Je te tiens, tu me tiens par la barba di frati (merveille potagère jusque-là inconnue de nos services)

Par Estebe
Hallélujah!

Merci à toi, Ô Dame Nature, si prodigue, si gironde et si déconcertante.
Merci à toi (toujours Dame Nature, mais méfions-nous des répétitions, ça plombe vite la prose), merci à toi donc de nous procurer des frissons en sortant de ton wonderbra des végétaux aux looks singuliers et aux saveurs exaltantes, qui transforment notre train-train culinaire et en grand huit gustatif.
Bref, merci à toi de nous avoir mis la barba dei frati sous le nez.

Ouf, nous y voilà. La barba du frati, donc, (qui n’a aucun rapport, soit dit en passant, avec la chicorée appelée barbe-de-capucin de par chez nous) est une plante super comestible autant que transalpine, originaire, semble-t-il, de la région de Naples.
On l’a déniché la semaine passée, sur l’étal d’un vendeur de primeurs genevois, branché variétés cocasses. C’est d’ailleurs au même commerçant que l’on doit la découverte du prodigieux poivron padròn. Merci Monsieur.
Bon, qu’est-ce exactement? Ben, un légume en botte, à la queue terreuse et à la tête d’un beau vert sombre, évoquant la plastique de l’algue. La chose peut, dit-on, se manger crue en salade, ce qui, vu sa coriacité, nous semble relever de la pure vantardise. Et puis cuite, la barba s’avère somptueuse, avec un petit goût lutin qui rappelle l’épinard, mais en plus friand et amical.

On s’en allait d’ailleurs la cuisiner au pif, à la hussarde, à l’Estèbe quoi, quand on a croisé l’ami Scoopette, qui ramassait des orties dans un champ pour s’en faire un pesto perso. Si, si, si. Guignez donc la photo. Et notez que pour ce type de cueillette urticante, l’avisée Annick enfile des gants de gynécologue, ce qui nous a fait glousser comme un idiot.

Il se trouve qu’Annick tutoie la barba dei frati. Et nous a donc conseillé un tour de main pour l’amadouer, qui s’est avéré méga probant. Le voilà:
Virez les tiges terreuses. Puis lavez à grande eau et à répétition la barba, qui est cracra de chez cracra. Et hop, au panier vapeur une dizaine de minutes. Pendant ce temps, faites sauter une gousse d’ail émincée et un petit piment dans de l’huile d’olive. Ajoutez la barba. Mélangez avec componction. Et achevez le mouvement avec un filet de citron et une bonne pincée de sel. Puis croquez en riant.

Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on mastique la barbichette d’un moine.

Que Chuck Berry soit avec vous, amen