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Nicolas Sarkozy est bien l'héritier d'une partie de "l'esprit de Mai 68"

Publié le 01 mai 2008 par Exprimeo
Nicolas Sarkozy s'était démarqué de l'héritage de Mai 68 pendant la présidentielle 2007. Et pourtant, à maints égards, il apparaît bien comme un héritier direct d'une partie de cette période. Au moment où nous célébrons le 40 ème de Mai 68, il paraît naturel et même indispensable de s'interroger : que reste-t-il de l'esprit de mai 1968 ? Chacun garde des images fortes : * les barricades où la jeunesse s'exprime avec conviction, * des formules qui promettent une "autre vie", * cette fusion des classes qui donne le sentiment que la révolution est au coin de la rue en permettant à chacun de "prendre ses désirs pour des réalités". Au-delà des clichés, l'esprit de Mai 1968, c'est d'abord l'aspiration à la liberté. Cette aspiration a d'ailleurs largement dépassé le territoire Français comme le seul rapport politique de forces. Elle a contaminé la Tchécoslovaquie, les Noirs aux Etats-Unis, la Pologne, Berlin … Elle a concerné certes un nouveau rapport de pouvoir mais aussi et bien au-delà dans les relations familiales, sexuelles, culturelles... Par cette force, Mai 68 est une indiscutable référence. Une référence pour ceux qui veulent célébrer cette avancée comme pour ceux qui veulent liquider cette période. C'est le repère historique d'un temps nouveau : celui de l'affirmation. C'est la naissance de la société moderne. Une société qui ne peut plus vivre l'autorité avec le simple recours de la contrainte par la force. C'est pourquoi, le slogan qui a probablement le plus marqué les esprits est celui "il est interdit d'interdire". Ce slogan est probablement la meilleure synthèse de l'esprit initial de Mai 68. C'est justement par rapport à ce slogan que l'on peut apprécier la réalité du bilan de l'esprit de Mai 68. L'autorité contestée d'hier a trouvé un nouvel allié : le conformisme. Le conformisme, c'est la liberté perdue par affinité avec un schéma qui guide dans la douceur et l'adhésion. Sous cet angle on est donc loin de l'esprit rebelle de 68. On est loin de l'affirmation d'un individualisme qui doit régner sur tout. Ce conformisme n'a-t-il pas fait naître une forme redoutable de totalitarisme avec un modèle quasi-unique de consommation, chacun derrière son ordinateur, le téléphone cellulaire à l'oreille pour se rendre dans des grands centres commerciaux avec des produits de plus en plus identiques au-delà des frontières … Dans ce contexte, qui pourrait sérieusement prétendre que la société de consommation n'a pas gagné l'après Mai 68 ? Dans la foulée, Luc Ferry pousse même l'analyse à considérer que l'après 68 est tel que c'est une "révolution faite par le grand capital" tant Mai 68 a emporté les valeurs traditionnelles qui freinaient la consommation  car pour consommer sans entrave il faut casser les valeurs spirituelles, morales et traditionnelles … ce qu'ont fait les acteurs de mai 68 ". Luc Ferry défend une interprétation de Mai 68 non pas comme mouvement de lutte contre la société de consommation mais de libération de la consommation de masse. Par cette référence particulière à l'affirmation, à la liberté et à la consommation, Nicolas Sarkozy apparaît bien comme un héritier direct de Mai 68. Cette référence doit être maniée avec une extrême précaution. A son tour, l'équilibre né de 68 n'est-il pas en effet menacé ? Quand on voit notamment en milieu scolaire l'incapacité à encadrer des classes déchaînées contre "le système qui les exclut". N'a-t-on pas le sentiment qu'une nouvelle fois le système est au bord d'une nouvelle crise profonde ? Il est certain qu'à l'exemple de 68, dans de nombreux domaines se dégage le sentiment que le balancier doit retrouver un nouvel équilibre. Sous cet angle, Nicolas Sarkozy a un défi particulièrement important. Il s'agit bel et bien de liquider une partie de l'esprit de Mai 68 pour ouvrir la France à de nouvelles réactions face à des défis entièrement nouveaux et sortir de blocages culturels paralysants. Le Président doit ainsi être héritier et liquidateur. Cette dualité n'est-elle pas toujours le sort de chacun pour permettre d'avancer ?

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