Chronique d’un salaud de patron

Publié le 17 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints

C'est le livre à distribuer à tous les politiques et dans toutes les administrations. Un patron de PME raconte sa vie professionnelle pendant 7 jours. Il faut le vivre et le lire pour le croire.

Par Bogdan Calinescu.
Un article de l'aleps.

Nos dirigeants ne cessent de proclamer, main sur le cœur, qu’ils font tout pour faciliter l’emploi en France. Ils affichent le chiffre d’emplois créés (souvent factices) mais masquent les emplois supprimés (bien réels) plus nombreux.

Mais se rendent-ils compte du quotidien d’un chef d’entreprise ? Le témoignage de Julien Leclercq, patron d’une PME qui emploie environ 45 personnes, est saisissant. En plus de diriger son entreprise et donc de faire du chiffre, il se heurte tous les jours aux inepties administratives, à la haine et aux bévues du fisc et de l’URSSAF, aux incohérences des élus…

Située quelque part à la campagne dans le sud-ouest, l’entreprise est le principal employeur local avec les… agriculteurs. En ouvrant un bureau à Paris, Julien Leclercq se heurte au premier obstacle : la SNCF. Ce service public dont les trains arrivent rarement à l’heure, ce qui lui fait perdre des rendez-vous et des clients. Debout tous les jours à 5 heures, notre « salaud de patron » doit surtout trouver des clients. Et ce n’est pas vraiment dans sa région où il y a beaucoup plus de maisons d’hôtes que de sociétés… Il doit donc voyager beaucoup. Loin de sa famille qu’il entrevoit le dimanche, il aimerait se consacrer à 100% à la survie de son entreprise. Impossible. Un jour, c’est le service du tri des déchets de la communauté d’agglomération qui le harcèle. L’entreprise est obligée de trier les ordures. Mais pour cela il faut des bennes. Après plusieurs semaines, la communauté d’agglomération installe des bennes mais à des centaines de mètres du siège de l’entreprise !

Un autre jour c’est l’inspecteur du travail qui lui tombe dessus. Celui-ci n’aime pas les néons et demande à ce que les toilettes des femmes, séparées de celles des hommes, soient indiquées par un écriteau parfaitement visible sur les portes ! Les URSSAF s’acharnent aussi sur l’entreprise et lui réclament des dizaines de milliers d’euros. Notre chef d’entreprise perd des heures avec le comptable pour rassembler les preuves de la contestation. Finalement, les URSSAF reconnaissent leur faute et divisent le redressement par… 10.

Très drôle mais, ô combien significative, est la démarche entreprise pour obtenir des aides européennes afin de pouvoir déménager les bureaux. Après des semaines de démarches, notre patron est promené de service en service (département, mairie, région, etc.) où il essaye de rencontrer des fonctionnaires « débordés ». Finalement, il arrive à comprendre que c’est la communauté d’agglomérations qui est en charge des aides européennes. On le reçoit pour que, à la fin de l’entretien, on l’informe que ces aides sont réservées au secteur… agricole et à l’industrie. Édifiantes aussi les pages consacrées aux entretiens d’embauche. Quel décalage entre le secteur éducatif et celui des entreprises ! Des jeunes qui n’ont aucune envie de travailler, qui ne s’intéressent qu’aux vacances et aux primes… Aucune ambition, leur but étant sûrement de devenir fonctionnaires…

Chers politiques et autres fonctionnaires, lisez ce témoignage ! Vous apprendrez beaucoup plus qu’à l’ENA ce qu’il faudrait prendre comme mesures pour faciliter l’emploi en France !

— Julien Leclercq, Chronique d'un salaud de patron, Les Cavaliers de l'Orage, 2013, 170 pages.

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