"J’atteins l’âge où proposer une utopie est un devoir" est la première phrase de votre livre Mon utopie. Il existe donc un âge où l’utopie devient une nécessité ?
D’autres défis existent aussi, comme celui de prendre notre temps pour créer des êtres à part entière et réaliser une société de rencontres permanentes. Au fond, apprendre à être ouvert à autrui, voilà ce dont il s’agit : faire du temps la matière première et non l’ennemi. Le matérialisme a créé une société où l’on perd son temps alors qu’il ne peut se perdre. Le temps doit être un allié utile à un choix que je fais. À vouloir penser au meilleur des mondes possibles, n’y a-t-il pas le risque de passer du rêve au cauchemar ?
Diriez-vous que les nouvelles générations qui ont mené les révolutions arabes et conduit le mouvement des Indignés sont utopistes ? Ce sont des générations qui commencent à exiger. Tant mieux. On a besoin d’elles. L’important est de leur dire : « Continuez à exiger, vous n’avez pas fini. » Être utopiste, oui, mais avec la persévérance qui naît de l’espoir en tout ce qui est réalisable.