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Sur Séoul

Publié le 01 mai 2008 par Fredo
Je viens de commencer Ă  lire Séoul, l'invention d'une cité, écrit par Benjamin Joinau (éditions Autrement, 2006), une compilation d'entretiens avec des Séoulites qui parlent de leur ville et de la société coréenne en général. L'introduction au bouquin offre une belle description historique, géographique et sociale de Séoul, malheureusement trop courte. Extrait:

Ce n'est pas pour rien que le nouveau mot à la mode à Séoul est "ubiquité": désir mégalo d'être partout à la fois, tentation d'un monde sous la coupe d'un Big Brother sans visage, mais aussi envie de se soulager des années d'inconfort et de manque pour jouir enfin de la vie… Paradoxes partout dans cette ville-monde complexe où tout se trouve, se rencontre et finit par se mêler. Il est impossible de parler de Séoul en noir et blanc : la palette de la critique doit créer bien des demi-teintes pour rendre ce feu d'artifice de bruit et de fureur…"Dynamique": adjectif omniprésent exprimant le diktat de cette passion coréenne qui se découvre elle-même avec fascination et auto-satisfaction, il revient pourtant naturellement aux lèvres pour qualifier cette "forteresse mouvante", comme la décrivait l'écrivain Hwang Sun-Won dans un superbe roman éponyme. Comme dans la chanson sur New York, tout le monde, étrangers compris, veut en faire partie, de cette cité qui ne dort jamais. Monde flottant aux yeux toujours cernés d'alcool et de sexe, de travail et d'excès, Séoul avance vers l'avenir dans un semi-brouillard, une demi-ébriété inconsciente. Cette ville, avec ses milliers de porteurs, livreurs, marchands ambulants, tous ses échanges et ses trocs, ses transits et ses transports, est un espace de flux et de labilité, monde fluide d'impermanence où s'impose la métaphore marine du flot et du flottement.

(note: labilité (nf). Caractère de ce qui est labile, peu stable, changeant.)
Lu dans cette même introduction, une citation de Patrick Maurus qui, dans son Passeport pour Séoul, a écrit:
Il ne faudra pas prétendre trouver le vrai Séoul en quelques jours, sous prétexte de la découverte d'une ruelle derrière une barrière de grands immeubles ou de la rencontre d'un Coréen. C'est d'ailleurs un lieu commun de la visite que ce vrai derrière les apparences. Dans une mégalopole comme celle-là, c'est un contresens. La vraie ville est dans son gigantisme, pas derrière.

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