Les bracelets pour homme : une affaire de jeunes… et de moins jeunes, mais surtout Italiens
Que les lecteurs de Milanese Special Selection se rassurent, je ne vais pas les convier ici à une célébration de la gourmette (paix à ses cendres), mais, de manière plus raisonnable, à l’examen d’une tendance de plus en plus répandue en Italie, à savoir le port du bracelet par des hommes de tous âges occupant des fonctions très diverses. Là où la logique voudrait en effet que ce genre d’article soit réservé à des personnes jeunes, préservées pour quelque temps encore des contraintes professionnelles et des codes vestimentaires qui les accompagnent, on remarque chez certains individus plus… mûrs (des icônes de la mode en premier lieu, mais aussi bien des grands patrons plus libres d’égayer leur tenue comme ils le souhaitent) la volonté de plus en plus nette d’affirmer leur personnalité grâce aux accessoires.
En quoi certains bracelets seraient-ils plus italiens que d’autres ? On peut se poser la question, d’autant qu’il en existe plus d’une sorte. Comme toujours, la spécificité italienne, l’art italien si on veut, consiste à en marier plusieurs et à les porter avec un costume ou une veste, sans que cette licence vestimentaire transforme celui qui en fait preuve en arbre de Noël ou en apprenti quincailler. Vous me direz : « Ça, c’est pour la théorie, parce qu’en pratique, force est de constater que le calendrier liturgique romain ne coïncide pas vraiment avec les saisons ». Dont acte. En pratique, et je suis le premier à l’admettre, il n’est guère évident de se rendre au bureau le matin avec, au poignet (et si possible accordée à la montre), LA touche de couleur qui rehaussera l’ensemble de votre tenue. D’autant qu’après les années dites « bling-bling », l’esprit actuel serait plutôt à la discrétion.
Les bracelets « italiens » pour homme sont généralement de trois types : en cuir, bien sûr, notamment tressé (le cuir tressé est fabriqué dans le nord de l’Italie depuis plus d’un siècle), ma préférence allant vers les bracelets à double tour ; en pierre dure (souvent sous forme de perles, jaspe, œil de tigre, turquoise, etc.), ou en coton s’il s’agit de bracelets réalisés au crochet (comme ceux que commercialise le chemisier Angelo Inglese).
Bracelets pour homme : comment les porter ?
En lieu et place et d’un discours ennuyeux, nous avons choisi de donner ici quelques exemples en images de ce que l’on peut faire avec des bracelets, ce qui permettra à chacun de se forger sa propre opinion.
A la manière de Luca Rubinacci
Le fils de Mariano Rubinacci, directeur artistique de Rubinacci Milano, n’a jamais été réputé pour sa discrétion. Certes, on n’attend pas de lui qu’il sacrifie à l’understatement. Néanmoins, la fameuse sprezzatura (objet théorique commode, puisqu’il permet de rejeter dos à dos Anglais et Italiens) n’a pas vocation à devenir l’alibi des excentriques (autrefois, on disait « extravagants »). Selon nous, monsieur Rubinacci est très au-delà de la sprezzatura. Par ailleurs, la presse et ses centaines de fans lui pardonneraient-ils ces accumulations hétéroclites s’il ne portait pas des costumes d’une qualité aussi démontrée ?
(Photo : Mattia Arioli.)
A la manière de Diego Della Valle
Moins fantasque que Luca Rubinacci, le fondateur des marques Tod’s, Hogan et Fay est lui aussi amateur de bracelets (ce qui n’est pas anormal puisqu’il en vend). Néanmoins, l’ensemble ci-dessous aurait peut-être mérité plus de réflexion : bracelets ou rayures, il faut choisir, ou gare aux discordances !
(Source : people.today.)
A la manière Lino Ieluzzi
Assumant parfaitement son style, le charismatique propriétaire de la boutique Al Bazar à Milan apprécie lui aussi les accumulations, mais peut-on décemment reprocher quelque chose à Lino ? Premièrement, Lino Ieluzzi aime les montres. Les bracelets colorés lui servent donc à mettre en valeur celles qu’il possède. Par ailleurs, au-delà de leur fonction structurante, ils participent d’une forme d’imperfection qu’affectionne particulièrement Lino. Attention cependant à ne pas le suivre trop avant lorsqu’il déclare qu’un homme élégant doit ignorer les règles. Lino Ieluzzi n’ignore pas les règles. Il a simplement remplacé les règles des autres par les siennes propres. On appelle ça le style.
Pas de photos pour Lino (la plupart ont été prises par Scott Schuman, alias The Sartorialist, on les retrouve donc sur le site).
A la manière de Giampaolo Alliata
Le directeur des ventes de la même boutique Al Bazar, sorte de Humphrey Bogart à l’italienne, joue traditionnellement un ton en dessous (ce qu’est loin d’indiquer notre photo d’illustration, voir plus haut). Côté bracelets, en revanche, Giampaolo met la dose. Assortis à une tenue classique, il s’en sert régulièrement comme d’un attribut un peu canaille. Là encore, mieux vaut savoir jusqu’où ne pas aller trop loin.
(Source : For The Discerning Few.)
A la manière de Luca Cordero di Montezemolo
A 65 ans, il Pluripresidente, le sémillant patron de Ferrari, ex-président de Fiat et de la Confindustria (entre autres), ne dédaigne pas le port des bracelets, comme ici, au Grand Prix de Monza, en 2012 (source : F1 Fanatic, ©Foto Ercole). Imaginons Carlos Ghosn en faire autant…
A la manière de Stephan Winkelmann
Est-ce parce qu’il a grandi en Italie que l’actuel président de Lamborghini, Stephan Winkelmann, change de bracelets comme de montre ? Notez les poignets de chemise déboutonnés. Le résultat peut paraître encore un peu excessif (un ou deux bracelets auraient suffi). Il eût été tout à fait désastreux avec une mise moins classique.
(Source : prwebme.)
Ci-dessous, une photo de notre jeune confrère Fabio Attanasio (source : The Bespoke Dudes).