Aujourd’hui Mémé, tu es mon invitée

Ma petite Mémé s’est éteinte ce 11 septembre. Elle est partie au petit matin, sur la pointe des pieds, fière comme elle l’a toujours été.

Ma petite Mémé était tout pour moi.

Elle m’a donné le goût des belles choses, du "raffinement au féminin", transmis les valeurs de notre religion et des traditions juives. Et si sa petite fille, en grandissant, a choisi de vivre une version plus "libérale", il n’en demeure pas moins qu’on est et que l’on reste toujours attaché à ses racines.

Aujourd’hui, tu n’es plus là. 

J’ai alors pris le temps de balayer mon blog, marchant sur tes traces. Je n’avais pas réalisé à quel point il était emprunt de toi, de ta patte, de souvenirs riches et émouvants gravés à jamais, d’odeurs qui filtraient de ta cuisine. Je me souviens de tout, de toi.

Tu vois, si ton don a sauté une génération, ta petite fille chérie s’est inspirée de tous les plats qui défilaient les vendredis soirs et les jours de fête … pour faire vivre son site et partager sa passion culinaire.  

Alors, ma petite Mémé, aujourd’hui, c’est moi qui vais te chouchouter, te gâter et te faire goûter MA cuisine, un pâle reflet de toutes ces heures que tu as passé enfermée à réaliser ces si nombreuses recettes transmises de mère à fille. 

Passons à table et laisse toi faire. Aujourd’hui, tu vas t’asseoir à MA table, entourée de tes enfants, petits enfants, et déguster, fière, le sourire aux lèvres, entrées, plats et desserts de ta Sophie chérie. Levons nos verres, … et comme tu me le disais si souvent,

" SAHA BENTI ! "

 

http://cotesoleil.wordpress.com/2008/09/19/salade-de-carottes-a-lharissa-et-au-cumin-tunisie/

http://cotesoleil.wordpress.com/2008/03/31/chatchouka-ratatouille-tunisienne/

http://cotesoleil.wordpress.com/2008/03/31/mechouia/

http://cotesoleil.wordpress.com/2011/06/20/brick-a-loeuf-tunisie/

La brick à l’oeuf est  – avec les fricassés et le complet poisson - un des plats typiques de la Tunisie.

Ma douce Mémé la cuisinait la plupart du temps, les vendredis midi, quand elle avait pratiquement fini de préparer son long repas du Shabbat et qu’elle n’avait plus qu’une envie : en finir avec la cuisine, tout nettoyer pour enfin faire couler son bain mousseux et se relaxer. C’était un vrai rituel. Je la revoie encore, toujours digne, élégante et raffinée.

Ma petite Mémé d’amour !

Ce plat est un appel à une multitude de souvenirs, de légèreté, de soleil, … , de tendresse. C’est ma madeleine de Proust à moi.

Je l’adore également pour sa simplicité et ce mélange quasi instantané de craquant et de moelleux. Mordre dans cette brick nappée d’harissa maison (eh oui, c’est comme ça que je l’aime) et happer ce jaune d’oeuf coulant est quasi régressif. Ce n’est que du bonheur !

Alors à toi ma petite Mémé, ce petit clin d’oeil. Je ne te dirai jamais assez merci pour tout ce que tu m’as apportée. Je t’aime.

http://cotesoleil.wordpress.com/2011/11/04/ojja-aux-merguez-tunisie/

Ma Mémé achetait ses plateaux d’oeufs par 30. Gâteaux, pain, plats traditionaux, … et ojja lui permettaient d’épuiser son stock de façon hebdomadaire. La ojja ! Mon Dieu, ça remonte loin ! C’est un plat traditionnel, très facile à préparer et qui fait généralement l’unanimité dans les familles "juives tun".

J’ai eu un jour un  flash. Je revisualisais une spécialité qui remonte à mon enfance. Je ne lui donnais pas de nom, je savais que c’était à base de merguez, d’oeufs et d’harissa, j’en avais le goût, mais … et, c’est grâce à internet, que j’ai pu renommer cette envie soudaine, cette reminiscence, la replacer dans son contexte, et revoir ma douce grand-mère en cuisine pour, comme d’habitude, nous régaler.

Alors, je vous invite à découvrir ou comme moi, redécouvrir cette spécialité haute en couleurs et en goût. Et j’espère de tout coeur, que vous vous régalerez autant que la petite Sosso que j’ai été. 

http://cotesoleil.wordpress.com/2009/09/07/complet-poisson-tunisie/

http://cotesoleil.wordpress.com/2010/10/13/boulettes-de-viande-du-shabbat-tunisie/

Une semaine chez ma tata Rachel (et quelle semaine ! ), et me voilà plongée dans une cuisine traditionnelle et familliale, qu’elle perpétue avec amour et passion (ça doit être de famille).

Aujourd’hui, première leçon : réaliser les boulettes de Mémé.

