Le discours qui nous accueille est relativement banal dans son ironie. Mais il met en place une démonstration assez implacable sous ses aspects comiques. C’est peut-être un effet du mime que de faire rire. Parce que les gestes joués évoquent ces gestes que nous faisons dans le quotidien et les révèlent dans leur vanité. Les films muets (on pense à Charlot dénonçant les cadences du travail à la chaîne) produisaient cet effet. Ici, le narrateur (François Gulllemette) est aussi le manipulateur : celui qui envoie les musiques, celui qui tient le rôle du patron, celui qui énonce le discours capitaliste. L’homme au travail (Rémy Vachet), dans un bureau où il arrive déjà fatigué, où il est sous pression, où il cauchemarde un refus de son ordinateur de reconnaître son identifiant, on pourrait le remonter à l’envers tant il est mécanisé. Le propos semble caricatural, et pourtant… priver le patron de son porte-voix, dérégler l’organisation, péter les plombs, on y arrive. Mais à quel prix ? Le suicide plutôt que la révolution ? La promesse capitaliste d’une justice pour demain ? Ah bon ? Et vous y croyez, vous ? « Souriez, prévenait l’invitation, vous allez bugger. »
J'ai vu ce spectacle au Théâtre 14, à Paris, dans le cadre du Festival En Compagnies d'été.