Je crois qu'il n'y a rien de plus répugnant à mes yeux que la figure du misogyne. J'y associe d'ailleurs volontiers celle du violeur, la proximité entre l'un et l'autre me semblant évidente.
L'inconvénient avec la misogynie patriarcale c'est qu'elle se glisse à peu près n'importe où, quasi-indépendamment de l'expression politique.
J'ai dès le début été frappé par le mode d'action des Femen: de très jolies filles dévoilant leurs seins, cela m'a toujours paru suspect comme mode opératoire. Je ne parvenais pas à concevoir que cela ne soit pas une idée de mec, ou alors, à la rigueur, un concept marketing dont l'objet final était tout autre que la défense des droits imprescriptibles de toutes les femmes.
Bingo, j'ai eu du flair. Un article de Madame le Figaro me révèle que le gros goret était dans le fruit. A l'origine des Femen, il y a un idéologue (une espèce que je déteste) et un gourou (quoi de plus vil que le gourou, l'émanation de ce que porte de plus bas l'instinct patriarcal).
A vrai dire, déjà, sur le principe, quand il y a un mec qui commande pyramidalement ou autocratiquement à toute une organisation, mon âme libérale renifle immédiatement l'entourloupe.
Quand on voit que ce gros goret de Svyatski balance sur les Femen, les décrétant molles, faibles et j'en passe, on souhaite que sa tronche soit abîmée une deuxième fois.
Ces types sont aisément reconnaissables : ils sont dans la toute-puissance. L'individu ne compte pas pour eux. On le voit bien : Svyatski ne parle pas de chaque femen pour ce que chacune est mais il s'exprime en disant "les filles". On croirait un proxénète évoquant une troupe de cabaret érotique. Pauvre type. Proxénète, cela lui aurait bien convenu, en fait, comme métier.
Je n'arrive pas à exprimer par des mots la sensation qui me traverse quand j'entends, je lis ou je vois ces ratés à deux-balles qui se vengent sur les femmes de leurs complexes érectiles. Ça pue, c'est quelque chose de cette ordre. Une odeur de décrépitude assez répugnante : le mec doit régulièrement se pisser dessus, peut-être se chier dessus, même, et il se venge comme il peut. Sa manière à lui d'essayer de se sentir important parmi ses semblables, sans doute pour se donner une contenance. J'en ai vu des bouffons se rengorger la crête de coquelet pimpante à coup de "Ah, les femmes, toutes des...". Il joue un peu dans cette cour-là mais en version intello.
De toutes façons, tous les mecs qui prétendent éduquer les femmes sont des gros porcs, au fond. Svyatski affirmait vouloir "enseigner" un certain nombre de qualités aux jeunes femmes qu'il recrutait. Ça pose la sous-merde que cela doit être dans la vie ordinaire.
Wikipedia a tout de même encore du bon sens : Inna Shevchenko a une page wikipedia, pas Svyatski.
Je ne comprends pas trop ce qu'elle veut Inna. Les seins nus des jolies femmes excitent les hommes : je ne vois pas comment ils pourraient être le moteur d'une réflexion et d'une pensée sur les droits de la femme. Je me demande si elle s'en rend compte. S'il y a les furieux qui la détestent, les autres, ils pensent surtout à l'avoir dans leur lit... Pensée sympathique (d'un point de vue masculin, évidemment) mais qui ne fait pas avancer d'un iota la condition de la femme. De toutes façons, le ver est dans le fruit : le mode d'action choisi et poursuivi demeure celui qui a été mis au point par le gourou-goret. On comprend donc bien qu'il perpétue le modèle qu'Inna veut battre en brèche.
A mon avis, les Femen doivent tout reprendre à zéro et reconstruire leur corpus philosophique, se doter d'une doctrine cohérente et déterminer clairement ce qu'elles cherchent à promouvoir et à défendre.
Vaut-il mieux, par exemple, rejeter viscéralement les religions en les décrétant hostiles par essence aux femmes ou, au contraire, tirer et désigner ce qu'elles leur contiennent de favorable ? Je ne suis pas vraiment convaincu de l'efficacité de la première voie.
Le féminisme emprunte des chemins souvent extraordinairement tortueux : c'est dans l'un des pays les pires du monde en ce qui concerne la condition de la femme que les habitants ont porté au pouvoir une femme, je pense à Benazir Bhutto au Pakistan. Et il y a pas mal d'exemples de ce type alors même que nos démocraties avancées se sont montrées finalement incapables d'en faire autant.
Ce n'est pas facile et je crois vraiment que la promotion des femmes n'est pas compatible avec les idées simples pour ne pas dire simplistes.