Magazine Bébé

Sdf

Par This Girl

Il y a quelques années, la vie a fait que je me suis retrouvée SDF.
Je n’entrerai pas dans les détails du pourquoi, du comment mais le fait est que du jour au lendemain, je me suis retrouvée sans domicile fixe.

Dans mon malheur, j’ai eu beaucoup de chance. J’avais des amis. Des amis qui étaient là pour moi. Et ma valise.

Je me souviens très clairement de cette période, cette angoisse sourde qui battait en moi, ne me lâchant pas une seule seconde. Ces questions, ces doutes. Que faire? Où aller? Comment rebondir?

Ça n’a pas été facile. Je cherchais du travail et me demandais sans cesse quelle adresse indiquer sur mon CV. Celle de E chez qui je vivais depuis deux semaines ou celle de A qui allait m’accueillir pour quelques jours? A ce moment là j’ai appris l’existence d’une association où j’ai pu rencontré K qui m’a aidé, qui m’a permis d’avoir une boîte postale à mon nom qui ne trahirait pas ma condition.
Il m’a également obtenu une aide d’urgence d’un montant de 162 euros à l’époque. Avec cet argent, j’ai pu m’offrir du shampoing et du gel douche (entre autre).
J’étais tellement fière que je ne supportais pas emprunter de simples produits d’hygiène à mes amis. Quand on y pense, c’est plutôt drôle. Combien de fois avais-je déjà emprunté déo, shampoing, tampax quand un soir je dormais chez E?
Mais là ce n’était pas pareil. Il ne me restait plus rien à part ma dignité.

Aujourd’hui quand je regarde en arrière, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance. J’ai eu avec moi l’amour et le soutien dont j’avais besoin. J’ai pu remonter vers la lumière et changer d’adresse.

Je ne parle jamais de cette période. C’est encore douloureux, ça a un goût de honte alors que ça ne devrait pas.

Mais j’y ai repensé aujourd’hui. Tout simplement parce qu’en refermant la porte de ma nouvelle maison, j’ai pu voir que l’Homme qui partage ma vie a collé l’étiquette avec nos deux noms sur notre boîte aux lettres. Ça m’a fait sourire, ça m’a soulagé.

Mais je n’oublie pas. Ça arrive si vite, si facilement.

Je n’oublie pas. Il en y a encore beaucoup trop dans nos rues.



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