Magazine Journal intime

La préface du pèlerin

Par Vivresansargent

Pourquoi ce long pèlerinage 

« Il est perdu ! C’est un bohémien qui n’apporte rien à la société ! Si tout le monde faisait comme lui on serait mal ! Il est malade ! C’est un fainéant ! Qu’il parte et qu’il ne revienne jamais ! »

Ceci est un petit échantillon d’affirmation qui peuvent tourner dans les cercles où sont présent ceux qui ne m’aiment ni ne m’apprécient ou ne me connaissent pas. Je comprends. Bon, pour eux, ça ou autre chose, ça ne changerait rien. Je suis et je resterai un pestiféré. Je leurs souhaite que disparaisse leur colère.

« Encore un départ, encore un voyage, encore une aventure ? Pourquoi faire ? Quand donc te poseras-tu Nicolas ? Quand te stabiliseras-tu ? Qu’est-ce que tu fuis ? Quel est donc ton problème ? T’en as pas marre ? »

Ceci est un petit échantillon de question qui tournent dans les esprits de certaines personnes de mon entourage plus ou moins proche, ceux qui m’aiment ou m’apprécient ou sont seulement intrigués par mes démarches, ma philosophie. Je comprends ces interrogations. Je leurs souhaite que disparaisse leur inquiétude.

Je comprends que mon mode de vie quelque peut en marge de la société, depuis plusieurs années maintenant, puisse interpeller. Parfois, je le reconnais, il m’interpelle aussi. Un jour j’ai vu une émission de télévision dans laquelle était décrit le parcours « chaotique » d’un meurtrier. Une des caractéristiques principales de cette vie « chaotique » de tueur en puissance était son instabilité géographique ! Le gars changeait de ville ou de pays aussi souvent que d’autres s’achètent des chaussures neuves. Gloups, il faisait ce que je fais, le gars ! C’est bien vrai, je voyage beaucoup et depuis un bon moment maintenant. Six mois ici, six mois là-bas, en France, en Europe et dans le reste du monde. Ce jours là j’ai compris que dès que l’on est un peu différent de la grande majorité des gens, dès que l’on vit et pense un peu autrement, malgré nous, on fait fonctionner à plein régime la boite à fantasme de ceux qui nous regardent et nous voient différent. Je comprends, c’est louche !

Avant de commencer à vous raconter mon quotidien de pèlerin que je m’apprête à vivre, je souhaite, et ce en guise d’introduction, répondre à ces interrogations. Deux raisons de le faire m’animent. La première, c’est pour tenter de rassurer ceux qui s’inquiètent pour moi en oubliant de s’inquiéter à leur sujet. La deuxième, c’est pour, peut être je l’espère, rassurer quelqu’un qui se sentirait seul dans sa chambre en pensant être dingue car « instable » sans pour autant être un tueur, ou même seulement perdu comme certains le disent, ou l’espèrent. Ainsi il découvrira qu’il n’est pas seul à raisonner ainsi et qu’il n’est pas plus fou qu’un gars pas fou. On est au moins deux.

L’apprentissage. C’est le mot clé qui résume ma philosophie de vie et ma soif d’aventure. J’ai tant appris durant toutes ces années d’instabilité, durant tous ces voyages ! C’est simple, l’instabilité devrait être enseignée au lycée ! Si j’étais président, je créerais une filière « Voyages » à l’Université ! Je serais au moins professeur ! Le voyage est la plus belle école de la vie pour de nombreuses raisons que je souhaite à tous de découvrir. La plus belle de ces raisons, d’après moi, c’est le développement des capacités d’adaptation. En effet, voyager, je veux dire voyager pour de vrai, pas en formule « tout compris/on bouge pas de l’hôtel/y’a du soleil/on mange Français/tout va bien », nécessite quelques qualités ! J’en vois venir certains qui se disent, là maintenant, que je vais m’envoyer des fleurs ! C’est vrai, ils ont raison ! Il faut une certaine forme de courage pour partir loin de tout ce que l’on connaît en ne sachant rien de ce que l’on va découvrir ! C’est justement là où se trouve le Graal ! Quand on arrive à faire face à toutes ces situations nouvelles et stressantes, surtout au début, on en ressort grandit et plus fort. Pour moi réussir sa vie n’est rien d’autre que savoir faire face aux événements de la vie, ses hauts et ses bas. C’est exactement ce que permet de bonnes capacités d’adaptation, être plus fort face aux épreuves. Et plus on devient fort, plus on veut être fort ! C’est comme une drogue. Plus on apprends et plus l’on veut en savoir davantage !

