Magazine Maladies

Faire du begaiement une force : un retour d'experience inspirant et motivant !

Publié le 15 septembre 2013 par Jebegaie
Photo Je reçois chaque mois des dizaines de messages, questions, emails, lettres d'amour, petites culottes, et autres témoignages de personnes qui bégaient ou qui sont concernées par le bégaiement (orthophonistes, parents d'enfants qui bégaient, etc), et c'est toujours avec grand plaisir que je les lis et que j'y réponds (parfois avec du retard, il est vrai...)
D'ailleurs, si vous avez une histoire ou un témoignage et que vous souhaitez voir publié sur le blog, vous pouvez me l'envoyer à l'adresse suivante : berenger(at)jebegaie.com (pour le petites culottes, j'ai une boîte postale...)
Aujourd'hui, j'aimerai partager avec vous (et avec son accord, of course) le témoignage que Ibrahim m'a fait parvenir via Facebook. (Pour info, vous pouvez me retrouver sur ma page Facebook ou bien me suivre sur Twitter).
Ibrahim vient du Niger, et m'a raconté son parcours et son histoire, dans laquelle le bégaiement tient une place importante, mais pas forcément celle que l'on pourrait croire. C'est un témoignage inspirant, gratifiant, motivant qu'il nous livre, et qui je l'espère vous apportera matière à réflexion.  (cliquez sur Read More pour lire la suite...)
Voici donc le témoignage d'Ibrahim
Bonjour à vous. 
Merci pour à vous pour les efforts que vous entreprenez enfin d'aider les personnes souffrant de bégaiement à mieux vivre avec leurs ''-----''.  Je suis un haut cadre dans une entreprise multinationale et excellent orateur quand bien même je bégaie.
A l'école primaire, je ne pouvais jamais réciter mes leçons et d'ailleurs je me contentais de ne pas prononcer un seul mot et de pleurer devant la classe. Par la suite, l’enseignant me facilitait la tache, me posait alors des questions, auquel j'arrivais à répondre.
A la fin du cycle, j’étais le troisième du centre, à l'examen qui sanctionne la période. Au collège, j'ai commencé à prendre mon handicap au sérieux car je n’acceptais plus d'être celui qui se tait alors que je suis le seul à avoir la bonne réponse dans la classe. Alors je m'imposais au public en portant moins de considération aux moqueries de mon entourage et cela m'a bien aidé. Au lycée, j’étais un élève presque brillant et faisais partie des leaders.
J'avais confiance en moi jusqu'au jour ou je piquais une crise devant une assemblée des étudiants de première année universitaire (j'étais moi-même en deuxième année, et délégué de ma classe) : 
J’étais le meilleur étudiant en marketing de ma classe et mon prof voulait que je fasse un exposé sur ce thème. Mon stage de l'époque me prenait alors beaucoup de temps.
Le fait qu'il me faisait confiance et que je ne devais pas le décevoir était ma plus grande préoccupation. En plus que dans l'assemblée concernée s'y trouvait ma bien aimée qui est mon actuelle épouse. Je n'avais pas bien préparé le thème et du coup, j'avais trop de pression. Catastrophe : Pas un seul mot. Un étudiant dans l'assemblée dit à haut voix : ''avec tout le bruit qu'il fait d'habitude? '', et les autres se sont mis à rire.
Je rentrai chez mes parents avec la plus grande déception et disais à ma mère que je ne pouvais plus de vivre cette situation. Mon père qui surprit la discussion me répond : ''et moi alors?''.
En fait, chez moi, c'est presque un héritage. La plupart de mes frères et sœurs ont le même problème. Mes parents m'ont expliqué que mon père avait l'habitude de perdre des postes de très hautes responsabilités dont il était le candidat final parce que la dernière impression n'était pas bonne et était due à son bégaiement.
Alors j'ai compris que je devais me battre et que ca ne devait pas m’empêcher de réussir aussi ma vie car mon père malgré tout a aussi réussi à bien s'assoir dans le milieu professionnel. Je finis alors ma deuxième année de BTS en étant le premier du centre national. Je me rappelle avoir vu le même jour l'étudiant qui ironisait de mon sort et je lui ai dit : '' tu vois de quoi je suis capable maintenant?''. 
Je poursuivis mes études dans un autre pays, je ne connaissais personne. L'école de commerce que j'avais fréquenté était hors de mes habitudes scolaires. Oui, j'en étais impressionné. Je n'étais plus sûr de pouvoir réussir dans ce nouveau milieu. Tous les étudiants étaient bien propres (costumes, cravates etc...), et paraissaient tout aussi intelligent sinon un peu plus que moi. 
