Allez, avant d'entamer les détails, entrons dans l'histoire du bâtiment. Ah oui, tiens, c'est vrai, peut être que vous ne savez même pas où il se trouve? Ben sur la place du château de Prague ("Hradčanské náměstí 2"), en face du palais de l'archevêque, genre tournez le dos au château (et au climatologue "Václav") et avancez tout droit. Passez la statue du président TGM et 50 m plus loin, sur votre gauche, hop, l'entrée du palais
Alors la toute première construction (1545-1567) serait l'oeuvre de l'architecte valaque (italien) "Agostino Galli", qui fut fort certainement le reconstructeur renaissance du domaine de "Horšovský Týn" (alors propriété de "Jan Popel z Lobkovic" junior). La réunion des 3 maisonnettes d'origine explique sans doute la forme en T de la surface du palais. Enfin un T à l'envers, avec du côté gauche (à l'envers, sinon droit à l'endroit) une cour intérieure. Tiens, de cette cour remarquez les fenêtres doubles sur le corps du T, alors qu'elles sont simples sur la barre, allez savoir? Notez que sur les plans d'origine, il ne devait pas s'agir d'un T, mais d'un H renversé (à 90°), ou d'un T avec une barre en bas aussi, genre souligné le T, parce que le mur qui sépare la cour de la place devait être habitable en palais. Sans doute que par manque de pognon, ou de 4 ème maisonnette pas chère... Pareil, en entrant dans le palais, les arcades sont fermées par de larges baies vitrées (genre jardin d'hiver), mais c'était pas comme ça avant, ni sur les plans, avant c'était ouvert au vent. D'extérieur l'on peut voir les fantastiques sgraffites qui seraient d'inspiration nord-italienne, voire carrément vénitienne, sachant que les experts classent les pilastres (visibles dans la cour intérieure) dans le style "Toscane" (Florence même... balaises les gars moi j'dis!). Notez les imposants pignons et la large corniche entre le mur et le toit contenant les splendides lunettes richement décorées. Il s'agit d'une réelle singularité car ces caractéristiques sont plutôt celles d'un noble château provincial (c.f. "Litomyšl") que celles d'un palais urbain (mais quand on a du pognon, hein...). Une première restauration (sous les "Eggenberg") eut lieu en 1710 sous la truelle de "Marcantonio Canevalle" ("Clam-Gallasovský palác", "Chrám svaté Uršuly"...) et attention, c'est énorme comme boulot: l'escalier fut changé en style baroque. Sans dec, ça méritait d'être signalé. Entre 1723 et 1724, c'est l'architecte "Antonín Haffenecker" (baroco-classicisme, "Stavovské divadlo", "Nostický palác", "Sweerts-Sporcků Palác"...) qui retapa l'intérieur du palais en baroque (tardif) pour la famille
Sinon dans le dedans, il reste aussi des splendeurs qui à elles seules méritent la visite du palais. En dehors de quelques voûtes renaissance d'origine, je veux surtout parler des plafonds à caissons qui se trouvent dans 4 salles du dernier étage. C'est fantastique, c'est fin XVI ème siècle (années 80), et c'est apparemment peint sur toile et non directement sur bois. Ah? Levez les yeux, et admirez les thèmes classiques de la mite au logis: l'enlèvement des Sabines ou le syndrome de Stockholm, Phaéton tombant des cieux foudroyé par Zeus parce que fichant le feu au chaos de l'univers entier parce qu'il conduisit sans permis le quadrige de son père, Junon et Jupiter, jumeaux et époux infidèles (surtout lui, ce scélérat lubrique), le jugement de Pâris sur le mont Ida, la pomme de discorde et tout le foin troyen qui s'en suivit, et justement, autres thèmes induits: la guerre de Troie avec son talon d'Achille et son cheval d'Ulysse, Enée fuyant Troie en feu, son père Anchise sur ses épaules (thème par ailleurs repris dans le pavillon en étoile), ou encore une scène des plus entremêl-et-tordues, l’enlèvement de Perséphone (aussi appelé le rapt de Proserpine) par Hadès (Pluton), fils de Cronos (Saturne) dans Orphée et Eurydice (?! mais véridique). Sinon mes photos sont parfois floues, ben ouais, que voulez-vous, sans statif et sans flash... mais ça vous donne une idée quand même et surtout, ça devrait vous donner l'envie d'aller y voir par vous-mêmes. Et tiens, pour vous mettre encore plus l'envie en bouche, les immenses génies dont certaines oeuvres sont présentées au palais
Et voilà, c'est splendide, c'est bon marché: 150 CzK soit 5,77 € (et même 3,08 € si vous y allez après 16h mais vous n'aurez pas le temps de tout voir parce que si vous regardez avec amour [z'avez intérêt], 3h sont un minimum pour en faire le tour), et c'est à mon avis incontournable si vous venez à Prague. Petit hic quand même, l'éclairage. Alors chuis pas spécialiste de la lumière en galerie de peintures baroques, mais en tant que visiteur, j'ai trouvé que certains tableaux étaient insuffisamment éclairés (parfois très insuffisamment), et que parfois l'angle d'éclairage était plutôt inadéquat (parfois très plutôt). Je m'explique, pour moi la meilleure façon de mettre un tableau en valeur est une lumière diffuse et rasante provenant d'au dessus, "noyant" le tableau d'un brouillard lumineux. Or là, il y avait parfois des spots qui spotaient justement sur un bout du tableau, bien de face, créant un gros point lumineux éblouissant en plein dedans les mirettes. Rajoutez un soleil de fin d'aprèm pénétrant par les fenêtres mal calfeutrées, et paf, on y voit comme dans le trou d'une taupe constipée par nuit de brouillard. J'espère qu'ils vont s'améliorer sur cet aspect. Allez, je ne vous retiens pas afin que vous filiez au palais