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Ce troisième billet consacré aux oeuvres majeures de Gaudi à Barcelona porte sur... un parc urbain unique en son genre: le Parc Güell.
La muraille d'entrée porte d'ailleurs des médaillons avec le nom du parc. Les observateurs remarqueront l'orthographe inhabituelle ("Park"), c'est que le nom original devait être Park Güell (et non Parc en Catalan ou Parque en espagnol), puisque le projet d'origine était une cité-jardin inspirée du modèle anglais et commandé par Eusebi Güell à son architecte de prédilection, Antoni Gaudi, qui en conçoit et supervise le développement entre 1900 et 1914.
L'entrée actuelle du parc s'ouvre donc sur deux pavillons (des maisons dans le projet initial) qui rappelle à la fois des champignons et des petites maisons en pain d'épice. Puis, on retrouve une fontaine devant une salle supportant une place principale entourée d'un long banc, la place en question devant accueillir originalement un théâtre grec et devenir le lieu de rencontre de la cité-jardin. Mais en 1914, la première guerre mondiale éclate et les travaux sont suspendus. En 1918, Güell décède et ses héritiers vendent le développement à la ville de Barcelona, en tant que parc urbain.
Une des maisons originales conçue par Gaudi, qui évoque autant la nature (aspect organique des courbes et de la pierre utilisée, toit en champignon) qu'une habitation sortie de Hansel et Gretel. Un effet charmant qui ravi tous les visiteurs du parc.
L'Esprit Vagabond à la fenêtre d'une maison en pain d'épice, habile mélange de pierre et de mosaïque de céramique typique des projets de Gaudi, comme l'absence d'angles droits.
Plan rapproché du toit en champignon d'un pavillon de l'entrée du parc où l'on peut distinguer les détails de la mosaïque.
Mélangeant l'inspiration gréco-romaine et les courbes du modernisme catalan, la salle derrière la fontaine devait abriter un marché public dans le projet original. Aujourd'hui, on voit surtout des marchands vivant de commerce informel offrant des bijoux et souvenirs aux touristes, et qui déguerpissent dès qu'un agent s'approche de l'endroit.
J'ai déjà mentionné l'intelligence de la conception des oeuvres architecturales de Gaudi auparavant, en voici un autre exemple. La place publique située sur la salle et supporté par les colonnes n'est pas pavée. L'eau est recueillie par des drains installés à l'intérieur des colonnes, et récupérée dans un réservoir souterrain et utilisée pour l'arrosage dans le parc. Une partie de cette eau est également utilisée comme élément décoratif en circulant dans une fontaine monumentale à l'entrée du parc, fontaine dont on voit ici un détail; une tête d'animal laissant couler un filet d'eau.
Et au milieu de cette fontaine, on retrouve une salamandre recouverte de trencadis, une des oeuvres les plus belles et les plus célèbres de Gaudi, devenue au fil des ans un des symboles de Barcelona les plus connus au monde...
Ce n'est donc pas un hasard si les milliers de visiteurs du parc tentent tous de se faire prendre en photo avec cette splendide salamandre, ce qui complique d'autant plus la tâche d'un vagabond photographe amateur à ses heures en recherche d'une bonne prise où le moins de touristes possibles apparaissent.
La "salle aux cent colonnes" en comporte en fait 86, qui sont réparties inégalement, laissant ici et là des points sans support, qui eux, sont décorés de pastilles en mosaïque de céramique. Sur ce cliché, je joue le touriste étonné de l'absence de colonne à un endroit qui semblait conçu pour en accueillir une, un jeu que Gaudi semble toujours jouer avec ses structures et ce pourquoi elles sont si agréables à visiter.
La grande place du Parc Güell, surélevée par les colonnes, donne une vue sur l'entrée et sur la ville de Barcelona qui s'étend en contrebas du parc. Des centaines de personnes s'y retrouve sur son banc ondulé qui, dit-on, est le plus long banc au monde (il parcours trois des quatre "côtés" de la place).
Le banc est ergonomique et épouse les formes du corps, le rendant très confortable, même s'il est recouvert de céramique. Son ondulation permet à la fois d'accueillir des centaines de personnes assises (au moins deux fois plus que s'il était rectiligne) et que chaque petit groupe ait une aire semi-privée. Un autre exemple de conception ingénieuse. Bien que la plupart des dessins qu'on y retrouve soient abstraits, on aperçoit ici et là toutes sortes de formes; animaux marins, motifs floraux... comme les fleurs de lys sur cette photo.
Montage de quelques exemples des motifs et perspectives que l'on retrouve sur le plus célèbre banc de Barcelona.
Suze posant sur une portion du banc du Parc Güell devenu également un emblème de la ville; les poissons (ou dauphins, ou baleines) que l'on retrouve sur bien des cartes postales (photo prise lors d'une visite en 2006).
Le reste du parc est évidemment constitué de sentiers dans la nature, mais comme on prévoyait pouvoir y circuler à pied comme en véhicule, Gaudi a imaginé des sentiers, passages et viaducs qui non seulement s'intégraient bien dans l'aspect naturel du parc, mais dont la structure même en reproduisait le visuel.
La pierre utilisée et les formes inégales, en courbes, avec des protubérances, rappellent évidemment les arbres et plantes ou encore des formations rocheuses naturelles.
Les colonnes supportant les viaducs et abritant des passages adoptent donc la forme de troncs d'arbres. Sur cette photo (prise en 2006), on voit mon père, à qui j'ai beaucoup pensé lors de ma visite de 2013, ayant d'agréables souvenirs communs dans ce parc... en fait, je me souvenais avec plaisir d'avoir pris cette photo en 2006 lors de notre premier passage au Parc Güell...
... lorsque j'ai pris celle-ci, en 2013.
Je termine sur deux plans rapprochés de détails architecturaux du parc que l'on doit à Gaudi. Ci-haut, les gargouilles qui permettent l'évacuation de l'eau de pluie du banc de la place centrale.
Et ici, la tête de la salamandre de trencadis, la désormais célèbre technique de Gaudi pour amalgamer des motifs semblant chaotiques en un tout cohérent et harmonieux. De toute beauté.
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