Partie de dära Photo E. Bernus.
Jeux chez les Touareg
Source : Encyclopédie berbère
Jouets
Les jouets construits par les enfants son très nombreux : poupées fabriquées avec des chiffons, animaux domestiques façonnés dans l’argile ou chameau fait d’une crotte de chameau et d’épines d’aboraγ (Balanites aegyptiaca) . On observe également de construction de modèles-réduits de tente avec, sous le vélum, le lit et la natte-paravent (asabar) . La liste est bien sûr incomplète.
Les jeux sont le miroir d’une société. Leur inscription dans le sable, la nature des pions sont le témoignage du milieu aride et des matériaux disponibles (crottes de chameaux, bâtonnets, cailloux). La référence constante aux animaux domestiques, à l’eau, au puits, à l’abreuvement montre l’intérêt manifesté par une société pastorale aux troupeaux dont dépend son existence. Enfin, la richesse des jeux d’esprit, joutes oratoires entre jeunes gens, dont nous avons donné qu’un exemple, révèle les Kel awal, les « Gens de la parole » que sont les Touaregs.
A quoi jouent les enfants Touareg ?
Source : le Monde Berbère
Un aspect fondamental de toute culture et de toute société est l'activité ludique, les jeux et les autres divertissements comme le chant, la danse, la musique, les contes et proverbes, etc. Cependant, cet héritage culturel, et en particulier les divertissements des enfants, est souvent oublié et négligé du moins par les adultes. Pourtant chaque enfant expérience le rôle que les jeux jouent dans son développement et son intégration dans la communauté.
Les jeux et jouets présentés ici appartiennent encore à ce monde traditionnel révolu. Mais cela ne veut nullement dire que ces jeux et jouets ont disparus. En plus, c'est à travers les jeux et jouets qu'assez bien de valeurs, de données et de comportements 'traditionnels' survivent aux changements imposés par la vie moderne.
figure 3
Le dromadaire, cet animal si bien adapté au désert, a tout naturellement frappé l'imagination des enfants sahariens. Il est donc normal que ce dromadaire se retrouve dans bon nombre de jeux des enfants touareg ainsi que parmi leurs jouets. Mais avant de faire des dromadaires-jouets ces enfants jouent déjà avec les chamelons.
Les petits bergers et aussi les petites bergères font des jouets qui représentent des dromadaires. Ils sont par exemple taillés dans une pierre plate, faits avec une mâchoire de chèvre ou de mouton, de l'argile, du matériel d'origine végétale (branchettes, feuilles, fibres), des morceaux d'étoffes. Comme on peut le voir sur les figures 1 et 2, ces pierres plates légèrement taillées semblent assez uniforme. Cependant, les enfants touareg donnent une signification spécifique à ces jouets suivant leur forme. Pour eux il s'agit bien d'un dromadaire mâle avec une profonde encoche au milieu de la base (fig. 1) ou d'une femelle enceinte reposant sur son gros ventre (fig. 2). Les petits dromadaires sont des pierre plus petites. À côté de ces dromadaires très schématisés il existe aussi des formes plus élaborées, comme le prouve la figure 3. Il fut taillé par un enfant touareg Kel Ajjer du Sahara algérien dans les années cinquante.
figure 4
Les bergers et les bergères touareg dressent leurs dromadaires en pierres taillées sur le sable et les mettent en ligne ou en cercle. Ils utilisent en plus le vocabulaire courant se référant à l'élevage de ces animaux. Le nom donné à ces jouets est "tifersîtin", singulier "tafersît" (Archier, 1953: 39; de Foucauld ,1951-1952: 358).
Les enfants touareg font aussi des dromadaires avec une mâchoire de chèvre ou de mouton. La figure 4 montre que cela peut donner lieu à la création d'un petit chef-d'œuvre fabriqué par un garçon de douze ans des Kel Ahaggar d'Idèles (Sahara algérien) dans les années trente. Il s'agit d'un dromadaire sellé, de 27 cm de haut, monté d'un méhariste ou d'un guerrier de 16 cm de haut. Chez les Touareg de cette région et ceux de Ghât en Libye, ces jouets étaient appelés "aknar". Pour les Touareg Kel Ajjer de Djanet en Algérie, le nom "amajor" a été avancé.
Jeux d'enfants Touareg
Jeux touareg dans la région d'Agadez
Jeu propre aux touaregs : les Ishighan
Source : Le Blog saharien
Voici les règles d’un jeu propre aux touaregs : les Ishighan. Il s’agit d’un jeu qui tourne autour de quatre morceaux de bois que l’on lance en l’air et qui en retombant au sol peuvent donner diverses formes :
ALAM (le chameau) si tous les morceaux du bois tombent “ventres” au sol et “dos” en l’air. Cette position donne droit à 60 points.
TASSE (la vache) Si tous les morceaux du bois tombent “ventres” en l’air” et “dos” au sol. Cette position donne droit à 40 points.
IYIS (le cheval) Si un des morceaux du bois tombe vente en l’air et dos au sol et que les trois autres tombent ventres au sol et dos en l’air. Cette position donne droit à 7 points.
TIGHIDIT(la chèvre) Si trois morceaux de bois tombent ventres en l’air et dos au sol et que un tombe ventre au sol et dos en l’air. Cette position donne droit à 5 points.
EJAD (l’âne )Si deux morceaux de bois tombent ventres en l’air dos au sol et que les deux autres tombent ventres au sol dos en l’air. Cette position ne donne droit à aucun point et permet au joueur suivant (toujours celui de sa droite) de se saisir des quatre morceaux du bois et de jouer son tour.
Les points que l’on gagne servent à évoluer dans un cercle fait des petits trous et dont la fin est ALJANAT(le Paradis) au centre du cercle et le début TEMSET (l’enfer) .Tout le monde débute par l’enfer pour essayer de rejoindre le Paradis. Celui qui arrive le premier au Paradis, engage une hyène (TAKOURAMT) qui se chargera de ramener en arrière les autres dans leur progression vers le Paradis. Celui qu’elle ramènera jusqu’au début (l’enfer) est définitivement éliminé.
Atri N'Assouf
Chaghat (les enfants) Album AKAL.