Le groupe des Six (et M. Satie)

Publié le 14 septembre 2013 par Hunterjones
À leur sortie du conservatoire vers 1916, George Auric, Louis Durey, Arthur Honneger, Darius Milhaud, Françis Poulenc et Germaine Taillefer prennent l'habitude de se réunir ponctuellement tous les samedis afin de composer de la musique ensemble.
Malgré le fait qu'ils écrivaient collectivement, chacun a conservé son style personnel de par la nature même des œuvres.
Leur musique, réagissant essentiellement contre l'impressionnisme et le wagnérisme était très influencée par les propositions musicales d'Erik Satie et les idées de Jean Cocteau.
C'était généralement chez Darius Milhaud qu'ils se réunissaient et Jean Cocteau, mentor du groupe, s'y trouvait pratiquement tout le temps aussi.
Atteint de rhumatismes pendant la Première Guerre, Darius Milhaud est réformé. Il compose dans ces années des musiques de scène, notamment sur la trilogie Orestie d’Eschyle, traduite par Claudel. Il recourt alors à la polytonalité, ce qui devra rester comme l’une des caractéristiques principales de sa musique. Cette amitié entre les deux artistes évolue dans le sens d’une collaboration : Claudel, nommé ministre à Rio de Janeiro, propose à Milhaud de devenir son secrétaire. Milhaud accepte. Il s’enthousiasme alors pour les musiques sud-américaines, qu’il insère dans les ballets L'Homme et son désir et Le Bœuf sur le toit, ainsi que dans la suite de danses Saudades do Brasil. Reconnu dans le milieu parisien pour ses œuvres de jeunesse imprégnées d’influences sud-américaines, il officiera aussi comme chef d'orchestre, découvrira le jazz aux États-Unis, sera critique musical et compositeur de trame sonore pour le cinéma. Il fuira la seconde guerre mondiale, sera prof de Dave Brubeck, Burt Bacharach, Steve Reichs et Philip Glass. Il meurt en 1974 à l'âge de 81 ans.

Georges Auric fréquente Igor Stravinsky et Erik Satie, ce qui influencera beaucoup son oeuvre, avant de se joindre au groupe des six. Ami de Jean Cocteau, il fera pour lui les musiques de ses films, Le Sang d'un Poète, La Belle et La Bête et Orphée. Il fera aussi la musique de Moulin Rouge version originale, et du magnifique film Lola Montès  de Max Ophüls. Pianiste mais plus exactement compositeur, il décède en 1983 à l'âge de 84 ans.
Louis Durey avec Georges Auric, Arthur Honegger et Erik Satie, avait fondé le groupe Nouveaux jeunes qui deviendrait par la suite le groupe des Six, dont il était l'aîné.leur seule parution collective. Il rejoindra le parti communiste français et participera activement à la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Il sera également critique musical dans les années 1920, activité qu'il retrouvera après-guerre pour le compte du journal L'Humanité.
Il fréquentait les artistes d'avant-garde : notamment les poètes Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Paul Éluard, Louis Aragon, et les peintres Pablo Picasso, Georges Braque et Fernand Léger. Il sera le seul du groupe des six à ne pas participer à
Son œuvre musicale comporte 116 numéros d'opus, touchant tous les genres, mais davantage la musique chorale. Il meurt à l'été 1979 à l'âge de 91 ans.
Suisse, Parisien d'adoption, Arthur Honegger composera beaucoup et sera désireux d'illustrer la transformation de la société, notamment par la technique ou le sport. Il écrira pour le théâtre, la radio et le cinéma aussi bien que pour la salle de concert : ballets, chansons, concertos, musique de chambre, musiques de films, opéras, oratorios, symphonies. Toute sa vie, il a été marqué par la double influence germanique et française, ce qui contribue à situer son œuvre en marge des courants musicaux. Son portrait apparaît sur les billets de 20 francs suisses. Il meurt en 1955 à l'âge de 63 ans.
Françis Poulenc, compose Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, un cycle de mélodies reprenant des poèmes de l'œuvre éponyme de Guillaume Apollinaire. C'est à cette époque que se crée, sous l'impulsion de Jean Cocteau et d'Erik Satie, le collectif de jeunes compositeurs que le critique Henri Collet surnommera en 1920 le « groupe des Six », en référence au « groupe des Cinq » russes (Mili Balakirev, Nikolaï Rimski-Korsakov, Alexandre Borodine, Modeste Moussorgski, César Cui). fasciné par le cirque, le music-hall et par des chanteurs comme Maurice Chevalier, l'oeuvre de Poulenc mettra en musique le plus souvent des poèmes de son cercle d’amis. Un poème de guerre de Louis Aragon, est l'une de ses mélodies les plus souvent reprises. Il meurt d'une crise cardiaque en 1963, à l'âge de 64 ans.
Germaine Taillefere unique femme du groupe, vivra 91 ans. On a longtemps considéré que l'œuvre de Tailleferre se réduisait à une série d'œuvres charmantes pour le piano composées dans l'Entre-deux-guerres et que sa carrière de compositrice s'achevait à la Seconde Guerre mondiale. C'était oublier qu'en dehors de ces piécettes, elle composa surtout des œuvres de musique de chambre, des mélodies, deux concertos pour piano, trois études pour piano et orchestre, un concerto pour violon, son imposant Concerto grosso pour deux pianos, huit voix solistes, quatuor de saxophones et orchestre, quatre ballets, quatre opéras, deux opérettes, sans compter de nombreuses autres œuvres pour petits ensembles ou grand orchestre, la plupart écrites entre 1945 et sa mort en 1983.
Jugé sans talent par ses professeurs, Érik Satie est renvoyé après deux ans et demi de cours avant d’être réadmis, fin 1885. C’est durant cette période qu’il composera sa première pièce pour piano connue. Cependant, incapable de produire une meilleure impression sur ses professeurs, il décide de s’engager dans un régiment d’infanterie. Après quelques semaines, constatant que l’armée n’est pas pour lui, il se fait réformer en exposant sa poitrine nue au froid de la nuit hivernale au point d’en attraper une congestion pulmonaire. Il s’installe ensuite à Montmartre et compose ses quatre Ogives pour piano, dont les partitions ne font apparaître aucune barre de mesure, caractéristique qui sera réutilisée pour de nombreuses autres compositions. Il développera aussi très vite son propre style d’annotations sur la manière d’interpréter ses œuvres. Il eut une influence certaine sur les musiciens du groupe des six et dans une moindre mesure sur Stravinski, Maurice Ravel et Claude Debussy. John Cage revendique une filiation avec lui. Satie fut pianiste accompagnateur notamment du chansonnier Vincent Hyspa au cabaret Le Chat noir. Il est celui dont l'œuvre à la plus fait école en Amérique.

Avec Jean Cocteau, bien que Satie n'ai jamais réellement été membre du groupe des six, en était l'âme et l'influence.
Le groupe des six se scinde vers 1923.