Je n'ai pas savouré ce volume, je l'ai éprouvé. Ce n'est pas la premier livre de Walking Dead qui m'ennuie, à la fois à la lecture et par ce qu'il représente vis à vis de l'évolution de la saga. J'avouerais sans peine que l'arc de la Prison et surtout sa conclusion a été pour moi le sommet de l'histoire et qu'on prend donc la pente descendante. Difficile de faire plus intense, plus violent et plus choquant. Pourtant, les livres s'enchainent depuis un bon moment et cet arc s'est terminé il y a longtemps. Le problème étant pour moi que Kirkman n'a pas réussit à se renouveler assez bien. Je pense, peut être à tord, que les deux auteurs profitent de la vague de succès de leurs comics, surtout grâce à l'adaptation télévisée qui pourtant ne lui est pas fidèle pour un sous, au détriment de la qualité de l'histoire.
Le problème n'est pas tellement que la série continue, mais plutôt qu'elle répète les mêmes schémas encore et encore. Ce volume installe avec un peu plus de profondeur le personnage de Negan, l'équivalent de feu le Gouverneur dans ce nouvel arc. Alors bien sûr, pas question de se retrouver avec une copie conforme, mais les similitudes sont à la fois frappantes et dérangeantes. Dans les volumes précédent, Rick et son groupe trouvent un endroit où ils se pensent pouvoir reconstruire leur vie, retrouver un semblant de normalité. Ils rencontrent ceux qui habitent déjà sur place, s'allient pour se protéger les uns les autres, jusqu'à que fasse surface un homme mettant en péril leur survie. Je viens de décrire à la fois l'arc de la Prison et l'arc d'Alexandria. Pour moi c'est un problème, car la série possède une bonne base, de sacré qualités, et c'est tout simplement dommage de refaire une nouvelle fois la même chose.
Selon moi, Kirkman n'ose pas aller plus loin qu'il ne l'a déjà fait. Si on suit un peu la vision qu'il a sur son histoire, il souhaite raconter l'histoire de Rick. Rick et ses quelques amis survivants sont eux les "walking dead", les morts qui marchent. Car ils sont condamnés depuis le départ, n'ajoutant qu'un peu de répit à leur vie sans sens au fil de leurs péripéties. Du coup, on sait que la série ne va jamais changer de point de vue - ou en tout cas cela serait plus que surprenant - et qu'on restera du point de vue de Rick. Ce qui serait intéressant à mes yeux serait, au lieu de confronter une nouvelle fois Rick à un ennemi, de faire devenir Rick le méchant. Progressivement ajouter de la noirceur dans ses actes et dans ses décisions. Il faudrait que sur un arc de quelques volumes, Rick prenne une direction inhabituelle, qu'on soit déconcerté mais qu'on s'habitue petit à petit à cette nouvelle dureté, compréhensible dans le contexte. Après ça, il suffirait d’assener un arc (final?) où une communauté similaire à ce qu'était celle de Rick au début de l'histoire se retrouverait confronté à ce nouveau dictateur. Faire ça aurait plusieurs utilités. La première étant de varier l'histoire et d'explorer différemment les personnages, confrontés à d'autres situations de survie et d'autres choix moraux. La seconde étant de montrer que peu importe le fond d'un homme, son honneur, ses valeurs, tout peut être balayé par le temps. C'est certainement intéressant de voir Rick prendre de dures décisions, mais ce serait beaucoup plus marquant de faire devenir le héros le vilain.
L'autre problème que j'ai avec ce volume, peut être aussi les quelques précédents, - et c'est probablement plus subjectif qu'objectif - est que j'ai un mal fou à m'attacher à tous les nouveaux personnages introduits depuis la fin de l'arc de la Prison. Dur de passer outre le groupe de base. Et même si dans ce genre d'histoires il est logique de devoir se séparer d'une foule de personnages tout au long de l'aventure, on se retrouve avec nos petits préférés qu'il est dur de remplacer. J'aimais l'idée d'un groupe qui se réduit petit à petit jusqu'à l'extinction. J'aimais également l'idée de Rick et Carl, tous les deux essayant de survivre par tous les moyens. Les nouveaux visage d'Alexandria manquent de charisme. Quelques personnages sortent du lot mais au final, tous se ressemblent et je peine à me souvenir de qui est qui, et surtout quels sont leurs noms. C'est également en partie dû au dessin de Adlard qui manque parfois de profondeur et à son éventail de personnages peu travaillés. Même si son style graphique me plait pour son chaos et sa noirceur, c'est parfois un peu uniforme et en manque de nuances. Dommage.
En résumé, même si je continue à acheter et lire cette série, je suis de moins en moins convaincu par la direction que prend l'histoire et le travail du duo. Je vais probablement acheter la suite pour la forme et pour pouvoir critiquer en connaissance de cause si la qualité de remonte pas à mes yeux.