À l’instar de la collection « Ultimate » de Marvel, ce label « Earth One » (« Terre Un » en français) propose une relecture moderne des super-héros dans un univers très accessible, débarrassé de toute continuité. Mais ce n’est pas tout, car DC Comics profite également de l’occasion pour rompre avec le mode de publication habituel en proposant des histoires complètes de plus de 100 pages au lieu des épisodes mensuels classiques d’une bonne vingtaine de pages. Le concept fonctionne immédiatement et après les deux volumes de Superman (Superman, Earth 1 volume 1 et 2) repris dans l’excellent Superman – Terre Un de Joe Michael Straczynski, se sont maintenant Geoff Johns et Gary Frank qui s’attaquent à cette revisite des origines de Batman dans « Batman Earth One ».
Le duo s’était déjà attaqué aux origines de Superman avec Superman : Origines Secrètes, mais la tâche s’annonçait ici plus ardue. Bob Kane n’a en effet pas immédiatement révélé les origines de son personnage et s’attaquer aux débuts du chevalier noir après l’incontournable Batman – Année Un n’est pas chose aisée. Il n’est de plus jamais évident de narrer une histoire connue de tous car on a soit le risque de livrer quelque chose de trop redondant, soit le risque de trop bouleverser l’univers du personnage et de se faire descendre par tous ses fans. Force est de constater que les auteurs s’en sortent plutôt bien et parviennent à livrer quelque chose de différent et d’intéressant.
Le lecteur découvre tout d’abord un Batman totalement inexpérimenté, qui prend ses marques en tant que justicier et dont les gadgets ne sont pas encore vraiment au point. Outre ce Batman plus humain, le récit propose également des personnages secondaires très fouillés, dont les auteurs se servent avec brio pour bousculer quelque peu l’univers connu du héros. Alfred n’est plus un "simple" majordome ayant fait du théâtre, mais un véritable mentor avec un passé militaire. Jim Gordon n’est pas forcément intègre, Oswald Cobblepot (alias le Pingouin) est maire de Gotham et l’inspecteur Bullock n’est plus celui que l’on connait. Si le personnage de « Happy Birthday » est également assez réussis, c’est néanmoins le personnage d’Alfred qui se révèle le plus intéressant de tous.
Visuellement, Gary Frank livre de l’excellent boulot, non seulement au niveau des émotions transmises par les protagonistes, mais également au niveau l’ambiance oppressante et angoissante dégagée par la ville de Gotham.
Bref, ce premier volet d’une série prévue en trois volumes est à conseiller à tous les néophytes et ne manquera pas de séduire également ceux qui aiment déjà le Dark Knight.
Retrouver également cet album dans mon Top de l’année, ainsi que dans mon Top du mois.