Cette semaine le tailgate prend la route du Texas alors que
je vous raconte ma visite à Jerry World de dimanche dernier.
L’avion venait à peine de se poser sur le tarmac de l’aéroport
Dallas-Fort Worth que l’air « d’Alleluia! » résonnait déjà dans la carlingue.
Étais-ce pour souligner mon arrivée dans le Bible Belt ou parce que le pilote
était soulagé d’avoir réussi son atterrissage, je ne le saurai jamais! Puis, à
peine débarqué dans l’aéroport, la première personne que je vis fut un Cowboy
attriqué comme dans les films : bottes, chapeau, chemise carottée, tout le
kit! Welcome to the south y’all!
Le reste du week-end permettra toutefois de dissiper
quelques préjugés. Non, il n’y a pas d’exécutions publiques comme au temps du
Far West à Dallas. En fait je n’ai vu personne avec un gun, hormis la police
bien sûr. De plus, bien qu’il y ait plus de camions que dans nos contrées, la
voiture, y compris les modèles hybrides et électriques, demeure majoritaire et
le système de transport en commun est très fonctionnel, du moins pour l’usage
que j’ai eu à en faire. Finalement, si les églises pullulent dans le coin, la
religion y est confinée et elle n’est pas envahissante dans l’espace public.
Bref, je n’essaierai pas de vous dire que vous pourriez confondre Big D et le
Plateau Mont-Royal, mais nous sommes loin du portrait alarmiste des sudistes
typiques tracé par nos médias.
Cependant, ceux qui s’inquiètent de l’étalement urbain ne
seront pas heureux à Dallas. La région métropolitaine s’étend à perte de vue,
mais le centre-ville est complètement déserté durant le week-end. Que certains
restaurants destinés aux lunchs d’affaires soient fermés le week-end passe
toujours, mais quand les McDonald’s et
les Subway ferment les samedis et dimanches, ça donne une idée. C’est quand
même spécial d’être entouré de tours modernes de 70 étages, mais de ne croiser
aucune âme qui vive. Ce n’est pas rien,
je traversais les boulevards à 4 voies de cette mégalopole de 6 000 000
d’habitants avec plus d’insouciance que les Mean Streets of Grand’Mère dans ma
jeunesse!!!
Le but de ma visite n’était toutefois pas de faire une étude
sociologique, mais bien d’aller voir du football dans le palace démesuré de
Jerry Jones. Dans ce cas-ci, l’adage voulant que tout soit plus gros au Texas s’applique.
Quel stade incroyable!!
Jerry World
Sachez d’abord que la modestie n’étouffe pas le proprio des
Cowboys. Lors de la vidéo d’introduction nous souhaitant la bienvenue dans son domaine,
les images de son joujou sont juxtaposées avec celles du Parthénon d’Athènes,
du Colisée de Rome et de la Sagrada Familia de Barcelone! Juste ça! Cependant,
tout mégalomane qu’il est, Jerry Jones livre la marchandise. Son stade est le
paradis de l’amateur de foot.
Dès le samedi, la veille de l’affrontement, une journée
porte ouverte donne accès au complexe. Pour l’occasion, les proprios d’America’s
Team ne lésinent sur aucun détail. On nous donne non seulement l’accès au
vestiaire, mais on rajoute aussi une réplique des épaulettes de DeMarcus Ware
pour prendre des photos en ayant l’air méchant! Après avoir croisé la salle
servant aux conférences de presse du coach (deux fois plus grosse que la salle
de presse de la Maison Blanche!), nous pénétrons sur le terrain. L’accès à la
surface de jeu est total. Si vous voulez faire un 40-yard dash sur le vrai
terrain des Cowboys, vous le pouvez. Vous désirez tenter un placement, vous
faire photographier sur l’étoile au centre du terrain ou avec les 5 trophées du
Super Bowl de la concession, lancer une passe de touché, faire votre danse d’après
touché dans la zone de buts, vous asseoir sur le banc des joueurs, arpenter les
lignes de côtés, tout cela est inclus dans le billet d’entrée. Alors que d’autres protègent jalousement l’accès
à leur aire de jeu, à Dallas, on vous laisse libre de l’utiliser comme bon vous
semble! Inutile de dire qu’il est facile de réaliser des rêves d’enfance en foulant
la surface sur laquelle les pros s’exécuteront le lendemain.
Le jour du match, Jerry continue d’en offrir plus. Avec un
mercure oscillant autour des 40 degrés Celcius, l’idée de festoyer sur un
parking asphalté qui rajoute quelques degrés supplémentaires au thermomètre
brûlant n’est pas si attrayante. Justement, l’équipe y a pensé. Sur les
terrains gazonnés adjacents au stade, l’organisation offre de suivre les matchs
de 16h (notre match était le SNF) sur écran géant, de boire une bière à l’ombre
ou d’occuper les enfants dans d’innombrables jeux gonflables. Dans le stade
climatisé, les entrées sur les grandes esplanades derrière les zones de buts
sont animées à souhait. Ces esplanades comprennent des fontaines, des voitures,
des gros lazy-boy pour relaxer en plus d’innombrables concessions. Tout est
pensé pour le divertissement. Il y a des tables disposées pour manger et des
bars bien délimités sur les gigantesques « concourses », sans compter
des bands de musique qui performent live, y compris dans le « pit »
où mon billet est situé. Un show gratuit, juste pour nous mettre dans l’ambiance.
