Marianne révèle que l'ambassade de Chine a organisé la manif pro-chinoise à Paris? La préfecture comme le ministère de l'Intérieur restent muets. Au moins une chose qu'ils ont apprise de leurs homologues chinois.
Les péquins parisiens n'en sauront pas plus sur les remous occasionnés par les J.O. dans la capitale française. Un article du magazine Marianne révèle cette semaine que la manifestation «spontanée» pro-chinoise organisée samedi 19 avril place de la République aurait été téléguidée depuis l'ambassade de Chine. Interrogée à nouveau par Marianne2.fr, la préfecture continue pourtant de garder le silence, se contentant de déclarer que la demande d'autorisation de manifestation a été déposée par «une personne» dont les qualités ne seront pas divulguées. Elle ajoute qu'il ne s'agissait pas «d'interlocuteurs ordinaires des services de police»... Raison de plus pour diligenter une enquête, dira-t-on, comme c'est le cas de toute façon pour toute manifestation. Mais sur ce point, la préfecture reste également muette. Lors de cet événement, qui s'est avéré très bien organisé – slogans, ordre de marche et tee-shirts à l'appui – on pouvait entendre des étudiants chinois «spontanément» fustiger «les politiciens français» et la «désinformation des médias». «Les autorisations de manifestation sont généralement négociées de gré à gré… On sent les effets d'une politique diplomatique ambigüe vis à vis de la Chine», analyse une source interne à la préfecture.
Les Chinois aux commandes
Place Beauvau, on n'en sait pas plus. La «personne» qui a déposé une demande d'autorisation de manifestation est peut-être proche de l'ambassade de Chine, comme l'affirme Marianne, mais le ministère n'est pas en mesure de répondre aux questions que peuvent se poser à ce sujet les citoyens français. Concernant, par ailleurs, les débordements qui ont émaillé le parcours de la flamme olympique et le rôle joué dans ce cadre par les autorités chinoises, l'Intérieur avoue un certain embarras. Les services d'ordre chinois avaient-ils les mêmes prérogatives que les policiers français ? Le caméraman de France 2 avait-il vocation à se faire molester ? Sur ce dernier point, le ministère explique qu'«une enquête de l'Inspection générale de police a été diligentée, d'où il ressort que le caméraman a pris un risque en pénétrant la bulle de protection qui entourait la flamme olympique.» Pouvait-il se douter que ce «risque» lui occasionnerait une nuit d'hôpital ?
Bizarrerie juridique
A la préfecture, on précise que le rôle des services de police n'a pas été simple. «Nous étions dans une sorte de bizarrerie juridique : le cadre de la convention qui régit le parcours de flamme. Le pays hôte des Jeux en est responsable. Dès février, nous avons discuté avec les représentants chinois pour mettre au point cet événement. Au début, ils souhaitaient même interdire toute manifestation lors de son passage». Au sujet du caméraman, la préfecture explique que les accréditations des journalistes étaient distribuées par les autorités chinoises. Conséquence : les services de police français étaient sur la touche et ne savaient même pas quel média était «autorisé», ou pas, à suivre la manifestation. «Nous avons essayé d'agir dans le respect de la démocratie et des conventions diplomatiques.» Mais démocratie et diplomatie font-elles bon ménage ?
source:http://www.marianne2.fr/Ambassade-de-Chine-ministere-de-l-Interieur-1-0-a-la-mi-temps_a86722.html