Franz Ferdinand est revenu, certains diront de loin. Globalement décrié par la critique, le précédent opus des quatre écossais (Tonight) reste je trouve un excellent disque, certes différent des anciens mais toujours magique, innovant et spécial.
Avec Right Thoughs, Right Words, Right Actions, le quatuor semble revenir à ses amours de jeunesse, du rock brut ultra efficace. Instrumentalement et vocalement impressionnant, parfait presque, l’écoute se révèle cependant décevante. Décevant et non pas mauvais, différence importante qu’il convient de souligner ici. Right Thoughs, Right Words, Right Actions serait un premier disque brillant, étant le quatrième, il en est bien plus terne.
Mais quand on a composé Ulysses, Darth of Pleasure, Lucid Dreams ou The Dark of The Matinée, comment s’améliorer encore ? Comment se renouveler ? Comment ne pas décevoir ?
A cette question, les Franz Ferdinand ont préféré la facilité (relative, pour eux, pas pour vous hein) en se rapprochant de leurs compositions passées, plus anciennes. C’est le principal défaut de ce disque, si les 11 chansons vous feront assurément danser et sauter, elles sont loin de révolutionner le genre ou d’y apporter une fraîcheur nouvelle et attendue.
Right Action est pour moi l’une des plus mauvaises chansons présentes ici. Loin d’être désagréable, ce morceau cristallise mon scepticisme, il reste trop répétitif voir ennuyant et ne parvient pas à convaincre : la faute à un riff de guitare creux et l’absence d’envolée finale surement.
Pour la suite, les Franz Ferdinand nous offre un retour dans les 70’s avec Evil Eye, inspiré (très ?) fortement de The Clash. Clin d’œil que j’imagine assumé tant ils poussent la ressemblance jusqu’à imiter le cri aigu et strident de Joe Strummer. Accompagnée d’un clip cool.
La première impulsion Love Illumination électrise notre corps, une track excellente et imparable qui promet une suite extatique. Malgré ce son de guitare qui rappelle The Black Keys et ce break de saxo déjà entendu, la voix magnifique d’Alex Kapranos et le solo de clarinette donnent ces lettres de noblesses à l’ensemble.
Stand On The Horizon est pour moi la meilleure track de l’album, on y retrouve le groupe tant adoré, fantasmé, faussement simple à première vue mais travaillée à l’extrême. Riff de guitare hallucinant de classe, plusieurs breaks extra jouissif pour quelques 4 minutes de montée continue et orgasmique. Todd Terje a travaillé avec le groupe sur ce titre, y a laissé sa patte dorée et livre une version « extented » de toute beauté.
Ouverture apaisante et excitation progressive alors que s’ajoutent les instruments jusqu’aux premières notes vocales. Notes tant Alex joue de sa voix avec facilité et souplesse. La beauté de The Universe Expanded réside dans sa structure et son agencement. Les inflexions parfaitement maîtrisées de Alex Kapranos modulent la chanson, exaltent les oreilles et embrasent les membres. Les Franz Ferdinand atteignent un nouveau sommet et continuent leur ascension dans l’efficacité faussement simple.
Avec Bullet et Treason! Animals, les quatre écossais retrouvent la vigueur de leur début pour une virée rock impétueuse joyeusement exténuante.
Fresh Strawberries et son refrain qui rappelle des Beatles talentueux. Encore une fois, la voix reste exceptionnelle et il est possible de ressentir le sourire charmeur du chanteur derrière son micro, évoluant avec confiance dans son élément. Encore une fois, cela manque de charisme.
Goodbye Lover & Friends, dose vibrante de Tonight (“Don’t Play Pop Music, you know I hate pop music”). Souffle inspiré rappelant « Turn It On » dont on ressort heureux.
Aucune fosse note, aucune véritable erreur : Right Thoughs, Right Words, Right Action n’est pas objectivement critiquable tant la maîtrise et de talent imprègnent chacun de ses instants.
Reste cette sensation que le groupe n’a pas dévoilé le reste, cette part cachée, cette part qu’on aime et qu’on attendait. La véritable essence des 4 musiciens et leur musique que l’on n’aperçoit que trop rapidement ici sur Stand On The Horizon et The Universe Expanded. Lorsque l’on réécoute Jacqueline, This Fire, No You Girls ou même Can’t Stop Feeling, impossible de ne pas vouloir revivre une telle expérience. Sans parler des expérimentations géniales sur Blood.
C’est peut-être ici qu’apparaît la limite entre talent et génie. Alors que l’inspiration était le souffle entrainant des précédents opus, il ne reste maintenant plus qu’une efficacité, certes absolue, mais bien moins séduisante que le flot éclatant espéré.
Les FF restent dans nos cœurs et l’on réécoutera RT, RW, RA avec un plaisir évident, mais toujours entaché de cet espoir frustrant, de ce désir inassouvi de nouveauté. Reste le live où les quatre garçons continuent d’éblouir par une fougue folle, un charisme rare et une joie/plaisir contagieuse.
See you next time boys.