En fait, le tailgate se passe autant dans le stade qu’à l’extérieur. Les Cowboys veulent votre argent, mais ils
sont généreux en retour. Quant aux concessions, le choix y est très varié tant
en bons breuvages qu’en aliments et comprend entre autres de la succulente
viande cuite au BBQ à la manière texane. Pas recommandé par votre médecin, mais
menoum en estie!!!
Bien sûr, personne ne peut aller au Cowboys Stadium, sans parler
de l’immense écran géant. 60 verges de haute définition, un pur bonheur. Malgré
l’immensité de la chose, elle se marie bien au design et elle constitue
évidemment l’attraction #1 de l’endroit. Du haut de mon perchoir, je dois
avouer que j’ai aussi souvent suivi l’action de la rencontre sur la grosse tivi
que directement sur le terrain beaucoup plus bas.
Je ne reviendrai pas sur le match, vous l’avez vu comme moi.
Les 2 entraîneurs seraient surement en désaccord, mais comme amateur, cette
comédie d’erreurs fut très divertissante à regarder et le suspense a duré jusqu’à
la fin. Malgré un cynisme évident envers leur quart-arrière, exprimé plus dans
des commentaires discrets que des coups de gueules bruyants, les partisans
encouragent à fond leur équipe. Au final, un fort soulagement a accueilli la
victoire des locaux et la frénésie à la sortie rappelait que le résultat final
importe plus que la manière, surtout contre un rival de section.
Un arrêt à l’université
Ma devise en ce qui a trait au football collégial peut se
résumer ainsi : plus c’est trou, plus c’est l’fun!! En se basant sur cette
prémisse, j’allais être gâté le samedi soir, car l’Oklahoma, c’est très très
trou!!!
Norman, Oklahoma est situé à moins de 3 heures de Dallas,
donc après la visite du stade des Cowboys le samedi matin, nous nous sommes
dirigés au pays des Sooners pour voir le match opposant West Virginia et l’Oklahoma.
Encore là, les opinions préconçues sur les Rednecks sudistes
en ont pris pour leur rhume. Je n’ai jamais vu un public aussi civilisé, tout événement
sportif confondu. Dès le tailgate, le très beau campus de l’université de l’Oklohoma
n’est pas trop souillé par une gang de saoulons qui jettent leurs cochonneries
par terre et qui saccagent tout sur leur passage. Les gens ne lésinent pas sur
le houblon, mais ils gardent les lieux propres. Durant le match, les insultes
balancées à l’arbitre à grands renforts de cris sont inexistantes et l’adversaire
est même applaudi poliment lors de son entrée sur le terrain et lorsqu’il se
relève après une blessure (même quand ça semble évident que c’est du fake). C’est
vrai que West Virginia n’est pas un rival épique comme les Longhorns du Texas
par exemple, mais le comportement de la foule est digne de mention.
Si vous croyez que ce que je viens de vous dire équivaut à
une ambiance plate, détrompez-vous vite. En fait, les bancs sont inutiles au
Gaylord Family Memorial Stadium, puisque les spectateurs passent tout le match
debout. On peut s’asseoir entre les jeux, mais dès qu’un snap se prépare, la
foule se lève. Inutile de dire que les décibels augmentent rapidement lorsque l’offensive
adverse a le ballon.
De plus, notre match était disputé en soirée et diffusé à la
télévision nationale (Fox). Pour l’occasion, chaque section devait alterner
entre le rouge et le blanc, dans le cadre du projet « Stripe the Stadium ».
Comme vous le voyez sur la photo ci-haut, ce fut une réussite sur le plan visuel.
Le match ne fut pas un classique, mais l’équipe locale a gagné et l’ambiance
fut excellente, aidée par tous les artifices habituels du collégial.
Au final, ce fut un voyage formidable au pays des passionnés
du ballon ovale. Ceux qui le désirent peuvent regarder quelques vidéos filmés
sur mon téléphone intelligent plus bas. Je vous souhaite à tous de vivre vos
propres trips de football, mais en attendant, bon dimanche à vos téléviseurs.
Comme d’habitude, venez consulter nos résumés au cours de la journée.
Le band réchauffe l'ambiance avant le match en Oklahoma
Les Sooners embarquent sur le terrain
A chaque botté d'envoi. OOOOOOOOOOO - U!! Avec un coup de canon en prime
Here comes the Cowboys!!!
Kick off au début du match à Dallas
3e jeu : "Faites du bruit" avec l'aide du jumbotron!