Alors que je relisais tous les articles de ce blog, je remarquai que parmi toutes les recettes que j’avais pu écrire, seule une contenait de la viande. À chaque fois que je me colle aux fourneaux en me disant « tiens, ça je vais en faire un post », ça tombe toujours sur un plat végétarien. Ça m’a interpellée, et j’y ai pas mal réfléchi.
Je ne suis pas végétarienne. Et à l’heure qu’il est, je ne compte pas nécessairement le devenir. Mais la question des produits animaux me touche particulièrement. Je crois qu’il est temps de faire mon coming out. Je suis flexitariste. Flexitariste ? Mais qu’est ce que c’est que cette bête là ? Pour faire simple, c’est être être flexible avec sa pratique du végétarisme. Ou, dans mon cas, limiter sa consommation de viande et de poisson. Et ce pour plein de raisons :
La pragmatique
La viande et le poisson, j’aime ça. Mais ça coûte un œil. Chacune de mes incartades chez le boucher ou chez le poissonnier me met sur la paille. Du coup, contrainte par mon budget, je réserve le tartare de daurade ou le ragù pour les grandes occasions. C’est un petit luxe, une récompense que je m’offre quand j’estime le mériter.
La qualitative
Je suis ce qu’on appelle une épicurienne. Rien ne me rend plus heureuse que de me mettre à table pour partager un bon gueuleton. Je ne mange jamais pour me nourrir. Je mange parce que j’aime ça, et que c’est peut être l’une des choses que j’aime le plus. Mon estomac est directement lié à mon cœur. Je refuse donc (autant que faire se peut) de le remplir avec n’importe quoi. Je veux savoir ce que je mange. D’ou ça vient, et comment c’est arrivé jusqu’à mon assiette. Pour ces raisons, j’ai progressivement arrêté de consommer des produits transformés. Quand on s’arrête deux secondes sur la liste des ingrédients des produits qui ornent les rayons des supermarchés, on a très vite envie d’arrêter d’en manger. Exit donc le jambon et les lardons bourrés d’additifs avec un goût de carton gras même pas économiques. Et pour les cas d’urgence (oui, ça m’arrive), j’essaie de me tourner vers le moins pire du rayon frais, armée de mon smartphone, et de cette petite application fort utile pour assainir son placard : shopwise.
La décroissante
Je vis et suis née dans une région ou l’agriculture est l’une des premières ressources économiques. Plutôt fruits et légumes, certes, mais dans le fond, les problématiques sont les mêmes. Les paysans qui déversent le contenu de leurs camions devant telle ou telle institution parce qu’ils se sentent étranglés par les supermarchés, je connais bien, et ça me touche.
De la même manière qu’il ne me viendrait pas à l’idée d’acheter un kilo de tomates d’Espagne ou du Maroc, je trouve aberrante l’idée d’acheter un steak Charal ou un pot de rillettes Bordeaux Chesnel. La viande de batterie est symptomatique de cette société de sales gosses capricieux, qui veulent tout, tout de suite, et peu importent les conséquences, qui trouve aujourd’hui ses limites. Passer par un autre circuit, contrairement aux apparences, ne coûte pas forcément plus cher. Et on y gagne en service. Le petit boucher du quartier peut préparer la pièce, nous donner quelques conseils de cuisine, et surtout nous dire d’où vient sa viande. Du coup c’est simple : je préfère ne manger qu’un steak par an, si c’est un vrai bon steak, produit dans des conditions idéales, même s’il est plus cher et bien plus rare, que de manger trente steaks médiocres pour ne pas dire carrément dégueulasses.
La healthy
Nous avons besoin de protéines. C’est un fait. Mais un fait qui a été pris un peu trop au pied de la lettre. On part depuis bien trop longtemps du principe qu’il n’y en a que dans la viande. Ce qui est évidemment faux.
Depuis la seconde guerre mondiale, la consommation de viande et de produits laitiers est montée en flèche dans le monde. Qui n’a jamais entendu dire « finis ton yaourt, c’est plein de calcium, c’est bon pour la santé » ? Et bien c’est faux, si on est un tant soit peu logique. Le lait est à l’origine un aliment destiné aux bébés mammifères, que l’on soit une chèvre ou un humain. Dès que le système digestif est mature, plus besoin de lait. D’ailleurs, dans la nature, quel mammifère consomme du lait, à part nous ?
Quant à la viande, c’est simple, on en mange trop. Beaucoup trop. Et bonjour les conséquences : cancers, prise de poids, problèmes cardio-vasculaires, j’en passe et des meilleures. Et on continue de nous répéter que pour être en bonne santé, il faut manger de la viande. Manger de la viande n’est pas foncièrement mauvais pour la santé. A condition toutefois de manger de la bonne viande (la moins grasse possible, non piquée aux antibiotiques et autres saloperies, et provenant d’animaux élevés et abattus dans des conditions éthiques et sanitaires les meilleures possibles), et d’en manger avec modération. Une fois par semaine, c’est très largement suffisant.
L’écolo
J’ai lu Jonathan Safran Foer . Si je n’ai pas cessé de manger des produits animaux, aujourd’hui, quand je le fais, je m’interroge sur les conséquences de mon geste sur l’environnement. Il y a bien sûr l’élevage intensif, mais aussi tous les à côtés : les cultures de soja et de mais, souvent OGM, les petits paysans expropriés, les forêts décimées, les émissions de gaz à effet de serre et autres joyeusetés. Je pense aux conditions de vie et de mort de l’animal qui se retrouve aujourd’hui dans mon assiette. Le but n’étant pas de culpabiliser, mais d’avoir pleine conscience de ce que je mange.
Aujourd’hui, pour toutes ces raisons, je mange très peu de viande, et encore moins de poisson, bien que j’adore ça. Mais quand je le fais, j’essaye d’être le plus responsable possible. J’ai tout à y gagner : je fais des économies, je préserve ma santé, et en étant aussi sélective, je suis sûre de ne manger que des super bons produits.
Envie d’en savoir plus sur la viande et sa consommation ? Ce thema est très instructif :