Certes on peut apprendre beaucoup en restant dans sa chambre, c’est vrai. J’ai dû être une sorte de nomade dans une vie antérieure et j’ai dû aimer ça ! J’ai des restes. Dans mon esprit, le mouvement c’est la vie. Et dans mon esprit, l’inverse est vrai aussi. Tout ce qui vit bouge. J’ai l’impression d’être « ultra-vivant » quand je suis en voyage.

En outre, régulièrement, le côté féminin de ma personnalité, je présume, me pousse au calme et au repos en m’invitant à me poser quelque part. Souvent, entre deux voyages, le côté féminin de mon tempérament prend le dessus. C’est à ces moments là que, souvent, je dis à mes proches que je vais essayer de me poser car, du moins je le crois au moment ou je le dis, j’ai assez voyagé ! Je leurs est fait le coup plusieurs fois déjà ! Et à chaque fois, après une période allant de quelques semaines à quelques mois, je finis par leurs faire part de cette impulsion puissante de vie et d’action qui surgit à nouveau en moi. Je suis un homme, c’est un fait. Mon côté masculin est donc plus prononcé, et de loin, du moins jusqu’à aujourd’hui. Donc, action, mouvement et recherche ! Je pars à nouveau. C’est ce paradoxe affiché et assumé du mieux que je peux, qui crée, je pense, le trouble, parfois, autour de moi. On se dit : « mais qu’est-ce qu’il veut à la fin ! » Je comprends. Je cherche, c’est tout. Et quand j’aurais trouvé, je le dirais, promis. En attendant, je continue de chercher. Comment pourrais-je trouver sans ça.

C’est toujours délicat de se prétendre heureux. Pourtant je le suis. Pour moi être heureux s’est avant tout ne pas être malheureux. Je le dis, je ne suis pas malheureux. Au regard de la vie que mène la plus grande partie de l’humanité, je peux même dire que je suinte de bonheur. Me plaindre serait une insulte jetée aux visages de ces milliards d’êtres humains en souffrance. Je suis chaque jour un peu plus heureux que la veille. Le bonheur se construit. Et si aujourd’hui je peux dire que je suis relativement heureux c’est parce que j’ai cherché à le devenir. Comme je vois chaque jour que mes recherches portent des fruits, pourquoi m’arrêterais-je de chercher. Il faudrait être fou ! Je repars donc.

Je sens depuis longtemps déjà qu’il n’y a qu’une seule raison, une seule motivation qui pourrait m’astreindre à un endroit particulier en ce monde. Réunir le masculin et le féminin. Fonder une famille. Si la mère de mes enfants ressentait un besoin de construire un contexte géographique stable pour notre famille, ces désirs seraient des ordres. Même si je suis persuadé que le format familial n’empêche pas le mouvement. Comme je n’ai pas rencontré la mère de mes enfants, la famille n’est pas à l’ordre du jour. Je repars donc.

En ce qui concerne ma fuite de la société ! Si je devais me retrouver enfermé dans une pièce avec un virus mortel dans l’air, j’ouvrirais la porte, je sortirais, je refermerais la porte derrière moi et j’y fixerais un panneau avec écrit en gros caractères : « Attention danger de mort ». La société actuelle, pour moi, est une pièce fermé dont l’air est croupis et malsain. La société actuelle est une société qui véhicule trop de valeurs qui ne sont pas, ou plus, les miennes. En ne faisant rien, j’y contribue. Mon mode de vie, un tout petit peu en marge de la société, est une manifestation pacifique et active qui me voit crier chaque jour : « Non ! Assez ! ». Mon mode de vie est ma manière de développer et de partager les valeurs auxquelles je crois. C’est la raison de l’existence de ce blog, partager mon cri pacifique et mon rêve d’une vie et d’un monde meilleur. Je veux être de cette partie de l’humanité qui sera prête quand le changement de nos modes de vie deviendra obligatoire. Pour être prêt, il faut se préparer. Mon mode de vie est cette préparation. Il y a de nombreuses manières de se préparer. J’ai choisi celle ci. A chacun son chemin. Si un chemin ne rend pas le chemin d’un autre impraticable, c’est un bon chemin.

Je pars donc sur les routes, pour apprendre encore et encore. Je pars car ça m’aide dans ma quête, dans ma recherche de la vérité, de la réalité. Je pars pour découvrir ce que nous cherchons tous, le bonheur immuable et éternel. La paix et la joie véritables. Je sais que l’on peut atteindre ce but. J’ai découvert qu’il existe un chemin pour atteindre ce but, notre but à tous. Je crois, mais je peux me tromper, que mon quotidien de pèlerin, pendant ce long voyage à pied et en solitaire, créera ce contexte et cet environnement que je pense adéquats pour découvrir ce chemin et pour enfin, fouler ses pavés. Un jour mes efforts seront récompensés, c’est écrit.

Vive la vie.


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