Alors, ça reprenait, et je bégayais très sérieusement ; à la différence des autres fois, je ne me laissais pas faire. C'était difficile car je ne connaissais pas encore les techniques de contournement comme le STOP 'N'GO. Le but était de passer le message. J'ai forcé et j'ai réussi.
J'étais devenu le vice président de la junior entreprise de mon école et j'avais en charge la gestion des affaires académiques. J'entretenais des relations avec l'administration de l'école et les entreprises pour le placement des étudiants. C'était parfait et je finis la première année de mon master étant le deuxième ex-æquo de ma promotion et premier de ma filière.
Je m'en suis tiré avec 18/20, mention très bien à ma soutenance. Je rentrais avec fierté au pays. J'ai eu mon premier véritable poste environ 1 an après. J'ai du me battre et un moment, je pensais même que j'ai pu m'en débarrasser. En 5ans, j'ai eu environs 5 promotions jusqu'à la ou je suis actuellement.
Il n'y a pas longtemps, mon prof de ma deuxième année scolaire, devenu le patron d'une grande entreprise, a voulu me recruter pour que je m'occupe de son pôle de formation. Offre que je finis par décliner et car j’avais à poursuivre d'autres ambitions avant de me pencher sur ce domaine d'activité.
Il m'a confié que j'avais le meilleur profil suite aux entretiens et que la porte de son entreprise me restera toujours ouverte si jamais l'envie me venait de vouloir travailler avec lui.
Tout se passait bien dans ma vie. Tout le monde dans mon entourage me faisait confiance, et tout à coup, à une réunion en conférence call (téléphonique) avec les autres collègues de même grade que moi et nos plus grands patrons, je perds les mots. C'était tellement difficile et je n'avais rien compris. J'en suis arrivé jusqu'à ne plus pouvoir dire un mot. C'est bizarre n'est ce pas ?
Et là j'ai compris qu'en réalité, on ne s'en débarrasse jamais, et surtout cela m’a permis de réfléchir à moi même pour identifier les situations dans lesquelles je pouvais perdre le contrôle de mes allocutions et surtout quel impact cela peut-il avoir dans ma vie.
J'ai commencé à regarder vos vidéos et d'autres sur Youtube et là j'ai eu les réponses à mes questions. Ma force se trouvait dans mon bégaiement car toutes les fois où j'en reste bloqué, ça devenait une source de motivation tellement puissante que je pouvais surmonter n'importe quel obstacle. J'arrivais à tellement et facilement me surmonter. Grâce à ce soit disant handicap, j'ai réussi à développer un sens très pointue de l'adaptation.
Mon point faible : je suis quelqu'un qui veut avoir le contrôle absolu dans tout ce que je fais et mieux, je m’investis sans réserve et je reste très porté sur le succès et la réussite ; du coup, quand je perds une partie de mon contrôle, ça se compense par mon bégaiement.
C'est exactement là que se trouve mon nouveau défi à relever et comme je le disais le bégaiement a toujours été mon premier levier de motivation et de succès.
Je compte bien me reprendre et me battre. Le but n'étant pas de m'en débarrasser ; non, loin de là, je n'oserai même pas mais plutôt de faire de lui mon meilleur allié de telle manière qu'il ne puisse plus m’empêcher réussir ce que j'entreprends.
J'espère lire de vos nouvelles bientôt et je serai prêt à aider les gens comme nous à mieux réussir leurs vies et à se surpasser. Je vous remercie très sincèrement pour tout ce que vous faites pour nos communautés et à tous je vous souhaite un excellent bégaiement.
Quand je reçois des témoignages comme celui-ci, je me sens vraiment fier et heureux de tenir ce blog et de partager tout cela avec vous !  
J'aime lire ou écouter les personnes qui ont réussi à surmonter le bégaiement, car c'est en partie grâce à cela que mon bégaiement ne me pourri plus la vie aujourd'hui, grâce à l'inspiration que je tiré du partage d'expérience avec des personnes telles qu'Ibrahim, et bien d'autres.
Comment avez-vous trouvé le témoignage d'Ibrahim ? Vous a-t'il inspiré ? Avez vous des choses à lui demander ? N'hésitez à réagir en laissant un commentaire en dessous ! A très vite et bon bégaiement à tous !  Abonnez-vous à la newsletter et recevez gratuitement ce livret PDF

Photo

Faire du begaiement une force : un retour d'experience inspirant et motivant ! Ou suivez le flux RSS


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jebegaie 693 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte