Comme si

Je détestes la mort. J'en ai une peur bleue et je rêve d'immortalité pour y échapper.  C'est une journée bien étrange aujourd'hui. Je la sens partout autour de moi. La mort. Elle me colle à la peau. Ça me met tout à l'envers. Je ne veux pas être méchante. Je veux avoir de l'empathie, mais il faut que le choix se fasse. Elle ou moi. Elle est malade. Ma collègue. Elle était là ce matin et je sentais la mort rodée. Elle n'est pourtant pas SI malade. Une pneumonie plus une bronchite je crois. Pas certaine. Mais j'avais une désagréable impressions en l'entendant parler, en la voyant aller. Ce n'est pas juste sa maladie. C'est en elle. Tout lui arrive. Malheur après malheur. Épreuve après épreuve. J'ai peur. Peur que sa malchance, son incapacité à voir le bon côté des choses, son apitoiement, tout ce qu'elle est se calque à moi. Je me sens mal à l'aise. Je vais aller prendre une douche. Laver ce nuage de noirceur et de maladie qui s'incruste dans chaque pore de ma peau. Je ne veux pas de son désespoir, de sa maladie, de son monde noir, plus noir que le fond d'un puits. Je ne veux ni de son abattement, ni de sa faiblesse. Je ne veux plus la côtoyer. Elle me fait peur. Elle transporte dans son sillage la mort. Elle marche comme une condamnée.  J'ai tournée le dos à la mort. J'ai fait des choix. Je ne veux pas y être confrontée. Je ne veux pas la voir. Je refuse de me laisser happer par ce malaise. Je ne veux pas regarder quelqu'un se laisser mourir. Abdiquer.  Il faut se battre. Ne pas renoncer. Peu importe. La vie. C'est la seule solution. C'est le seule choix possible. Peu importe la douleur, les épreuves et tout ce qui pourra se produire. Tu dois rejeter les épaules en arrières et faire un pied de nez à la mort. Elle n'est pas la plus forte. Ne le sera jamais. Il ne faut pas accepter son sort. Il faut arrêter de s’apitoyer. Arrêter d'être misérable ! 
Je n'ai pas aimé ce que ma collègue dégageait aujourd'hui. Ça m'a fait très peur. J'ai comme une boule dans la gorge. Il est temps que j'agisse. 
Je refuse  de me laisser entraîner. Je ne veux pas ce goût amer dans la bouche ! C'est elle ou c'est moi, mais je ne peux plus faire comme si....