Parution en janvier 2012
Le sujet : Maryse, une jeune lycéenne de 17 ans, décide de participer avec ses copains de lycée à une manifestation contre le fascisme
et pour la paix en Algérie. Nous sommes à Paris, en 1962.
Après 8 ans de guerre, l'indépendance de l'Algérie devient inéluctable. L'OAS, regroupant dans ses rangs les fervents défenseurs du
dernier bastion d'un empire colonial agonisant, multiplie les attentats à la bombe sur la capitale. Le 8 février, après 14 attentats, dont un blessant grièvement une petite fille de quatre ans,
des manifestants se regroupent dans Paris aux cris de «OAS assassins», «Paix en Algérie». La manifestation organisée par les syndicats est interdite par le préfet Maurice Papon. La répression est
terrible. La police charge avec une violence extrême. Prise de panique, Maryse se retrouve projetée dans les marches du métro Charonne, ensevelie sous un magma humain, tandis que des policiers
enragés frappent et jettent des grilles de fonte sur cet amoncellement de corps réduits à l'impuissance. Bilan de la manifestation : 9 morts, dont un jeune apprenti, et 250 blessés.
50 ans plus tard, Maryse Douek-Tripier, devenue sociologue, profondément marquée par ce drame dont elle est sortie miraculeusement
indemne, livre son témoignage à Désirée Frappier. C'est une véritable histoire dans l'Histoire à laquelle nous invite l'auteur, restituant ce témoignage intime dans son contexte historique et
tragique, tout en nous immergeant dans l'ambiance des années soixante : flippers, pick-ups, surboums, Nouvelle Vague, irruption de la société de consommation.
Tentation : Le sujet
Fournisseur : La bib
Mon humble avis : Ce roman graphique brille par l'intelligence de son sujet et son mérite : remettre en lumière des faits historiques bien tassés par le temps, et à priori, par l'Etat.
Je connais très peu sur la guerre d'Algérie : ce que l'on m'en a dit au Lycée (et c'est vieux !) et ce que m'en montre quelques films, mais qui se déroulent le plus souvent sur la terre citée, de l'autre côté de la Méditerrannée...
Grâce à cette BD, je réalise que quelque part, il y avait aussi la guerre en France Hexagonale, entre les pro et les anticolonialistes. Le racisme était déjà exaserbé. Les médias étaient manipulés quand ils ne manipulaient pas eux même...
Charonne, ce n'était jusqu'alors pour moi qu'une station de métro qui devait porter le nom d'un illustre mort depuis longtemps...
C'est bien plus que cela. C'est une manifestation anti OAS durement réprimée le 8 févrie 1962. Une répression fomentée par Maurice Papon et exécutée par une certaine police parisienne. Ce fut un crime d'Etat, la police s'acharnant sur des manifestants trébuchants, piétinés et entassés sur les escaliers de la station Charonne... Il y aura 9 morts, 250 blessées. Les coupables ne seront jamais punis, amnistiés par moult ministres ou présidents suivants... Et le crime jamais reconnu par le coupable, l'Etat.
Tout ceci est magistralement mis en scène, enfin, en image par les deux auteurs. En noir blanc, sobres mais détaillés, les dessins rendent grandement le climat social, politique et historique de l'époque. Album très intructif et d'utilité publique ! Très dense, il ne manque pas de poser des questions, et d'intégrer le lecteur dans les dialogues des personnages qui s'interrogent, qui se disputent, qui essaient de comprendre, de se comprendre. L'album montre bien aussi la différence des points de vue sur l'Algérie suivant l'appartenance politique des uns et des autres.
Je lui reprocherais juste quelques textes trop longs, que l'on ne s'attend à trouver dans une BD. Et parfois, parmi toutes les abréviations (OAS, FLN, PSU), mon petit moi inculte a eu quelque fois du mal à suivre ! Mais peu importe, j'ai beaucoup appris, j'ai bouché une de mes nombreuses cases "ignorances" et le message est passé ! J'espère que vous aurez la curiosité de vous diriger vers cet album, ne serait-ce qu'en hommage aux victimes de toute cette tragédie, que ce soit ici, où là-bas, en Algérie.