Ces neuroscientifiques de l’Université de Californie-Irvine prennent la suite d’une équipe du MIT qui, déjà, était parvenue à reproduire de mauvais souvenirs mais aussi à implanter des souvenirs factices, dans le cerveau de souris. Ici, les chercheurs créent aussi de nouveaux souvenirs mais en modifiant directement le cerveau. Une recherche essentielle pour mieux comprendre et éventuellement résoudre les troubles de l’apprentissage et de la mémoire. Une drôle de manipulation corticale…présentée dans l’édition du 29 août de la revue Neuroscience.
Modifier directement les cellules du cerveau dans le cortex cérébral, c’est en gros l’expérience réalisée par l’équipe du Pr Norman M. Weinberger, professeur de recherche en neurobiologie et comportement à l’UC Irvine. L’équipe a d’abord joué une tonalité spécifique pour préparer les souris puis stimulé le noyau basal (Nucleus Basalis-NB), une structure située à la base du cerveau, dont les cellules nerveuses libèrent un neurotransmetteur, l’acétylcholine, impliqué dans la formation de la mémoire. En stimulant le NB, les chercheurs ont induit une augmentation du nombre de cellules du cerveau qui répondent à cette tonalité spécifique. Le lendemain, les scientifiques ont joué une série de sons et constatent que la respiration des souris s’accélère lorsqu’elles entendent la tonalité spécifique, jouée au départ de l’expérience. Un souvenir spécifique a donc été créé par une intervention directe sur le cerveau. Ces souvenirs, précisent les chercheurs, ont les mêmes caractéristiques que des souvenirs « naturels » dont une rémanence de long terme.
Induire une plasticité neuronale spécifique pour induire un souvenir spécifique : Ces résultats fournissent la première démonstration d’une correspondance entre l’induction artificielle de la plasticité neuronale spécifique à une représentation, et l’induction artificielle de la mémorisation de cette représentation. Le remodelage de réseaux sensoriels du cortex s’avère donc suffisant pour créer des souvenirs ayant un contenu spécifique. C’est donc une voie thérapeutique pour les troubles de l’apprentissage et de la mémoire. L’aboutissement aussi de nombreuses années de recherches portant sur noyau basal, l’acétylcholine, la plasticité du cerveau et de formation de la mémoire.
Source: Neuroscience 29 August 2013 doi.org/10.1016/j.neuroscience.2013.04.038 Remodeling sensory cortical maps implants specific behavioral memory (Vignette NB@UCI)
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