« Le temps du silence », le temps de la séparation, de l’exil, loin des siens, loin de son pays. Combien d’années ? Combien de souffrance non dite pour ne pas inquiéter ceux qui, au pays qu’il a fallu quitter, sont sous la domination du dictateur ? La biographie ne résume jamais l’œuvre, mais la vie conduit quand même la plume. Ecrire des poèmes d’amour, pourquoi pas ? Mais l’essentiel pour Ivan Treskow ne fut-il pas la prison, l’exil, la perte de tous les repères, le changement de situation (professeur de biologie au Chili, il devient peintre en bâtiment en France) ? Et son regard se porte sur les gens qu’il côtoie : l’ouvrier venu d’un autre pays où il avait fait des études, celui qui apprend sur un chantier que son fils vient d’être tué là-bas, de l’autre côté de la Méditerranée, celui qui véhicule des histoires comme des croyances qui le tiennent en éveil (« ce hibou qui chante annonce une mort prochaine, parfois ça arrive, parfois non »). Mais comment maintenir les liens avec le passé, avec « les maisons de l’enfance » ? Et transmettre à ses propres enfants ? A toutes ces questions Ivan Treskow répond par l’écriture, poésie, théâtre, roman. Par l’écriture et l’art de la parole exprimée en public (ce soir-là en deux langues, la maternelle et celle de l'exil), par sa capacité à dire l’humain, à nourrir sa conscience tout à la fois de gravité, d’ironie et de dignité, il se tient debout, offrant son amitié.
Demain, 14 septembre, à 20 h 30, Ivan Treskow sera au Théâtre Aleph (30 rue Christophe Colomb à Ivry-sur-Seine – 94) où Oscar Castro le met en scène avec « Les hommes sans visage ».