Refusant d’acquitter la rançon de la gloir’,
Sur mon brin de laurier je m’endors comme un loir.
Ce samedi, je suis venu à la féria de Nîmes assister à un mano a mano entre El Juli et le jeune Manzanares. J’ai assisté à la plus belle corrida de ces 5 dernières années, avec un final grandiose. Manzanares a eu droit aux deux oreilles et la queue de son dernier taureau, et il est sorti par la grande porte des arènes, et non la porte principale. Un sacre rarissime… Cette apothéose contraste avec ma faible activité de blogueur l’an dernier, et ma problématique à nourrir ces billets depuis la rentrée.
A partir du moment où le Toréador devient dans la vie réelle un personnage semi-public et que ses propos officiels peuvent être relayés dans la presse ou sur internet, ce blog a pris involontairement une autre dimension. Il donne un peu l’impression que, par rapport à ce que je raconte à mes collègues ou à mes électeurs, il y aurait une part de secret voire de mystification. Bref, ce blog est à la politique ce qu’une maîtresse est à une femme fidèle.
Dans ces conditions, le blog Toréador fait soit doublon (lorsque je dis la même chose), soit hypocrite (si je tiens deux discours différents). Toute l’année dernière, j’ai donc essayé de séparer les sujets et les thèmes : un billet sur le sujet 1 pour mon blog officiel, un billet pour le sujet 2 sur Toréador. Mais évidemment, cela demande de jongler avec mes soirées, ma vie privée, le boulot, et les contraintes… Je ne suis pas satisfait(e) des billets que j’ai rédigés l’an dernier : trop peu de préparation, pas assez de style. Tout cela s’est fait au bénéfice de certains de mes billets « officiels », qui m’a valu d’attirer l’attention de certains journaux.
Le web a également beaucoup évolué depuis 2007 : la plupart de ceux qui faisaient la richesse et l’intérêt de la République des blogs ont disparu dans le cimetière numérique, emportés par le temps et la fatigue. Les blogs ont été dépassés par twitter, par facebook, et par tous les systèmes instantanés de propagation d’idées. Le blogueur est devenu un peu archéo, ou même rétro. Perdre sa famille de blogueurs, c’est un peu triste, car on sait qu’on ne les reverra jamais. J’en profite pour avoir une pensée émue pour les Kiwis (H16, Seb,…), Falcon hill, Nicolas, et ceux qui survivent comme Autheil ou Koz.
Toutes ces raisons m’ont convaincu, après un an d’essai, de suspendre (un terme euphémistique pour dire « arrêter ») ce blog, qui aura vécu du 30 septembre 2006 au 16 septembre 2013, soit quand même 7 années de bonheur. Evidemment, c’est triste d’abandonner, mais en même temps, il faut bien que tout s’arrête à un moment donné. Autant choisir l’heure et le jour pour ranger ses banderilles et prendre une retraite bien méritée. 1013 billets. 409 banderilles. 310 Paso doble. 204 olé. 30 estocades. 32 portraits. Cela fait un joli héritage littéraire.
Je sais que certain(e)s d’entre vous aimeraient me suivre, là où je suis. Si cela peut vous rassurer, je ne pense pas être très différent(e) du personnage que vous avez appris à connaître depuis 7 ans. J’ai une relation assez fusionnelle avec mes »troupes » politiques, et nous multiplions les évènements festifs et conviviaux. J‘essaye de faire mon travail honnêtement, noyé(e) dans la masse des ces 577 députés. Je tente de faire revivre le débat d’idées, avec une pincée d’humour et d’auto-dérision.Ils commentent mes actions sur facebook avec le même entrain et la même ouverture d’esprit qui a caractérisé nos débats.
En sept ans, je n’ai jamais modéré un commentaire (hormis les spams).
J’espère en tous les cas de tout coeur que savoir que votre blogueur préféré est parmi vos représentants du peuple vous rassure un peu sur l’avenir de notre démocratie. Ceux qui veulent vraiment de mes nouvelles sauront où me contacter et me retrouver.
Maintenant que le vin est tiré, il faut le boire. Comment finir ce blog ? J’ai réfléchi à plusieurs fins et j’ai choisi celle-ci :
La dernière corrida était belle. Juché(e) sur les épaules de mes derniers lecteurs, la montera dans ma main droite, je regarde cette grande porte qui vient de s’ouvrir de l’autre coté de l’arène : la sortie a hombros.
Hasta la vista public, je ne t’oublierai jamais.
Paris, le 16 septembre 2013
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