[anthologie permanente] petite anthologie du samedi

Par Florence Trocmé

Quelques extraits de certains des derniers livres reçus par Poezibao.
*Stéphane Bouquet, Les amours suivants, Champ Vallon, 2013, 12€
jour 1 : c'est un poème très simple sur
être dans la rue sur
voir des gens sur vouloir
qu'ils contribuent eux aussi
au délocalisations vers nous de l'esprit
[...] (p. 24)
*Matthieu Gosztola, Rencontre avec Lucian Freud, Éditions des Vanneaux, 2013, 15€ - lire la chronique d'Antoine Emaz.
atelier sans éclair
journée
à compagnonner
avec les pinceaux
le corps nu recueilli douloureusement
dans les tristes murs d'un visage
mon visage
penché sur le grain de la toile
penché sur le vide
tout le vide
vacillant de la conscience
de ce qui est
(p. 35)
*Fred Griot, Cabane d'hiver, Éditions de la Revue des Ressources, 2013, 8€
on est ici sur un plateau karstique, dolomitique. l'eau ne reste pas, elle file, dessous, jusqu'aux grandes gorges entre chaque Causses (jusqu'à près de 600 m de profond par endroit) : Tarn, Jonte et Dourbie principalement.
cette eau, et le vent de peu d'obstacles, façonnent dressées des roches comme des clochers, des chapelles épaisses, des totems, des clochetons, des trapèzes inversés le plus souvent, la base étant plus fine que le somme. ces roches on les nomme " ruineuses ".
*Emmanuel Merle, Schiste, Alidades création, 2013, 5,50€
Ce chemin, entre la maison d'enfance
et la route, c'est la solitude apprise.
La lumière crépite sur le mica,
un miroitement,
mais la menace est là : un fil
à haute tension bourdonne,
un insecte rabote l'air
(p. 20)
*Harry Clifton, L'Observatoire des oiseaux, The Bird-Haunt, traduit de l'anglais (Irlande), bilingue, Alidades - Irlande 21, 2013, 5,70€
Adieu à la courte frénésie clinquante de Noël
Et à l'idée de foyer,
À ceux qui ont eu des enfants, ceux que l'on a suicidés,
Ceux qui ont pris le large en poésie,
La fratrie silencieux, en paix avec ce qu'elle doit prouver
À elle ou moi, le fâcheux rétroactif
Intérieurement partagé depuis la Guerre Civile,
Aux disques vinyle et aux aiguilles coincées dans les sillons,
À l'âme de la discrétion, à l'âme qui ne peut que crier,
En bref, au poids des années
[...] (p. 20)