Levé je-sais-pas-quelle-heure, on évite encore une fois la douche et les toilettes. On y raconte que c'est l'entrée de l'enfer. Bouchés, dégueulasses, c’est le cœur bien accroché qu’il faut affronter les wc, on n’ira pas vérifier. Les pissotières du site du festival nous suffisent déjà, un carré aménagé qui se sera transformé en trois jours en une sorte de lac où un parfum peu délicat vient vous chatouiller les narines. On ne tarde pas à filer à Saint Malo se taper une galette (ou deux) au corps de garde et retrouver des amis venus pour la soirée du samedi, il faut dire que le combo Tame Impala/Hot Chip a du attirer du monde.
En attendant c’est Trésors qui passe sur la plage, un duo Français qui joue avec des tas de pédales et des tas de synthés pour un résultat assez sombre mais plutôt envoutant et sacrément efficace. Malgré la qualité du live, on papillonnera à droite à gauche pour profiter d’une baignade et d’une douche bien méritée.
Le concert terminé on file à la voiture garé à 20/30 minutes de la plage (il est très dur de se garer gratuitement à Saint Malo le weekend du 15 août) et on retourne sur le site plus rapidement que d’habitude grâce au super GPS qui nous fait prendre des raccourcis. On décide de prendre notre temps au vu des premiers groupes qui passent. Ainsi on passe à la trappe Widowspeak qui passe un poil trop tôt, Junip (diffusé sur Arte Live Web)qui nous laisse de marbre (bien que les échos aient été assez positif concernant leur prestation) et Concrete Knives qui a du faire 300 concerts cette année tant on a l’impression qu’ils passent partout (diffusé sur Arte Live Web également)
Par contre, pas question de louper le rock des Parquet Courts, on essaie de se positionner devant mais apparemment on n’était pas les seuls à vouloir assister à leur concert tant la foule est serrée tant pis on écoutera là encore de loin mais le résultat est plus que satisfaisant. Contrairement à l’album qui a un faux rythme (chansons casses gueules entre deux brûlots), Parquet Courts assure de bout en bout en revisitant tout un pan de la musique du rock garage au post-punk. De nombreuses références se bousculent dans notre tête mais la qualité de leurs compositions et l’énergie déployée durant ce live nous a pleinement convaincu, le public aussi d’ailleurs.
Le concert terminé on ne perd pas de temps et on se place au milieu de la foule pour voir Tame Impala. On était curieux de les revoir après la déconvenue d’il y a deux ans. Alors que le groupe présentait son premier album, on avait eu le droit à un concert plutôt chiant (voire beaucoup) et assez plat. Bon et bien c’était le jour et la nuit. Bien que très fidèles aux disques, les Australiens ont réussi à donner une toute autre ampleur à leurs chansons en boostant le son. Alors que des visuels psychés défilent derrière, on est happé par ce show parfait et carré. A dire vrai, ils ne pouvaient pas faire mieux en matière de qualité sonore. Et puis quelle setlist bordel! En deux albums, ce groupe a réussi à collectionner un nombre de tubes assez dingue qui prouve bien que Tame Impala fait partie des groupes qui va compter, Kevin Parker est en passe de devenir une figure incontournable de la musique indé. La Route du Rock a eu la bonne idée des les programmer cette année car ils seront très certainement inaccessible dans les années à venir. S’ils continuent à écrire des chansons toujours aussi bonnes, leur cachet va très certainement grimper au plafond lors de leur prochaine tournée.
Pas le temps de rigoler, à peine fini qu’il faut repartir vers la scène des remparts pour assister au show de Suuns qui avait, il y a deux ans, déjà impressionné le public avec un live hypnotisant. C’était la même ce soir là. A l’aide d’un deuxième album pas mal qui contient quelques morceaux impressionnants (comme le premier disque en fait), les canadiens ont enrichi leur setlist sans oublier les classiques pour bâtir un show qui avait sacrément de la gueule. Dommage que l’on n’ait pas pu s’approcher de la scène (blindée encore une fois) pour apprécier le concert de plus près. On aurait aimé être transporté par ces basses et ces boucles synthétiques Krautrockienne intrigante, par cette violence retenue qui n’éclate qu’à des moments bien précis. Malheureusement, quand on ne voit pas le groupe difficile de les apprécier à leur juste valeur.
