Ces chercheurs de l’École de médecine de l’Université Stanford confirment que l’ocytocine déjà démontrée comme essentielle dans la formation et le maintien des relations sexuelles ou mère-enfant est bien impliquée dans un éventail bien plus large d’interactions sociales. Ces nouvelles conclusions, publiées dans l’édition du 12 septembre de Nature, ont, à nouveau, de grandes implications dans la prise en charge des troubles neurologiques comme l’autisme.
La vie en société aurait précédé de 35 millions d’année la vie en couple et l’ocytocine, en renforçant « l’affinité » aurait joué un rôle primordial dans cette évolution et la conservation de « notre patrimoine évolutif ».
Le rôle de l’ocytocine dans l’autisme a été étudié à plusieurs reprises. Citons, entre autres recherches, les travaux de l’équipe du Centre de neuroscience cognitive du CNRS/Université Claude Bernard Lyon ou la toute récente étude de la New York University, également publiée dans Nature, qui confirment l’hormone comme un traitement prometteur pour les TSA. Cette étude de Stanford identifie à son tour, comment ocytocine active une zone du cerveau essentielle à l’expérience de la « récompense « . Des résultats, qui suggèrent donc à nouveau, d’éventuels traitements pour les troubles de la communication sociale. Car l’expérience de la récompense échappe aux personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA), explique le Pr Robert Malenka, au point que les interactions sociales peuvent même leur être pénibles. Ces troubles de l’interaction sociale caractéristiques de l’autisme sont liés au moins en partie à l’ocytocine.
Le processus neurophysiologique de l’ocytocine dans la récompense sociale : Cette équipe, qui travaille sur l’autisme depuis plus de 10 ans, a tenté ici de préciser les bases neurophysiologiques du rôle de l’ocytocine dans les interactions sociales en se concentrant sur les cascades d’événements biochimiques qui ont lieu dans le noyau accumbens, la zone du cerveau impliquée dans le système de récompense. Leur recherche montre que des souris ont effectivement des récepteurs de l’ocytocine situés à un endroit stratégique du noyau accumbens et que le blocage de l’activité de l’ocytocine va diminuer considérablement « leurs interactions sociales » (Les interactions sociales chez la souris*. L’équipe identifie également les voies nerveuses qui sécrètent l’ocytocine dans le noyau et les effets de l’ocytocine sur d’autres voies nerveuses de cette zone.
*Un test d’interaction sociale chez la souris ? Mais en quoi cela peut-il consister : Dans ce « conditioned place preference test », les chercheurs attribuent aux souris une » maison » composée de deux chambres séparées par une porte, qu’elles peuvent passer à tout moment. Mais d’abord, les chercheurs laissent les souris 24 heures dans une des chambres avec leurs congénères, puis 24 heures seules dans une pièce, puis, le 3ème jour, la porte est ouverte et les souris ont totale liberté d’aller et venir. Les chercheurs relèvent la quantité de temps passé dans chaque pièce. Normalement les souris préfèrent passer plus de temps dans la pièce qui leur permet de passer « de bons moments » avec leurs copines. Mais une fois l’activité de l’ocytocine bloquée dans le noyau accumbens, cette activité sociale est diminuée et il n »y a plus aucune différence entre le temps passé seul ou avec les autres.
Ocytocine et sérotonine, 2 hormones clés dans la récompense sociale : Par de nouvelles expériences, les chercheurs parviennent à situer les récepteurs de l’ocytocine dans le noyau accumbens de la souris, à l’extrémité des cellules nerveuses formant un tube à partir d’une zone du cerveau appelée le noyau du raphé, responsable du système sérotoninergique (il sécrète la sérotonine). L’ocytocine va également se lier à ces récepteurs et favorise la libération de sérotonine dans ce site essentiel du circuit de la récompense du cerveau. Et les chercheurs expliquent avoir même identifié celui parmi les 14 récepteurs de la sérotonine qui intervient pour la récompense sociale. Des résultats très précis, obtenus certes chez la souris mis qui sont très probablement généralisables à l’homme.
Source: Nature 12 September 2013 doi:10.1038/nature12518 Social reward requires coordinated activity of nucleus accumbens oxytocin and serotonin
Accéder aux dernières actualités sur l’Ocytocine