Lorsque l'on formule comme requête "11 septembre" sans autre précision au célèbre moteur de recherche (celui qui a deux O et deux G), les résultats passent sous silence un certain 11 septembre 1973... Il y a quarante ans, le général Pinochet (mort dans son lit) à la tête de l'armée Chilienne renversait le président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende.
Le soutien de la CIA au Général Pinochet et sa participation au renversement du régime socialiste d’Allende ont éclaboussé le Secrétaire d’Etat Henry Kissinger. En 1976, les auditions des directeurs de la CIA devant les commissions sénatoriales Church et Pike ont révélé au grand jour cette implication mortifère.Ce régime démocratique n'a pas été le seul à avoir été renversé avec l'aide bienveillante des Etats-Unis, sept au moins depuis la deuxième guerre mondiale : Iran 1953 (lire à ce propos l'article du quotidien Le Monde du 19 août 1973 : "La CIA reconnaît son rôle dans le coup d'Etat en Iran en 1953"), Guatemala1954, Congo 1960, République Dominicaine1961, Sud Vietnam 1963 (en matière d'armes chimiques, l'armée américaine, n'a pas été en reste au Vietnam) , Brésil 1964 (21 ans de dictature),Chili 1973 (17 ans de dictature), ...En ce qui concerne l'Argentine (la plus meurtrière des dictatures), la CIA a soutenu l'armée sans être déclencheur du coup d'Etat.
C'était il y a quarante ans, certains médias s'en souviennent... La démocratie reste fragile, il ne faudrait pas l'oublier.
Victor Jara, n'a pas été tué le 11 septembre mais sa mort est une résultante directe des événements de ce jour.
Extrait de l'entretien conduit par Dominique Delpiroux pour le quotidien La dépêche du 11 septembre 2013
La mort de Victor Jara
Victor Jara était un chanteur militant. Peu après le coup d’État à Santiago du Chili, on l’arrête, on le transfère dans le Stade national, parmi des milliers d’autres prisonniers politiques. Là, un officier va trancher les doigts du guitariste. Jara est tombé sous la mitraille, avant même d’avoir fini de chanter l’hymne de l’Unité Populaire…
Restaurateur à Nîmes, Hector Herrera est celui qui a permis que le chanteur Victor Jara puisse avoir une sépulture.
"Les militaires nous ont obligés, nous, jeunes fonctionnaires, d’aller travailler à la morgue. Cela a été une expérience horrible. Et là, avec un collègue, nous avons reconnu le corps de Victor Jara, parmi ceux qui devaient aller à la fosse commune. On s’est dit qu’il n’était pas possible que cet homme-là aille à la fosse commune. Donc, j’ai identifié le corps et pris contact secrètement avec sa femme, une danseuse anglaise, à qui j’ai appris la nouvelle. Mais il a fallu faire tout cela en secret, en cachette des militaires : il était interdit de communiquer avec les familles de toutes ces personnes qui avaient été assassinées par la junte. On a pu avoir un enterrement légal, mais clandestin. Aujourd’hui, la tombe de Victor Jara est un endroit où beaucoup de monde vient se recueillir."