Jardins sauvages surplombés de lumières nocturnes
Jardins sauvages surplombés de lumières nocturnes. Parking
de camions surplombé de lumières nocturnes. Constructions
à sorties de secours surplombées de lumières
Ils m’enjoignent de chercher ici sur les hauteurs
parmi l’éclairage électrique ce soi qui existe,
qui témoigne de la lumière et craint son effacement,
Je décroche de mon mur le paysage avec son eau
couleur bleue, sa gracieuse expression de mauve,
rose, le coucher de soleil s’étend par petites touches quand le vent d’ouest
se lève, le soleil plonge et la couleur s’enfuit dans les délicats
cieux qu’elle a hérités,
j’y place une scène du « Roman du Genji ».
Un épisode où Genji reconnait son fils.
Chacun détourne de l’autre son visage devant tant d’émotion,
de sorte que l’image consiste en des profils flottant
hors de leur permanence,
une ligne de vert déplace ces parentés,
du noir intervient aussi à distances correctes,
les formes des cheveux sont noires.
Le noir décrit le sentiment,
le noir est reconnu comme remords, tristesse
le noir est une coiffe, tandis que les lignes vite s’inclinent,
l’espace s’incline verticalement avec son graduel
besoin de mouvement,
Ainsi l’étreinte du réalisme a trouvé
une image choisie pour couvrir un espace
occupé par une autre image
établissant une flexibilité, alors ne sommes pas immobiles
comme une voiture qui passe sa nuit
dehors par la fenêtre, mais mobiles comme un esprit.
Je flotte dessus cette demeure, et quand je le choisis
y entre. J’ai un intérêt ethnologique
pour cette construction, car je l’habite
et la décision m’a été conférée de transformer
une abstraite image de lumière en la presque histoire de fantômes
d’un prince dont je partage maintenant la principauté,
dans l’assurance duquel j’ai erré.
Des écrans ont été sélectionnés pour prévenir cette intrusion
d’une lumière exigeante et ajouter un clair-obscur,
afin que Genji puisse détourner son visage de son fils,
d’une identification qui est ici douloureuse,
et il s’accorde d’être positionné sur un écran,
ce prince toujours si noble,
chants d’un lointain hanté
s’avançant dans la soie.
La lumière de la fiction et la lumière de surface
s’enfoncent en une vision dont l’illumination
exige ses ombres,
Les Genji quand elles s’élevèrent
s’éloignèrent de la réalité
leur écran démantelé,
sur ce moderne espace qui songe
éclairs de lumière depuis les jardins sauvages.
Extrait de : Barbara Guest : Fair Realism, Sun & Moon 1989.
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
Wild Gardens Overlooked by
Night Lights
Wild gardens overlooked by night lights. Parking
lot trucks overlooked by night lights. Buildings
with their escapes overlooked by lights
They urge me to seek here on the heights
amid the electrical lighting that self who exists,
who witnesses light and fears its expunging,
I take from my wall the landscape with its water
of blue color, its gentle expression of rose,
pink, the sunset reaches outward in strokes as the west wind
rises, the sun sinks and color flees into the delicate
skies it inherited,
I place there a scene from "The Tale of Genji."
An episode where Genji recognizes his son.
Each turns his face away from so much emotion,
so that the picture is one of profiles floating
elsewhere from their permanence,
a line of green displaces these relatives,
black also intervenes at correct distances,
the shapes of the hair are black.
Black describes the feeling,
black is recognized as remorse, sadness,
black is a headdress while lines slant swiftly,
the space is slanted vertically with its graduating
need for movement,
Thus the grip of realism has found
a picture chosen to cover the space
occupied by another picture
establishing a flexibility so we are not immobile
like a car that spends its night
outside a window, but mobile like a spirit.
I float over this dwelling, and when I choose
enter it. I have an ethnological interest
in this building, because I inhabit it
and upon me has been bestowed the decision of changing
an abstract picture of light into a ghost-like story
of a prince whose principality I now share,
into whose confidence I have wandered.
Screens were selected to prevent this intrusion
of exacting light and add a chiaroscuro,
so that Genji may turn his face from his son,
from recognition which here is painful,
and he allows himself to be positioned on a screen,
this prince as noble as ever,
songs from the haunted distance
presenting themselves in silks.
The light of fiction and light of surface
sink into vision whose illumination
exacts its shades,
The Genji when they arose
strolled outside reality
their screen dismantled,
upon that modern wondering space
flash lights from the wild gardens.
