Au milieu d'un bassin semi-circulaire limité par une chaîne de monts en amphithéâtre que domine de toute sa majesté le Puy-de-Dôme, s'élève la ville de Clermont, baignée par la Tiretaine.
Elle s'appelait aux temps gallo-romains Nemetum et ne manquait pas d'une certaine activité. Mais ce sont les malheurs de Gergovie, sa voisine, qui contribuèrent le plus à sa prospérité primitive parce que ses habitants vinrent y chercher un refuge, après que César eut assiégé et détruit leur cité.
Désormais, consacrée à Auguste qui l'agrandit, la dota d'un capitole et d'un forum, constituée en municipe, elle devint la capitale de l'Avernie. Comme elle s'imprégna rapidement de la civilisation des conquérants, les empereurs y établirent un Sénat et une école de droit latin. Les arts y furent cultivés avec succès et les maîtres habiles qui y enseignèrent les belles-lettres lui firent un grand renom. Le temple de Mercure, dressé à proximité, sur une montagne, en faisait un lieu très fréquenté. On y voyait une statue colossale du dieu, en bronze, mesurant 122 mètres de haut, et que Pline appelle une merveille du monde.
Les Vandales et les Sarrazins la saccagèrent successivement et c'est au VIIe siècle qu'elle prit sa dénomination actuelle de sa citadelle qu'on désignait sous le nom de Clarus-Mons.
C'est dans ses murs que Pierre l'Ermite prêcha la première croisade, en 1095, à la suite d'un concile fameux dont les conséquences politiques ont été considérables.
Montferrand, achetée par Philippe-le-Bel, devint la ville du roi, le siège de sa justice et ce n'est que lorsque Clermont fut adjugée à la couronne, à la suite d'un procès gagné par Marie de Médicis, que le parlement s'y transféra. Tout le mouvement s'y porta aussitôt et Montferrand, délaissée, tomba dans une décadence complète. Aujourd'hui rattachée officiellement au chef-lieu, elle n'en est plus guère qu'un faubourg qui sera incessamment englobé quand les constructions en cours seront achevées.
Cette ville qui, au moyen-âges, a beaucoup souffert des guerres civiles et de l'invasion anglaise, n'a, dans les temps modernes, presque pas d'histoire, comme les peuples heureux.
Restée la capitale de l'Auvergne jusqu'à la Révolution, elle est devenue un des centres les plus actifs du Plateau-Central et s'offre au touriste comme une assez jolie ville qui paraît triste, surtout dans les vieux quartiers dont les rues sont resserrées et bordées de hautes maisons de la Renaissance avec des façades historiées. Et cette physionomie sombre, qui lui vient de ce que ses habitations sont bâties en lave de Volvic - village distant de 8 kilomètres - couleur presque noire forme un contraste très vif avec la campagne d'alentour, ici, riante, avec la fertile plaine de la Limagne, là, sauvage, avec ces volcans qui élèvent leurs dômes, ces coulées basaltiques qui s'allongent en tables découpées par le lent travail des siècles, partout digne de la plus vive admiration, si, par endroits, l'homme ne s'était plu, avec un bon goût parfois douteux, à contrarier et à amoindrir l'oeuvre superbe de la nature.
Quelques-uns de ses monuments valent une mention. Sa cathédrale, qui appartient à la grande époque où l'art ogival parsemait notre pays de tant de chefs-d'oeuvre, peut, par la pureté de son style soutenir la comparaison avec les plus belles et l'églises Notre-Dame du Port est un type complet de l'art roman. Le Palais des facultés, construction moderne en briques, ne manque pas d'agrément non plus.
La fontaine pétrifiante de Saint-Allyre est une curiosité que tout voyageur ne néglige pas de visiter.
Par suite de la proximité des montagnes, le climat de Clermont-Ferrand est très changeant. Les coteaux des environs sont plantés de vignes et l'un d'eux, le Chanturgues, produit un petit vin assez renommé.
La place de Jaude, où se trouve la statue du général Desaix, est la plus remarquable de l'endroit et c'est là que, dans les longues et chaudes soirées d'été, les Clermontois viennent de préférence faire une promenade.
Les principales industries du pays sont la confection des pâtes alimentaires, des confitures, des fruits confits, spécialement d'abricots, qu'on expédie jusque dans les contrées d'Orient. On y travaille les métaux, les bois, les plantes textiles et on y fabrique les plus beaux vitraux de France.
Elle fait aussi un grand commerce de céréales, de bestiaux, de fromage, de toiles, de vins d'Auvergne et exploite des sources d'eaux thermales réputées contre les scrofules et les rhumatismes.
Le grand philosophe Pascal y est né en 1623.
Population en 1896 : 76.197 habitants.