31 - 08
2013
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Il y avait du soleil, du monde, des stars, l'ouverture du 39° festival du cinéma américain de Deauville, hier soir vendredi, était au beau fixe. D'autant que le président du jury, Vincent Lindon, avait demandé à faire un petit speech pour présenter les membres de son jury dont Xavier Giannoli et Hélène Fillières, un discours plein de chaleur et d'humour, un orateur intelligent qui "travaille" son texte en laissant une part d'impro, c'est rare...
"Behind the candelabra" ("Ma vie avec Liberace") de Steven Soderbergh, déjà en compétition à Cannes, a été projeté en ouverture. Moment d'émotion dans la salle quand Michael Douglas remercie sur scène Steven Soderbergh de l'avoir attendu pour tourner ce film, ayant été obligé de stopper le projet pour soigner un cancer dont il est depuis venu à bout. Si la performance d'acteur de Michael Douglas est incontestable, celle de Matt Damon est au dessus du lot, quelle intelligence du rôle!
"Behind the candelabra" ("Ma vie avec Liberace") de Steven Soderbergh
(sortie 18 septembre 2013)
Programmé cet été aux USA sur la chaîne HBO, le film n'y a pas été distribué en salles, ayant eu des difficultés à trouver un financement relativement modeste, malgré la présence de deux stars au générique, en raison de son sujet : d'après le livre de Scott Thorson, compagnon du show-man Liberace, le film raconte les années de la relation passionnée entre les deux hommes de 1977 à 1983. Si l'histoire individuelle marque un virage, l'histoire avec un H aussi, au début des années 80, apparaissent les premiers cas de SIDA, après Rock Hudson, Liberace en mourra en 1986.
Liberace/Lee est une star de Las Vegas, pianiste et artiste extravagant, hypermédiatisé, adulé par les femmes d'un certain âge qui ne remarquent en rien un show gay malgré les nombreux éléments équivoques du spectacle. Quand Scott, jeune homme simple, élevé par une famille d'adoption, est présenté à Lee, c'est le coup de foudre, d'abord unilatéral. Mais Scott, qui a passé son enfance d'une institution à une famille d'accueil, est touché par les attentions de Lee qui, au delà de l'amant, le traite aussi comme son fils, son ami. N'ayant jamais été aussi choyé, Scott va s'attacher à Lee comme un chien fidèle. Sauf qu'un jour Lee se lassera et le jettera dehors. La faute à la lubie de Lee de transformer le physique pourtant avantageux de Scott en un portrait de lui plus jeune : amaigrissement avec des coupe-faims amphétaminiques et chirurgie esthétique par un médecin taré irresponsable. Devenu drogué aux amphétamines et autres produits, Scott devient parano et triste, Lee devient volage, le trompe, fréquente les back-rooms, enfin, s'entiche d'un homme encore plus jeune, rien ne va plus.
Costumes délirants glitter, fourrures blanches, déco kitsch, folie des grandeurs, le film démarre sur la période festive disco et se termine sur les dramatiques années SIDA. Si Michael Douglas, parfait, est dans la performance d'acteur, le rôle à Oscar, Matt Damon, lui, joue la carte de l'intériorité et il est carrément poignant, la vraie révélation du film, c'est lui, quelle psychologie et intelligence du rôle, jamais il n'a été aussi convaincant et émouvant avec une économie de moyen qui force l'admiration. Avec sa mise en scène nickel, talentueuse mais sans grande fantaisie comme s'effaçant devant le sujet, Steven Soderbergh, Palme d'or en 1989 avec son premier film ("Sexe, mensonges et vidéo), fait ici des adieux au cinéma car c'est son dernier film.
photo ARP
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