-140993


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