Connus pour être démographiquement biaisés, les réseaux sociaux pourraient bien tenir leur promesse en tant qu’outil démocratique. Pour cela, il convient en fait de trouver les bonnes méthodes d’analyse du discours.
Les réseaux sociaux ont entraîné dans leur sillage un débat sur le degré de représentativité de la population « réelle »ou « physique ». Ce débat apparaît légitime puisque ceux-ci promettent à tous de pouvoir s’exprimer. Des chercheurs de l’université de Santiago du Chili et de Barceloneont donc mis au point une méthode d’analyse pour évaluer le degré de représentativité de la population du Chili, pays le plus connecté d’Amérique Latine. Twitter a été bien évidemment le réseau étudié puisqu’il semble le plus à même de mesurer les interactions dans la sphère publique.
Localisation sémantique et modèle de projection
Le réseau social a été particulièrement observé durant les élections municipales de 2012, période durant laquelle l’émulation de la parole publique est à son paroxysme. En combinant les métadonnées renseignant la ville d’un individu et un référentiel sémantique à base de noms de lieux ou de particularités de langage, il a été possible de localiser l’émission des tweets. Ceux-ci ont ensuite été catégorisés selon 12 classifications géographiques de taille croissante (de la municipalité à l’Etat). Une extrapolation statistique a ensuite suffi à cartographier avis ou sujets récurrents par région et par densité de population. L’extrapolation statistique semble n’avoir été en fait qu’une projection de la population physique sur la communauté virtuelle sur cet exemple. En effet, populations physiques et virtuelles sembleraient partager la même distribution spatiale.
Une population virtuelle fortement corrélée à une population physique
L’intérêt de cette étude est somme toute appréciable dans la mesure où celle-ci permet de fournir une chronologie géographiquement diversifiée des sujets. Les travaux futurs devraient ainsi porter sur la représentation de flux multithématiques dans différents pays. La donne a en effet son importance puisque le pays prend la voie de la centralisation alors qu’il souffre d’importantes disparités géographiques. En utilisant cette méthode pour extraire les messages démographiquement pertinents, l’utilisation de Twitter semblerait donc bien in fine représentative de la population.