À la fin de deux semaines de congés pendant lesquelles j’ai vadrouillé et plongé aux abords de la Méditerranée, je me suis rendue à Marseille pour son année capitale… Là, j’ai visité le Mucem, la villa Méditerranée et la Friche de la Belle de Mai (enfin !). Dans ce dernier lieu, il y avait deux expositions : The Butcher par l’atelier Van Lieshout et Des images comme des oiseaux, une traversée dans la collection photographique du Centre National des Art Plastiques. C’est cette dernière qui va nous intéresser ce jour.
John Coplans, Autoportrait, 1987. Centre national des arts plastiques. FNAC 89601. © DR / CNAP
À l’accueil de la Friche, on m’a remis le plan de visite que je me devais de suivre : d’abord le deuxième étage puis le troisième, enfin le quatrième et la terrasse avant de redescendre. Des images comme des oiseaux, se déroule dans les deux premiers étages. Le pitch : il s’agit d’une carte blanche donnée à l’artiste et photographe français Patrick Tosani qui a été, pour l’occasion, farfouillé dans les réserves du CNAP ou Centra National des Arts Plastiques et plus particulièrement dans sa collection photo, il en a extrait 686 œuvres et a demandé à Pierre Giner, artiste inclassable qui utilise dans nombre de ses travaux les nouvelles technologies, afin qu'il déploie les œuvres dans l'espace de la Friche. Quand je suis entrée dans ce premier étage, je crois que je m'attendais à une exposition traditionnelle : des cadres accrochés au mur, des cartels à côté nous indiquant le nom de l'artiste, le titre, la date et la technique et, pour être tout à fait honnête, je n'avais pas envie de cela. Et en fait, ça a été tout autre chose. Pierre Giner a regroupé les œuvres sur des panneaux de bois inclinés que l'on parcourt un peu comme un livre. Les photographies sont placées les unes au-dessus des autres comme dans un accrochage ancien du Louvre où il pouvait y avoir des peintures fixées au mur presque jusqu'au plafond. Au premier étage les œuvres sont sur les plans inclinés et au mur, au second on trouve des vitrines et le même type d'accrochage que dessous mais uniquement au mur cette fois.
Vues de l’exposition Des images comme des oiseaux, une traversée dans la collection photographique du Centre national des arts plastiques. Carte blanche à Patrick Tosani et Pierre Giner. La Friche la Belle de Mai, Marseille, 6 juillet – 29 septembre 2013. Dans le cadre de Marseille-Provence 2013. ©jcLett
Ainsi, à la friche de la Belle de Mai, on passe le long des panneaux et on découvre la sélection de Patrick Tosani. Riche, dense, multiple, surprenante, on est happés par ces photographies qui nous transportent dans des univers différents à chacune d'elles. C'est un peu comme si on était brinquebalés, chahutés, on y trouve des portraits à côté de paysages, des œuvres historiques, contemporaines, etc. Il y a de tout mais pas au point que ça devienne un capharnaüm. On respire par moments, on souffle. Inventer des relations entre les images, une histoire ? C'est possible ! Faire abstraction des légendes ou se concentrer sur elle ? C'est selon l'envie. La sélection des œuvres est colossale, le travail de classement et de mise en espace aussi : un point de vue nous est donné à voir mais il n'est pas figé, il peut évoluer. On peut le parcourir comme on le souhaite, on peut s'arrêter, peut-être le faut-il d'ailleurs. Comment ne pas faire une indigestion ? Comment ne pas être submergés par la masse de photographies qu'il y a à voir et à découvrir ?
Vues de l’exposition Des images comme des oiseaux, une traversée dans la collection photographique du Centre national des arts plastiques. Carte blanche à Patrick Tosani et Pierre Giner. La Friche la Belle de Mai, Marseille, 6 juillet – 29 septembre 2013. Dans le cadre de Marseille-Provence 2013. ©jcLett
Dans cette exposition, il y eut de belles découvertes et des retrouvailles aussi. Pour ces dernières, les Becher, Valérie Belin, Pierre Molinier, Michel Journiac et son rituel pour un corps, Nan Goldin, Orlan, Jean-Luc Moulène, Henri Cartier-Bresson, Nobuyoshi Araki, Dieter Appelt, des photos d'actions d'Otto Muehl ou Gina Pane et tellement d'autres que la liste serait trop longue (bref, du bonheur!). Et pour les découvertes, des artistes que je méconnaissais mais aussi d'autres que je connaissais mais dont j'ignorais certaines des facettes du travail : Robert Doisneau par exemple, comme ne pas avoir en tête,cette fameuse photographie d'un couple s'embrassant dans Baiser de l'hôtel de ville ? Patric Tosani, lui, a sélectionné des photos présentant des tatouages et je ne savais pas qu'il en avait faits. Pour cette exposition, j'aurais voulu rester plus de deux jours à Marseille (et oui, il a bien fallu repartir pour assister au mariage de Christelle-lifeproof mais aussi pour retourner bosser) et retourner la voir : s'y arrêter, se concentrer sur telle partie plutôt que sur telle autre, prendre plus le temps de voir mais surtout tout emmagasiner. Pas forcément évident au premier coup d’œil mais néanmoins possible : les artistes qui ont mis en place cette exposition, l'on rendue digeste malgré le nombre d’œuvres présentées, ils ont tenté et relevé le pari un peu fou de faire s'envoler toutes ces images pour nous les donner à voir... Patrick Tosani dit à propos du titre Des images comme des oiseaux la chose suivante : « j'associe ce titre à celui de certains types d'oiseaux, ceux qui ont un sens aigu de la vision, une extrême mobilité, une capacité de déplacement. Les oiseaux évoquent une multiplicité des actions de regard qu'avec Pierre nous avons cherché à révéler. »
Extrait de "Des images comme des oiseaux"
Avec cette exposition, on peut aller plus loin. Le déploiement dans l'espace imaginé par Pierre Giner n'en est qu'un parmi tant d'autres et il nous propose de jouer à en faire d'autres et pour cela il a mis en place deux applications. La première un Atlas : on peut, à partir d'un ordinateur, remettre en scène l'exposition et l'ordre d'apparition des photographies dans l'espace (ceci pouvant se faire chez soi à partir de son téléphone...). Le second est un mur avec des rectangles peints en noir, avec un smartphone disposant de la technologie NFC, on peut en posant notre téléphone portable (ou celui prêté par le médiateur sur place) accéder à une fiche avec une œuvre sélectionnée de façon aléatoire, à voir par là. Bien que discriminatoire si on n'a pas la technologie en question, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une autre façon de découvrir les œuvres et ainsi la collection si riche et diversifiée du CNAP.
Cécile.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Des images comme des oiseaux, une traversée dans la collection photographique du Centre National des Art Plastiques du 6 juillet au 29 septembre.
La Friche La Belle de Mai, Tour Panorama
41 Rue Jobin, 13003 Marseille
Site internet : http://www.lafriche.org/
Téléphone : 04 95 04 95 04
Du mardi au dimanche de 13h à 19h, vendredi jusqu’à 22h