King Khan & The Shrines - Idle No More
Ce soir c’est dimanche, il fait nuit à 21h00, la température a baissé de dix degrés et demain c’est lundi. Etrange moment où l’on hésite entre retenir les derniers parfums du week-end et se résigner à la préparation matinale du lendemain. Flottement, heures indécises. Et puis l’on s ‘écroule si l’on peut dans le canapé encombré de la semaine, pour écouter un peu de musique. En préparant sa journée du lendemain. Ou simplement en s’octroyant un sursis. Ne pas être une fonction. Ne pas répondre. Ne pas écrire ce mail si important. Laisser les enfants s’entretuer dans la chambre encore un quart d’heure. Faire le vide le temps d’un simple morceau qui n’excédera pas cinq minutes. Thérapie. Faudra que le titre fasse pansement.
C’est d’ailleurs étrange combien vouloir écouter ou partager une chanson en mode mineur, qui parle d’amour, de frustration, qui expose juste une vision du monde mélancolique, vous fait passer pour un dépressif (qui s’ignore), une fleur bleue naïve, un être sensible. Et pourtant… Quand la pluie tombe d’un ciel aussi sombre qu’un noir de Goya, quand le temps semble se dilater parce qu’il est 18h55 depuis vingt minutes, je ne vois rien de plus réconfortant que d’écouter la complainte passée ou actuelle d’un fragment d’expérience. Pas le colt sur la tempe, non. Le demi-sourire aux lèvres, comme si la mélodie et le texte vous entraînaient dans ce vicieux compromis entre douleur, masochisme et plaisir d’avoir vécu, de se souvenir.
Je ne parle pas de Glenn Medeiros ou de Céline Dion (mais en fait pourquoi pas…) Je parle des architectes de la nostalgie, de l’extase volée à dix minutes de vaisselle et vingt de repassage. Ceux qui peuvent arrêter votre terre de tourner cinq minutes sur un seul morceau. Johnny Cash, Reggiani, Eels, Biolay, Nina Simone, Radiohead, Bashung, Nick Cave, Boogaerts, Sigur Ros, Dominique A ou Micah. P. Hinson… A chacun son doudou.
Et ce soir, le nouveau membre du club s’appelle King Khan & The Shrines. Merveilleux album que ce Idle no more. Mais surtout magnifique nouveau pochoir d’émotions que ce Darkness, tout droit sorti d’un cabaret enfumé où trainent les âmes en peine désireux d’oublier qu’aujourd’hui c’est dimanche.
Darkness :