Jusqu'à présent, je savais faire. Être créatif, mettre des chiffres dans des tableaux, réfléchir, recommencer jusqu'à trouver une solution satisfaisante, c'est un travail qu'on peut faire tout seul.

Premiers contacts, premières leçons
Au départ, voici l'état de mes idées (ou préjugés) sur la recherche d'investissement d'un projet comme le mien :- Les banquiers, pas la peine. Ils financent des choses qu'ils pourront récupérer si vous échouez, comme de l'immobilier, des véhicules, un outil de production. Le projet Deucalion, c'est surtout de l'immatériel : un site internet, des connaissances techniques mises (gratuitement) en ligne, aucun brevet possible. Rien à récupérer sur une éventuelle dépouille entrepreneuriale. Je n'ai donc pas cherché à les contacter.
- Les services publics concernés par l'innovation : il faut sans doute que je passe par eux, surtout pour renforcer ma crédibilité auprès d'investisseurs. Mais je doute qu'une quelconque subvention puisse m'être attribuée.
- Les investisseurs privés : vu la taille de mon besoin financier, je dois viser les business angels. Pour moi, ce sont des gens ayant réussi un projet entrepreneurial dans le passé et qui veulent aider d'autres personnes à lancer leur projet, à la fois en apportant de l'argent et leur expérience.
J'ai donc contacté certains services publics. D'abord, l'agence régionale de l'innovation (Alsace Innovation).

Au moins, quelques remarques me sont faites. En particulier, qu'il faudrait que je consacre un budget communication bien plus important que ce que j'ai envisagé. Combien ? Pas vraiment de chiffres, mais ça doit flirter avec le million d'euros. Je trouve ça excessif, mais bon.
On me suggère de m'adresser à deux organismes : un groupe de business angels, Alsace Business Angels, et un pôle de compétitivité, Rhénatic, qui organise une sorte d'événement pour lever des fonds, le Financial IT Day.

Par ailleurs, je prends des renseignements sur l'événement co-organisé par Rhénatic, le fameux FITD. Il s'agit d'une réunion d'investisseurs auxquels des porteurs de projets font un pitch de leur projet pour en séduire quelques-uns. Un pitch ? C'est une présentation courte (quelques minutes) qui doit donner envie de vous financer.
Bon. J'apprends qu'en fait cet événement est organisé par le cabinet Deloitte, une grosse entreprise qui fait de l'audit et du conseil financier. Qu'ils proposent aux entreprises sélectionnées pour l'événement. Et que pour vous accompagner, ils vous prennent 5000 €. Avec aucune garantie de lever des fonds. Et un taux de succès de l'ordre de 10 à 15%. Ça fait cher du ticket de loto.

Quelques semaines plus tard, je suis convoqué par le jury de sélection. J'ai un fabuleux jury en face de moi : une représentante d'une banque, une représentante de Deloitte, une représentante de Rhénatic, et une représentante d'un incubateur local. En gros, je suis sûr que les deux premières n'y comprendrons rien, et il se trouve que j'ai déjà rencontré la dernière et que l'on n'est pas sur la même longueur d'onde. Je fais ma présentation (un peu trop long), j'ai droit à plusieurs questions qui me font effectivement penser que plusieurs personnes n'ont pas compris ce que je proposais. Pas bon.
Quelques jours plus tard, la sanction : mon projet n'est pas retenu. On me recommande simplement de trouver un associé et de développer mon activité actuelle en attendant que mon projet soit assez mûr.
Je demande pourquoi. J'ai un entretien téléphonique avec la responsable de Rhénatic, qui m'expose quelques raisons. Encore l'histoire du budget communication. Mais je m'aperçois que même elle n'a rien compris à mon business model.

Pour finir sur les pouvoirs publics, à la suggestion de mon contact d'Alsace Innovation, j'ai pu rencontrer un responsable "industrie" de la CCI régionale. Je suis venu lui parler de mon projet, mais il s'est focalisé sur mon activité actuelle qu'il trouve formidable, et il pense qu'il faudrait promouvoir cette activité. Merci, mais ça fait 3 ans que je leur en parle, à la CCI, et qu'ils me disent la même chose. Dans 3 ans, peut-être qu'ils trouveront le projet Deucalion formidable.
En quête de conseils
Je laisse donc tomber les services publics. Je fais un peu jouer mon réseau, je fouille dans mon carnet d'adresses qui pourrait m'aider. Y compris des gens que j'ai contacté par Viadeo ou LinkedIn sans vraiment savoir pourquoi, au cas où.Pour l'instant, c'est manifestement ce qui m'a été le plus utile, en termes de retour d'information. J'ai pu rencontrer quelques personnes vraiment très intéressantes, des types passionnants. Comme quoi, les prises de contact à l'intuition ne sont pas si inutiles que ça. Peut-être même que certains m'accompagneront dans mon projet d'une manière ou d'une autre.
Et surtout, je commence à avoir des idées sur la manière dont il faut que j'aborde les investisseurs.

C'est marrant, mais personne ne me l'avait dit avant. Ni le fabuleux jury du FITD (enfin si, mais c'est pour développer mon activité actuelle, pas mon projet), ni Alsace Innovation, ni les business angels d'ABA.
Autre point qui semble important : les investisseurs d'aujourd'hui ne mettent plus un centime sur un concept. Ils veulent voir du concret. Un début de preuve. Un site qui marche, ou au moins une maquette. Bref, avant qu'ils investissent, il faut déjà avoir su se passer d'investisseurs pendant un moment, s'être saigné les veines tout seul.
Voilà où j'en suis actuellement. Pour le premier point, trouver un associé, j'ai mis ça en priorité n°1. Mais comme me l'a dit une de ces personnes rencontrées récemment, un associé, c'est avant tout un membre de l'équipe pressentie qui promet d'investir et qui va prendre de son temps pour défendre le projet, pas un gars qui investit effectivement tout de suite. C'est effectivement plus facile, vu comme ça. Si vous êtes intéressé, contactez-moi. Et relayez ma requête. Merci d'avance !

Toujours est-il que j'ai besoin de vos conseils.
La suite au prochain épisode !