La sexualité est synonyme de problème.
Un truc qui devrait être simple et naturel et qui se révèle être pour moi pire à résoudre qu’une équation à au moins cinq inconnus.
Ca a commencé en 3ème, en cours de mathématiques justement, Arnaud, celui qu’on m’avait imposé comme voisin de table, avait les yeux rivés sur mes seins de quinze ans. Et puis, je ne sais pas ce qui lui a pris, il a mis ses mains à la place de ses yeux. Complètement toqué. Je regardais horrifiée à droite et à gauche pour vérifier que personne ne voyait l’affront que je subissais. J’avais rapidement évacué l’idée de crier ou de le frapper car on n’aurait pas manqué de me demander une explication. Et je ne me voyais pas, mais pas du tout, révéler à la prof de maths devant tout le monde «qu’Arnaud me pelotait les seins sans se priver de commentaire ».
Après le cours, il a bien fallu dire la chose à quelqu’un parce que c’est salvateur de dire. J’ai choisi les copines.
- Ah, mais il doit être fou de toi !
Si les voisins de table n’étaient pas que des voisins qui cherchaient à copier les réponses d’un devoir ou, inversement, sur la copie desquels on pouvait jeter un œil en cas de problème, il y avait anguille sous roche.
En seconde, j’ai cherché à sonder le cerveau des garçons. Ca m’a pris un matin en cours d’histoire passé au CDI.
Je travaillais en groupe avec, entre autres, Jean Francis. Nous devions être 4 ou 5 autour d’une table. Des gens de confiance et Jean Francis.
- Jean Francis, est-ce que tu te masturbes le soir ?
Passé le silence, preuve d’abasourdissement et de consternation, le groupe a tendu l’oreille parce que la réponse intéressait tout le monde, évidemment.
- Oui, quelques fois.
Je n’ai pas poussé plus loin l’interrogation, et personne n’a pouffé ou ri comme on pouffe ou rie à cet âge, j’étais tellement surprise, les autres aussi sans doute, qu’il puisse révéler cela avec une telle simplicité quand moi cette question me torturait l’esprit depuis longtemps, est-ce que vraiment les garçons se masturbent ? Légende ou réalité ?
A bientôt 30 ans, je sais qu’ils sont loin de faire que ça et je ne comprends toujours pas très bien, comment c’est possible, comment ça peut arriver. Moi je rêve en douce d’être asexuée comme un escargot. D’imaginer que ma petite personne puisse éveiller des trucs chez les autres, ça me gêne encore, d’ailleurs c’est faux, ça ne me gêne pas, ça me panique.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu