Le couple est cette fois un duo mère-fils installé au Palais-Royal, dans un appartement qui n'est pas le leur, où ils vivent d'une certaine manière à la façon des caméléons, en se fondant dans le désordre. L'auteur nous le décrit "avec des pièces en trop" ... et on est tenté de croire que les deux personnages aussi sont "de trop" dans cet espace qui n'est pas fait pour eux.
Le garçon est le souffre-douleur de son collège parce qu'il est gros, et que ses camarades ne peuvent pas le sentir, dans tous les sens du terme. Enzo est en quelque sorte une victime idéale et nous subissons avec lui d'horribles scènes d'humiliation. On comprend qu'il voudrait devenir invisible mais c'est précisément le contraire qui se produira. Sa sensibilité lui permettra de visualiser des évocations du passé.
On remarquera un bel hommage à la littérature (p. 62). Il n'empêche qu'il subsiste chez Véronique Olmi une forme d'écriture qui s'apparente toujours à la dramaturgie. Alors qu'il y a relativement peu de dialogues on peut lire son roman comme on le ferait d'une pièce de théâtre. Pour Enzo la vie c'est penser à tout sans oublier de souffrir et offrir cette souffrance, la déposer dans le coeur des autres ... à l'instar d'une chanteuse interprétant une tragédie à la perfection (p. 52).
La nuit en vérité de Véronique Olmi chez Albin Michel, sortie le 22 août 2013, code ISBN 978 2226 2496 92(illustration : canapé, table basse et fauteuil collection Jacob de Grange, nouvelle collection automne 2013, fabriquant français de la région lyonnaise)