Syrie : la guerre se fonde sur des renseignements biaisés" border="0" title="INTERNATIONAL > Syrie : la guerre se fonde sur des renseignements biaisés" />
©Reuters
Le dossier de l’administration sur l’usage d’armes chimiques par le gouvernement syrien est extrêmement vague, et d’anciens agents du renseignement déclarent que les informations accessibles au public prouveraient plutôt que le gouvernement syrien n’a pas perpétré ces attaques.Alors que l’administration Obama affirme que des documents classés secret défense prouvent bien que le gouvernement d’Assad a perpétré les attaques chimiques dans les faubourg de Damas, de nombreux Congressistes -qui ont pu lire les documents classés secret défense- déclarent qu’ils ne valent pas mieux que la note de synthèse demandant l’intervention armée et… qu’ils ne prouvent rien du tout.
Justin Amash, membre du Congrès, a déclaré la semaine dernière : "En fait, ce que j’ai entendu lors de la réunion de présentation d’Obama m’a rendue encore plus sceptique sur certains aspects importants du discours Présidentiel en faveur d’une attaque." Il a observé hier, après avoir assisté à une autre réunion confidentielle et après avoir examiné plus de documents secrets : "Nous avons assisté à une autre réunion sur la Syrie et passé en revue d’autres documents. Maintenant je suis encore plus sceptique que jamais. Je ne peux croire que notre Président pousse à la guerre."Tom Harkin, autre membre du Congrès a déclaré à son tour : "Je viens juste d’assister à la réunion confidentielle du Congrès sur la Syrie, et franchement, elle soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Ce que j’ai pu voir présenté par l’Administration m’apparait de seconde main."
A titre d’exemple, la députée démocrate du New Hampshire Carol Shea-Porter avait quitté jeudi dernier une audience confidentielle en déclarant qu’elle était opposée à toute intervention : "Je pense que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir pour rendre ce dossier crédible" a-t-elle déclaré après la réunion. "Il semble que nous soyons tous très préoccupé et que la tendance soit au non."
Alan Grayson, congressiste, attire l’attention dans le New York Times : "Le dossier stipulant l’attaque de la Syrie n’est constitué que de 2 documents : un résumé de 4 pages de renseignements non classifiés, et un résumé classifié de 12 pages. Le premier ne fait qu’énumérer des indices de preuves uniquement à charge en faveur d’une attaque. Je ne suis pas autorisé à vous dire ce qui figure dans le second (…) le second résumé n’est pas plus convaincant que le premier de 4 pages rendu public. Jeudi dernier (5 sept.), j’ai demandé au personnel du Comité Parlementaire du Renseignement (House Intelligence Comittee) s’il y avait d’autres documents à disposition, classés secrets ou non, et leur réponse a été négative. Les notes de synthèse sur les armes chimiques syriennes se fondent sur des centaines de documents sous jacents du renseignement. La note accessible au public cite des interceptions d’appels téléphoniques, des posts sur les "réseaux sociaux" et d’autres documents de ce type, mais aucun de ces documents n’est joint ou même cité in extenso -même pas des reportages vidéo obtenus sur youtube. Quant à savoir si la note de synthèse confidentielle est du même type, bien sûr je ne peux pas la commenter… "
Aujourd’hui, les membres du Congrès sont supposés accepter sans discussion, que les partisans d’une attaque de la Syrie ont correctement décrit les indices sous-jacents, même si ces partisans refusent de montrer le moindre document. Pour obtenir l’accès à ces documents classés secrets, il faudrait franchir une série d’obstacles au delà du raisonnable, en vertu d’instructions transmises par le Président du Comité du Renseignement. La prise de note y est prohibée. Après avoir quitté les lieux, il est interdit de communiquer avec le public, les médias, les administrés ou même d’autres membres du Congrès sur la note de synthèse classée secrète. En refusant de divulguer les données sous jacentes même aux membres du Congrès, l’administration rend impossible pour quiconque souhaiterait le faire, de juger de façon indépendante si ces affirmations sont correctes ou non.En résumé : la course vers la guerre se fonde sur des renseignements biaisés, et rappelle beaucoup l’affaire irakienne.F/G