INTERNATIONAL > Syrie - François Hollande : "La France ne se dérobera pas" et pour cause…

Publié le 31 août 2013 par Fab @fabrice_gil
Pour justifier par avance les bombardements de Damas, la presse a lancé un pilonnage médiatique. Les rumeurs sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime Syrien sont devenues une vérité révélée.
En Grande-Bretagne, la presse britannique somme David Cameron de bien réfléchir avant de jouer au Tony Blair conservateur en fonçant tête baissée sur la Syrie. En Italie, tout le monde prend l’affaire des attaques chimiques avec des pincettes. En Allemagne, la prudence est de mise, au gouvernement comme dans les médias. Mais aux Etats-Unis, certains éditorialistes, à l’image de l’opinion américaine, sont très sceptiques sur le soudain virage de la Maison Blanche. Certains vont même jusqu’à regretter que Barak Obama se soit liés les mains en déclarant que l’usage des armes chimiques constituait " … une ligne rouge."  
En France, rien de tel. A de très rares exceptions, la presse et les éditocrates se sont rangés derrière la version officielle comme des soldats derrière leur lieutenant. Chacun, à sa manière, reprend un discours répété en boucle. La fameuse "ligne rouge" a été franchie avec l’utilisation d’armes chimiques par Bachar El-Assad. Il faut donc le "punir" - élément de langage conçu dans les agences de communication de la Maison Blanche et repris tel quel par François Hollande transformé en petit messager.Vous avez aimez : Les bébés assassinés dans leurs couveuses du Koweït par Saddam Hussein ?  ou Les fioles exhibées par Colin Powell à l’ONU comme preuves de l’existence des armes de destruction massive de l’Irak ? Vous adorerez l’utilisation d’armes chimiques. D’ailleurs, la confirmation de leur usage est imminente. Elle ne viendra pas de Damas où l’ONU a envoyé ses experts, mais de Washington, où la Maison Blanche a les siennes. Enquêter dans les rues de la capitale américaine, c’est quand même plus sûr que dans les quartiers de la capitale syrienne.
Que la Syrie possède des armes chimiques, c’est assuré. Qu’elle puisse les utiliser, c’est possible. Bachar El-Assad est capable de tout, surtout du pire. Son passé comme son présent sont là pour en témoigner. Mais pour l’heure, sur ce sujet explosif -au sens plein du terme-  nul ne sait rien.  Le régime peut avoir utilisé ces armes prohibées par le droit international. Mais une partie des rebelles peut en avoir fait autant. Un dépôt où étaient entreposées ces bombes toxiques peut aussi avoir été touché involontairement. Aucune de ces hypothèses n’est à exclure. Mais aucune preuve formelle n’a pu être apportée. Et, dans tous les cas, l’important est de se demander si une éventuelle intervention étrangère servirait ou non à servir la cause de la paix.  
Or, pour les va-t-en guerre de l’actuel cirque médiatique, la cause est entendue. BHL s’est aussitôt exhibé sur les écrans pour dire tout le bien qu’il pensait d’une opération inspirée de celle qui a permis de tuer Kadhafi mais aussi de livrer la Libye au chaos. Bernard Kouchner a expliqué qu’il aurait fallu lancer l’assaut depuis longtemps.Comme l’a écrit Nathalie Nougayrède dans un éditorial du Monde digne de passer à la postérité : "Le crime de trop appelle une riposte". Passons sur le "crime de trop", comme si 100.000 morts depuis mars 2011, ce n’était pas assez.  Selon la directrice du Monde, l’emploi d’armes chimiques "ne fait guère de doute". C’est donc qu’il y a doute ! Mais tout le reste du propos consiste à expliquer qu’il n’y en a pas, qu’un tabou a été levé, que  le crime chimique change la donne et qu’il faut agir au plus vite puisque de toute façon "le régime syrien s’est employé à détruire, depuis le 21 août, les éléments de preuve".
En quelques lignes, on est passé du doute à la certitude, du conditionnel au présent. En fonction de quoi ? Des seuls éléments fournis par la faction intégriste des "rebelles" syriens contre qui l’Occident a mené la guerre en Afghanistan ou au Mali, en expliquant qu’elle représentait le Mal absolu ? Et aujourd’hui, par la grâce de Jésus et de Mahomet réunis, ils deviennent soudain fiables, crédibles,  honnêtes ? Comprenne qui pourra. En vérité, les adeptes de l’intervention humanitaire sont retombées dans le schéma binaire qu’ils adorent par-dessus tout : les Bons contre les Méchants, le Bien contre le Mal. Si l’on est contre Bachar El-Assad (et il n’y a aucune raison d’être pour) il faut soutenir ceux qui le combattent, même s’il y a parmi eux de futurs El-Assad en puissance. Toute approche circonstanciée est à bannir. Toute interrogation sur les conséquences d’un engrenage incontrôlable dans la région est hors de propos. Il faut in-ter-ve-nir, comme si la seule forme d’action possible était le bombardement, avec son lot de morts civils.On a pourtant entendu des voix fort diverses mettre en garde contre les dangers de l’intervention, de Jean-Luc Mélenchon au Pape François en passant par François Bayrou, Pierre Lellouche, François Longuet, Pierre Laurent, ou l’évêque catholique d’Alep. Des analystes ont resitué le conflit dans son contexte régional et son héritage historique, rappelant qu’en Syrie, la France et la Grande-Bretagne, les deux anciennes puissances coloniales, pouvaient vite susciter un phénomène de rejet.
Dernièrement, l’ancien conseiller de Jimmy Carter, a relevé non sans raison que l’occident mobilisait son armada au moment même où Damas semblait prendre le dessus face à ses adversaires. Enfin, l’opposition laïque à Bachar El-Assad a rappelé qu’elle s’opposait fermement à toute intervention étrangère.
Dans les médias, ces commentaires et ces réactions ont été balayés comme poussière après l’explosion de la bombe. Ne reste que la voix des adeptes de la guerre rajoutée à la guerre. "La France ne se dérobera pas" a déclaré François Hollande. Les liens maçonniques qui unissent les Américains et les Français, avérés depuis bien longtemps déjà, prouve que ce n’est plus le peuple français (ou même ses dirigeants) qui décide de la marche de notre pays, mais bel et bien (entre autres) Washington…F.G. (Sources / Marianne.net)