Extrait de : Barbara Guest : Fair Realism, Sun &
Moon 1989.
Crépuscule à pois
Le lac était rempli de poissons distingués achetés
à grand prix dans leur jeune âge. C’était un lac curieux, moitié sel,
qui souhaitait instaurer un air de solitude bordé de poésie.
Il y avait là un corps conscient percevant étagements et vagabondes
radicelles, le devoir suggérait qu’il fournisse une ambiance scénique
de contenu, une sollicitude pour émotions qui couvent.
Il méprisait le poisson qui enrichissait les eaux. Poissons
aux corps agiles, à l’obsession désagréable
de se nourrir. Ils dérangeaient l’eau qui préférait
les échos cultivés d’un cor de chasse. À l’intérieur
d’un cœur mercantile le lac vaquait à bécoter, désosser,
peau et yeux aiguisés, quête rituelle en
dépôts fiables pour des luxes plus visqueux. La surface
offrait un appel à la méditation et au répit.
Situé sous la montagne, entouré d’arbres anciens,
le lac présentait une image attirante pour de jeunes ou
mûres romances. Enfin ce fut le choix visuel de deux
silhouettes qui dans la fixité de leur regard partagé étaient
admirés par le lac. Avec tact ils ignoraient les lacustres
poissons, leurs yeux cillaient légèrement sur le clapotis
des bords, leurs pensées s’envolaient ailleurs, par delà même
son ovale à elle de cheveux mêlés, sa nuance à lui d’épingle à cravate.
La scène leur fournit un théâtre, dans la soirée se jouait
la pièce, l’eau le comprit et contraignit sa
source à des échos claironnants et des plaintes argentées. Le
couple évoquait le lac sans parler, par un mouvement
de tête, une main agitée, ils appliquaient une dignité sur la face
du lac créant un courant subaquatique de plaisir physique qui
remuait les eaux.
Quand la lettre tomba. Fragments déchirés que l’homme jeta
sur l’eau, et le vent entraina le papier répandu,
le cyprès plia, la montagne souffla une écaille glaciale.
Poisson qui bondit. Des pois dansants mouchetaient
l’eau crépusculaire et la lueur désuète roussie
des tiges automnales suivit le couple en sa dérobade
sur l’herbe marécageuse comme deux anguilles prises.
Extrait de : Barbara Guest : Fair Realism, Sun & Moon 1989.
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle.
Twilight Polka Dots
The lake was filled with distinguished fish purchased
at much expense in their prime. It was a curious lake, half salt,
wishing to set a tone of solitude edged with poetry.
This was a conscious body aware of shelves and wandering
rootlings, duty suggested it provide a scenic atmosphere
of content, a solicitude for the brooding emotions.
It despised the fish who enriched the waters. Fish with
their lithesome bodies, and their disagreeable concern
with feeding. They disturbed the water which preferred
the cultivated echoes of a hunting horn. Inside a
mercantile heart the lake dwelt on boning and deboning,
skin and sharpened eyes, a ritual search through
dependable deposits for slimier luxuries. The surface
presented an appeal to meditation and surcease.
Situated below the mountain, surrounded by aged trees,
the lake offered a picture appealing both to young and
mature romance. At last it was the visual choice of two
figures who in the fixity of their shared glance were
admired by the lake. Tactfully they ignored the lacustrine
fish, their gaze faltered lightly on the lapping
margins, their thoughts flew elsewhere, even beyond the
loop of her twisted hair and the accent of his poised tie-pin.
The scene supplied them with theatre, it was an evening
performance and the water understood and strained its
source for bugling echoes and silvered laments. The
couple referred to the lake without speech, by the turn
of a head, a hand waved, they placed a dignity upon the lake
brow causing an undercurrent of physical pleasure to
shake the water.
Until the letter fell. Torn into fragments the man tossed
it on the water, and the wind spilled the paper forward,
the cypress bent, the mountain sent a glacial flake.
Fish leapt. Polka dots now stippled the
twilight water and a superannuated gleam like a browned
autumnal stalk followed the couple where they shied in
the lake marsh grass like two eels who were caught.
Extrait de : Barbara Guest : Fair Realism, Sun &
Moon 1989.
[Jean-René Lassalle, choix et traductions]
Bio-bibliographie
de Barbara Guest