Alors que l'annonce des derniers nés de la gamme iPhone aura encore déçu tous ceux qui espéraient y voir apparaître une interface NFC (sans contact), c'est une "nouvelle" technologie qui lui vole maintenant la vedette, sous le nom de "iBeacon". Et ce n'est certainement pas une coïncidence si PayPal dévoilait il y a quelques jours son propre "beacon".
Bien qu'Apple évoque uniquement, pour l'instant, une utilisation de ses accessoires pour localiser les consommateurs à l'intérieur des bâtiments (pour les guider, pour leur distribuer des promotions…), il ne faut pas beaucoup d'imagination pour supposer que les applications de paiement ne sont pas loin derrière (qu'elles soient développées et commercialisées par la marque à la pomme ou par ses partenaires, comme l'envisage déjà Estimote). La convergence de deux acteurs d'importance sur une nouvelle technologie impose en tous cas d'y prêter attention.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Tous ces "beacons" (balises) sont de petits appareils, exploitant une interface Bluetooth à très faible consommation (au doux nom de code "BLE"), capables d'échanger facilement, rapidement et en toute sécurité des données avec différents appareils, dont la plupart des smartphones récents. Avec l'implémentation de PayPal, la balise devient un instrument de détection de la présence du client dans une boutique, permettant à son application mobile d'interagir avec le terminal du marchand sans aucune intervention manuelle.
Le scénario d'usage typique est le suivant : dès que le téléphone (sur lequel la fonction aura été préalablement activée) entre dans la zone de couverture de la balise (d'un rayon d'une dizaine de mètres, en pratique), celle-ci l'identifie et peut alors lui transmettre des informations, par exemple un coupon de réduction ou une suggestion de passer commande, avec rappel des préférences de son propriétaire. Au moment de régler les achats, le commerçant n'a plus qu'à repérer la photo du client sur son terminal et affecter directement la dépense sur son compte.
Du point de vue de l'utilisateur, l'approche n'est pas très différente de la fonction de paiement "automatique" inventée par Square et déjà répliquée par PayPal. Elle présente tout de même l'avantage incomparable d'une précision et une fiabilité de la localisation bien meilleure (en particulier en intérieur), sans l'impact sur la batterie des systèmes de "geofencing" classiques utilisant le GPS (glouton en électricité). De plus, la communication entre le téléphone et la balise étant locale, il n'y a plus à craindre les aléas de la couverture réseau (de l'opérateur) pour "dialoguer" avec les serveurs de la société.
Le raisonnement qui a conduit PayPal (et peut-être Apple) à choisir ce système tire son origine d'un constat simple : le paiement par carte, fortement ancré dans les habitudes des pays développés, est aussi un des plus simples imaginables. Dès lors, pour tenter d'imposer une nouvelle solution, il faut impérativement qu'elle soit au moins aussi facile à utiliser. Le sans-contact "classique" (NFC) sur mobile ne répond pas à cette exigence et n'est donc pas éligible. En fait, la seule réponse possible est de proposer au consommateur de payer sans qu'il ait à réaliser la moindre action. Ainsi est née une stratégie !
Un autre point fort de la technologie retenue est sa compatibilité immédiate avec un immense parc de smartphones (quasiment tous les modèles sortis depuis 2 ans, dont l'iPhone depuis la série 4s, notamment). PayPal ne manque pas au passage de mettre en avant sa supériorité par rapport à son nouveau concurrent, puisque, a priori, le "iBeacon" d'Apple ne fonctionnera qu'avec les appareils de la marque. Seule ombre au tableau de l'universalité, et elle est de taille, les marchands séduits par ces balises devront investir dans un nouvel équipement, en sus de leurs terminaux d'encaissement par carte (sans contact).
Mais, finalement, la véritable inconnue pour l'avenir des "beacons" sera l'accueil que lui réserveront les consommateurs. En effet, le concept du paiement "automatique" est séduisant sur le papier mais il requerra un effort important de communication pour le faire accepter. Dans ce contexte, l'irruption d'Apple sur le marché représente une excellente opportunité de faciliter et accélérer l'adoption, grâce au capital confiance dont dispose la marque parmi ses clients.
Si tout va bien, l'année 2014, pour laquelle les premières installations des balises de PayPal nous sont promises, nous permettra peut-être de découvrir le paiement mobile sous un nouveau jour !