La question n'est en effet pas de savoir si le loup va revenir en Belgique et aux Pays-Bas, mais quand il va revenir.
En région wallonne, avec 8.053 éleveurs de moutons en 2012, chiffre qui reste stable (8008 en 2010 et 8244 en 2011), Il ne s'agit donc pas de grands troupeaux - seulement 22 ont plus de 200 brebis - comme dans les ALpes ou dans les Pyrénées. Le futur retour du loup (comme la présence discrète du lynx en Belgique?), ne se fera pas dans le même contexte de controverse environnementale.
Mais sera-ce plus simple pour autant? La filière ovine belge est très différente de la filière ovine française. Quelles sont les différences?
- La consommation de viande d'agneau en kg/habitant/an est inférieure en Belgique (2 kg) qu'en France (3,1 kg),
- En 2012, la Belgique importe 86% de la viande ovine qu'elle consomme, la France n'en importe que 55%.
- Les troupeaux belges se trouvent majotitairement au abords des villages et des fermes, dans les jardins et prairies clotûrées des particuliers, sans berger ni chien de protection. Il n'y a ni alpages, ni estives, ni transhumances.
Deux autres grosses différences résident dans le statut du loup et dans la politique d'indemnistion.
Le statut du loup en Wallonie
Actuellement, le loup est classé comme espèce indigène éteinte. Le dernier loup "certifié" a été tué dans la région d'Erezée en 1897. Il n'est donc pas encore considéré comme une espèce présente ni protégée.
La politique d'indemnisation des dégâts
De manière générale les animaux sauvages sont considérés en Wallonie comme res nullius, « choses n'appartenant à personne ». La Région wallonne ne peut donc être considérée comme responsable des dégâts provoqués par un animal sauvage.
Actuellement, en Région wallonne, une législation prévoit une indemnisation partielle des dégâts causés par des espèces protégées. L'objectif au moment de l'adoption de cet arrêté, était de compenser des pertes liées à des espèces très rares, nécessitant une protection stricte. Ce qui sera sans doute le cas du loup quand il reviendra. Les dégâts sont indemnisés:
- quand ils sont provoqués par certaines espèces protégées: castor, loutre, blaireau, cormoran, héron. Le loup n'en fait pas encore partie
- dans certaines conditions: dégâts directs aux cultures ou élevages, pour les exploitants professionnels (agricoles, forestiers ou pisciculteurs), uniquement si l'exploitant tire la majorité de ces revenus de l'activité impactée par l'espèce protégée. Ce qui n'est pas le cas pour 88% des éleveurs de moutons, des petits éleveurs!
La Région Wallonne précise bien "La législation ne prévoit actuellement pas d'indemnisation pour des dégâts liés au loup, le problème n'ayant jamais été d'actualité". Gouverner c'est prévoir...
En Wallonie, l'assurance prédation reste donc la seule formule pour se protéger d'un retour éventuel des prédateurs, ce qui est beaucoup plus "sain" quand on voit les effets pervers des aides au pastoralisme en France, les troupeaux non gardés, de la polémique sur les dégâts des chiens "errants" et du "haro" sur les prédateurs "boucs et misères" à la une de la presse régionale lancés par les extrémistes pastoraux. Ce sera tout bénéfice :
- pour la Région Wallonne: seulement une politique de protection des troupeaux devra être mise en place, pas d'expertises couteuses, de budget "dégâts prédateurs" important à prévoir, pas de conflit avec les éleveurs. Ce sera aux assureurs de contrôler l'exactitude des déclarations (et il ne seront pas manipulables comme le sont en France, les responsables politiques locaux et les commissions d'indemnisations des dégâts. Donc pas de manipulations ou de boucs émissaires...
- pour les loups: protégés et seulement responsables de leur part de dégâts, sans déchainements médiatiques, pressions et autres cris "Au loup"! Les dégâts de chiens errants devraient également être couverts par l'assurance.
- pour les éleveurs: ils pourront décider (ou pas) de s'assurer "en bon père de famille" et agir en toute connaissance de causes. Ils pourront dormir sur leurs deux oreilles même en cas d'attaques de chiens errants.
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