Par un malheureux hasard de circonstances, Panda Panda avait passé la soirée seul et ce n’est non sans plaisir que l’on retrouve enfin des Bobbies et des Poppies. On file alors devant la grande scène pour voir Hot Chip. Il faut avouer que ces survivants de l’époque électro/pop ont su malgré des albums inégaux toujours aligner 2/3 tubes par albums. Ce soir là, ils vont à peu près tous nous les sortir. Sachant qu’il est déjà une heure du matin, Hot Chip a pour mission de réveiller les festivaliers et va se transformer en machine à danser. Le fort Saint Père devient alors un club gigantesque où le public va rentrer en communion avec les Anglais. Over and Over, Hold On, Ready for the Floor, Flutes… Tout va y passer ce soir là pour notre plus grand plaisir. La prestation des 5 geeks fera date, bien que ce ne soit pas la première fois qu’on assiste au show des Anglais, on a toujours le même plaisir d’assister à cette grosse fiesta parfaitement orchestrée pas ces maîtres de cérémonies.
Concert disponible sur Arte Live Web.
Alors que les autres vont se coucher, on reste pour voir Disclosure, on a beau les avoir vu deux fois, on est toujours aussi dubitatif quand au buzz crée par le duo Anglais, en même temps, à chaque fois qu’on les a vu on n’était pas toujours en état d’apprécier... Qui plus est, on n’est pas fan de l’album mais bon… Hot Chip a échaudé nos esprits et on avait envie de partir sans la déception d’avoir loupé le dernier concert du festival. Après une longue attente encore une fois, Disclosure arrive. On n’attendait pas grand-chose mais il faudra avouer que le set des deux gamins sera terriblement efficace. En commençant (enfin presque) avec When A Fire Start To Burn, les D’jeuns s’emballent et nous aussi. Plutôt efficace, sans jamais baisser le rythme on restera finalement jusqu’à la fin. Sans s’être pris une grosse claque, le concert ce sera avéré dansant et fun et prouveront finalement que tout le brouhaha autour d’eux n’est pas si immérité.
Le concert fini on repart vers le camping on s’arrête à la buvette pour regarder un peu le phénomène qui enflamme les festivaliers. Avec une sono pourrie, un mec chante sur des titres de Johnny Hallyday, Lara Fabian et autres pointures de la musique Française. Le mec y croit à mort, aidé par ses fans qui le poussent à chanter encore et encore. On me dit que c’est une célébrité dans tout l’ouest Breton. On est amusé de voir ce performeur à la naïveté touchante et poussée par un public taquin mais pas méchant. On regagnera finalement notre tente en repensant à cette 23ème édition qui restera sûrement la meilleure de ces quatre dernières années. En privilégiant des groupes plus "sexy", La Route du Rock a su retrouver un public plus jeune, Nous étions plus de 21 000 spectateurs cette année, les organisateurs ont maintenant pour mission de les fidéliser en maintenant ce cap artistique les prochaines années. Quelques points noirs sont à soulever cependant.
La scène des remparts pas franchement idéale qui a empêché de nombreux festivaliers d’assister correctement aux concerts, les organisateurs en sont conscients et réfléchissent déjà à une nouvelle disposition, on pense que l’idéal serait de mettre les deux scènes côte à côte mais on n’est pas sûr que le site soit suffisamment grand. On regrette aussi qu’il n’y ait pas plus de battement entre le concert à la plage et le premier au fort Saint père ainsi que l'absence d'un groupe qui comblerait l'attente entre les deux derniers artistes jouant sur la grande scène. Enfin, les toilettes qui n’ont jamais été aussi dégueulasses.
Malgré ces détails, La Route du Rock a fait un quasi sans faute cette année et nous donne d’ores et déjà envie de revenir l’année prochaine, l’agenda est bouclé, on sait déjà où on sera l’année prochaine.
Les 6 meilleurs concerts (sans ordre de préférence) :
Bass Drum Of Death Fuck Buttons Hot Chip Nick Cave & The Bad Seeds Parquet Courts Tame Impala
Bonus : Suuns, on était éloigné, et pas franchement bien positionné pour apprécier le concert mais les Canadiens restent un groupe enivrant à voir absolument en live.