Mon Dieu, que de souvenirs me reviennent en mémoire. Je revois ma grand-mère affairée dès 7 heures du matin dans sa cuisine, pour préparer le pain du Shabbat et les boulettes qui accompagneront le couscous du vendredi soir. Et comme elle ne savait pas comment me faire plaisir, j’avais toujours droit à ces boulettes frites et brûlantes, que je mordais à pleines dents, parce qu’elle savait que je ne les appréciais pas plongées dans un bouillon. Ma sacrée Mémé !

Merci à ma Tata pour ce retour aux racines et pour ce cours très personnel …  

http://cotesoleil.wordpress.com/2012/09/17/koukla-quenelles-de-semoule-tunisie/

J’ai retourné le Net dans tous les sens, en vain.

Je n’ai jamais réussi à trouver la recette de ma Mémé, qui préparait chaque vendredi soir, sans exception, les fameuses kouklas pour accompagner le couscous du Shabbat.

C’était un vrai rituel. Levée vers les 6 heures, elle s’enfermait dans sa cuisine pour préparer son pain, toujours la même et éternelle génoise qu’elle nappait en son milieu d’une couche de confiture d’abricots puis qu’elle recouvrait de meringue, … pour finir par le traditionnel "couscous à la viande".

Mais voilà, je n’aime pas la viande, et déjà petite, je trouvais toujours des astuces pour éviter d’en manger.

Alors, dès qu’elle repartait dans sa pièce favorite pour nous apporter la suite du repas, je redéposais très rapidement et en toute discrétion mes boulettes de viande dans l’assiette de mon grand-père (qui n’attendait que ça), pour ensuite piocher, l’air de rien, quelques kouklas … sous le regard attendri et amusé de ma Mémé - car vous vous en doutez bien, elle n’a jamais été dupe de mon manège, même si elle ne m’en a jamais fait la remarque.

Ce petit jeu a duré des années, avec toujours autant de précaution de mon côté et de discernement de sa part. Quand j’y pense … comment ai-je pu croire qu’elle ne voyait rien.

Ma petite Mémé adorée. Ses Kouklas, je les ai adorées !!!

Adorées, jusqu’au jour où, j’ai vu ma Mémé les préparer. Gloups ! En plus de la semoule et d’autres ingrédients, elle incorporait de la graisse de poulet hachée. Le choc ! un véritable choc, de la haute trahison ! S’en était fini pour moi ! Adieu boulettes c’est sûr et sans regret (encore qu’aujourd’hui …), mais également les fameuses quenelles de mon enfance !

…

Les années ont passé. Ma petite Mémé, qui est  toujours de ce monde, ne cuisine plus du tout.

Depuis, j’ai fait la connaissance de Colette. Une "Tun." comme nous, une amie d’enfance à ma tante, extrèmement généreuse, foncièrement drôle, que j’adore.

Il n’y a pas d’autres mots, je l’adore !

Cette femme aux talents culinaires incontestables a réussi à me réconcilier avec cette spécialité à base de semoule pour la bonne et simple raison, qu’elle ne met pas de graisse animale dans sa préparation - et croyez-moi, ses kouklas demeures ultra fondantes et moelleuses.

Invitée régulièrement chez elle pour les fêtes juives, je l’ai harcelée des mois durant pour obtenir quelques recettes traditonnelles, notamment ses fameuses kouklas et comme Sosso est très tétue (n’est-ce pas mon amour) et ne lâche jamais, elle a obtenu gain de cause ! et oui, je suis aussi comme ça (et ça m’amuse beaucoup !!!).

Voici donc ENFIN, et pour vous, "Tun" ou pas, LA recette de ma Madeleine de Proust que j’ai tant recherchée. J’espère que vous apprécierez. Quant à moi, je m’en régale d’avance !

http://cotesoleil.wordpress.com/2011/02/28/harissa-de-ble-tunisie/

Un plat dégusté dans un petit bistrot de Paris, composé d’ingrédients "rustiques" en compagnie de mon cousin, et c’est une immense vague de souvenirs qui émergent. J’avais choisi une épaule d’agneau accompagnée de grains de blé cuits dans le jus de la viande, … un vrai délice !

Mais pour moi, le blé est associé à un plat typique que ma grand-mère nous servait le samedi midi. Respectant le Shabbat, elle préparait cette spécialité la veille et la laissait mijoter des heures entières sur une plaque chauffante recouverte d’une couverture. Détestant la viande (j’ai un peu évolué depuis), je redéposais discrètement les morceaux de macreuse de boeuf dans l’assiette de mon grand-père (même si ma Mémé n’était pas dupe), et savourais ces graines gorgées d’épices et d’harissa, avec des oeufs durs et des "kouklès" (quenelles à base de semoule). J’adorais ça !

