«Turbulences » à Orléans »
Cette semaine vient d’être inaugurée la nouvelle architecture du FRAC Centre à Orléans. Le projet s’est trouvé confronté à un bâtiment conçu au dix-huitième siècle comme lieu de détention,reconverti en hospice avant de subir d’importants aménagements en vue de l’implantation dès 1837 de Subsistances militaires. Le lauréat du concours, l’agence Jakob et MacFarlane, a dû composer avec cette donnée ingrate pour assurer notamment la mise en place d’un « signal urbain ». Intégralement conçue au moyen d’outils numériques, cette architecture est recouverte d’éléments tous uniques : panneaux extérieurs en aluminium pleins ou perforés, et intérieurs en bois.
FRAC Centre Orléans 2013
« Les Turbulences abritent le pôle d’accueil du public, distribuant les flux de visiteurs vers les espaces d’expositions, situés dans l'édifice préexistant. Ouverte sur le boulevard, la cour est traitée comme une piazza, un espace public, qui renforce la dynamique visuelle des Turbulences. Le projet conférer au Frac Centre l’image d’un lieu en évolution permanente à travers une architecture vivante et interactive. »
Il n’est pas impossible que les « Turbulences » aient dépassé le seul cadre architectural pour engendrer quelques répliques dans la ville. Outre les échanges mouvementés entre le maire et la ministre de la culture lors de l’inauguration sur un autre sujet, la « bizarrerie » architecturale doit désormais intégrer le temps pour que prenne la greffe monumentale et culturelle.
Six FRAC dits « de nouvelle génération » marquent à travers le pays une étape dans l'évolution de ces institutions. Ces six projets architecturaux sont l'aboutissement de concours internationaux. Aquitaine, Bretagne, Franche-Comté, Nord Pas de Calais, Provence Alpes Côte d'Azur sont les pôles qui rejoignent le projet du FRAC Centre dans cette volonté d'exemplarité. Depuis l'an passé une exposition itinérante créée par le Centre Pompidou à Paris témoigne sur cette ambition.
« Modernes cathédrales »
En d’autres temps, l’audace architecturale se révélait avec les projets des Maisons de la culture. Lorsqu’au début des années soixante, André Malraux, ministre de la culture sous De Gaulle, lance le projet d’une vingtaine de Maisons de la culture, son objectif est de donner le jour à de « modernes cathédrales ».
Projet du nouveau FRAC Aquitaine
Aujourd’hui, ce sont les médiathèques, les FRAC qui pourraient justifier ce qualificatif de cathédrales modernes. A travers leur ambition d'innovation formelle, ces créations s'érigent en exception dans un environnement urbain le plus souvent terne et sans projet. Déjà, au temps des Maisons de la culture, le dessinateur Sempé soulignait avec un humour lucide cette situation singulière.
Maison de la culture vue par Sempé.
L'art et la culture, à l'époque, apparaissaient déjà comme une brillante anomalie dans un décor urbain fade. Trente ans après leur création, les FRAC accèdent à cette position centrale, confortée par cette domination architecturale qui les positionne en "phare" dans la ville. Les collections publiques créées en 1982 dans le cadre de la politique de décentralisation ont parfois cristallisé les critiques. Ceci est un autre sujet à traiter. Aujourd'hui, ces nouvelles cathédrales marquent leur implantation sur le territoire. Elles ont vocation à tisser leur toile en relation avec les établissements scolaires, écoles d’art, universités, associations, lieux patrimoniaux, collectivités, etc. A Orléans, l'image du nouveau FRAC est en phase avec la vocation spécialisée de l'établissement : la relation entre art et architecture.
Loin d'être les gardiens du dogme, il faut souhaiter à ces institutions, à l'image de leur architecture, de développer leur capacité à l'agitation artistique, à l'innovation turbulente.
Les Turbulences - Frac Centre
88 rue du Colombier
entrée boulevard Rocheplatte
45000 Orléans