La ruche est un huis clos familial. Quatre femmes dans la même maison : une mère Alice, et ses trois filles, Marion, Claire et Louise, qui ont respectivement 19, 17 et 16 ans. Alice est une femme mariée. Son mari la trompait et a quitté la maison. Il la battait, elle est devenue alcoolique, mais ils n’ont toujours pas divorcé. Elle souhaite mourir, tente de résister pour ses filles, jusqu’au jour, où même elles ne lui suffisent plus à vouloir continuer…
C’est un texte fort. Un roman d’une grande violence psychologique, où l’on entre dans l’intimité d’une famille déchirée. Les dialogues sont omniprésents. Ils sont construits de manière à ce que le texte reste un roman : pas de tirets, pas de guillemets. Il faut quelques pages pour se mettre dans le rythme et comprendre la mécanique, mais une fois cela assimilé, c’est parfaitement compréhensible, et cela donne une certaine force au texte. À quand l’adaptation théâtrale… ?
Extrait des pages 86 et 87 :
"Dix ans plus tôt ; c’est un mercredi comme les autres, et les filles n’ont pas école. Lorsqu’elles reviennent de la danse, vers cinq heures, elles n’ont pas besoin de sentir, elles savent déjà. Mais elles reniflent quand même dans l’entrée, bruyamment, Alice est dans la cuisine et elles disent : mais qu’est-ce que ça sent ? Alice sort de la cuisine. L’appartement embaume la fleur d’oranger. Et Alice dit : eh non ! Pas de crêpes aujourd’hui. Elles se ruent sur leur mère et l’enlacent, Alice rit, elles disent : si, si, ça sent les crêpes, maman ! Elles n’ont pas besoin de savoir, c’est un mercredi comme les autres. Alice les embrasse et elle filent dans les chambres enfiler leurs pyjamas. Et quand Alice crie : je suis dans le salon ! Personne ne veut de mes crêpes ? Elles sortent des chambres et traînent dans le couloir leurs couettes et leurs oreillers à la file Indienne. Dans le salon, Alice a allumé la télévision et ouvert le canapé-lit. La grande assiette où s’empilent les crêpes est posée dessus."
Site des éditions JC Lattès