Alors, d’un air entendu avec mon cousin Yoyo, j’ai décidé de rechercher cette recette traditionnelle et de la préparer en souvenir de ces moments où nous étions tous atablés dans le petit appartement mais oh combien chaleureux, de ma Mémé.

http://cotesoleil.wordpress.com/2009/04/06/msoki-ragout-de-legumes-de-printemps-tunisie/

Mercredi, c’est Pessa’h, la Pâque juive et une très belle occasion pour savourer les légumes de saison : épinards, fèves, petits pois, …

Bien entendu, ma Grand Mère, grande prêtresse des traditions, était aux fourneaux dès l’aube et préparait ce plat annuel et festif avec beaucoup d’attention, pour toute la famille…

La réalisation de ce plat unique sera pour moi l’occasion de retrouver toutes ces bonnes odeurs de mon enfance, qui embaumaient la maison pour le plus grand plaisir des petits et des grands.

http://cotesoleil.wordpress.com/2008/09/29/pkaila-ragout-depinards-tunisie/

http://cotesoleil.wordpress.com/2008/09/17/couscous-au-poisson-tunisie/

Nostalgie, nostalgie quand tu nous tiens …

S’il y a un plat qui a une très grande place dans mon coeur et qui doit en avoir une, incontournable dans ce blog, c’est bien la recette du Couscous au Poisson. Un plat hérité de ma tendre grand-mère et de ma mère.

Le couscous au poisson est une recette typiquement tunisienne. Même si elle figure à la carte de certains restaurants maghrébins, elle fait partie intégrante du patrimoine de ce pays. Pour moi, c’est de loin le meilleur accompagnement de couscous, le plus fin et le plus raffiné, où se mèlent des ingrédients colorés et parfumés.

Voici donc cette spécialité que j’ai essayé de reproduire dans la plus pure tradition, et que je dédie non seulement aux femmes de ce pays, mais surtout à ma petite Mémé adorée.

http://cotesoleil.wordpress.com/2010/09/15/boulo-de-kippour-tunisie/

Dans quelques jours, c’est Yom Kippour, le Jour du Grand Pardon, un jour sacré dans la religion juive.

A cette occasion, ma douce Mémé avait coutume de préparer un gâteau à base de semoule fine, d’amandes, de raisins secs et de sésames, le tout arrosé d’un sirop maison qu’elle appelait "boulo". Cette pâtisserie, purement sfaxienne, permettait de "casser le jeûne". Je précise que cette recette est sfaxienne car dans d’autres régions de Tunisie, les femmes remplacent la semoule par de la farine, rajoutent le jus d’une orange, de l’anis en poudre et de l’eau de fleur d’oranger, avant de former des petits pains ovales qui ressemblent plus à un cake "sablé", qu’à un moelleux gâteau.

A chaque région sa cuisine, à chaque famille ses traditions !

Quand j’étais petite … et ma grand-mère très affairée dans sa cuisine, mon grand plaisir était de lui chiper les amandes grillées (concassées ou non) qui décoraient ce gâteau, et grignoter les raisins pris au piège dans la semoule et gonflés du sirop, … une autre époque, un autre temps.

Alors à toi ma Petite Mémé, cette recette, en souvenir des temps heureux où j’étais collée à tes jupes, pour mon plus grand bonheur. Tu me manques tant !

http://cotesoleil.wordpress.com/2010/02/24/les-oreillettes-afrique-du-nord/

http://cotesoleil.wordpress.com/2009/09/17/cigares-aux-amandes-au-miel-tunisie/

http://cotesoleil.wordpress.com/2012/09/21/manicottis-tunisie/

http://cotesoleil.wordpress.com/2009/03/09/gateaux-de-pourim-afrique-du-nord/

Il était une fois, en l’an 3392, une jeune et très belle reine, prénommée Esther. Voyant son peuple en grand danger, elle réussit à détourner le complot  mis en oeuvre par le méchant conseiller du Roi de Babylone, Aman.

Depuis, il est de coutume, dans la religion juive, de fêter cette commémoration dans la joie et de préparer des gâteaux pour toute la famille. C’est Pourim, qui signifie "sort".

Ma grand-mère réalisait des tonnes de pâtisseries pour l’occasion, aussi variées que bonnes. Une autre époque… Le "sort" veut que la transmission se soit faite par le coeur et que cette tradition se perpétue par amour. Aussi, pour l’occasion, j’ai réalisé des Montécaos, ces biscuits ultra fondants en bouche et friables. Un vrai bonheur !

Ma petite Mémé, je te dédie encore une fois cet article et vais tâcher de m’appliquer pour réaliser, pour la première fois, ces gâteaux au goût du passé, mais très présents dans mon esprit.

Je t’embrasse fort et je t’aime … tout simplement. Bonne fête ma Petite Mémé.

http://cotesoleil.wordpress.com/2009/09/14/confiture-de-raisins-noirs-amandes-grillees/

C’est en regardant un documentaire sur la Turquie, que j’ai eu un flash. Il y a des années de ça, ma Mémé faisait pour Roch Hachana, une confiture rouge avec des amandes grillées dedans et des sésames. C’était des cerises, … non, des raisins noirs. Oui c’est ça, des raisins noirs !!!

Un merveilleux souvenir, que je vais tâcher de ressusciter pour ce nouvel an qui approche à grands pas.

A toi ma petite Mémé, cette confiture au goût et à l’odeur de mon enfance. A toi, avec tout mon amour.