“Avec peu on peut vivre le présent à l’infini”
Vous sentez-vous parfois “esclaves” des objets qui vous entourent: La pile de linge sale qui est sur le point d’aller se jeter elle-même dans la laveuse, les meubles et les bibelots ternis sous un léger voile de poussière, les jouets d’enfants qui semblent vouloir prendre possession de toute la maison ? Pensez à ce temps que vous passez à nettoyer et ranger et qui pourrais être investi ailleurs en temps de qualité avec la famille ! Moins de biens, plus de liens, dit-on ! Voilà pourquoi je me suis offert en début d’année un méga désencombrement thérapeutique !
Pour me mettre dans le ”beat”, j’ai d’abord consulté quelques livres portant sur le feng shui, pour ensuite réaliser qu’il était très contraignant et compliqué d’appliquer les principes faisant en sorte que le chi circule à merveille dans chaque pièce, en fonction des orientations favorables déterminées pas mon chiffre gua, qu’il serait onéreux d’abattre des murs et tout jeter à terre pour réorienter correctement les pièces de la maison et que donc, j’allais en prendre et en laisser !
J’ai ensuite fais plusieurs lectures sur le minimalisme et un livre entre autre, l’art de l’essentiel - Jeter l’inutile et le superflu pour faire de l’espace en soi - de Dominique Loreau, m’a particulièrement ouvert les yeux sur ma tendance à faire de l’amassement compulsif avant que ça ne devienne pathologique !
L’humain agit parfois comme s’il était doté du même instinct d’amassement qu’on observe chez les rongeurs ! J’ai donc mis en pratique les conseils que j’y ai trouvé. Évidemment, ça ne s’est pas fait en un jour, c’est un processus qui demande du temps et de l’énergie ! On se demande parfois par où commencer et tout ça nous dépasse ! Il faut “éplucher une patate à la fois” !Cela peut également nous amener à faire un grand examen de conscience ! Pourquoi je tiens toujours à remplacer mes objets encore fonctionnels par la version dernier cri ? Est-ce à cause de la valorisation que ça m’apporte ? Puis-je aller chercher cette valorisation autrement que dans la démonstration de ce que je possède ? D’où vient ce besoin de consommer autant d’objets ? Une forme de compensation à ma vie que je trouve insatisfaisante ? Une sécurité ? S’agit-il d’un comportement ostentatoire ? Qu’ais-je à prouver aux autres ?
Les obstacles au désencombrement
“On m’a appris qu’il ne faut pas gaspiller ou jeter ». De nos jours, plusieurs matières sont recyclables, plus la peine d’accumuler par bonne conscience tout nos pots de margarine vides comme le faisaient nos grands-mères ! Et gaspiller, on le fait à partir du moment où on achète quelque chose. Tout objet a une fin, alors si on veut éviter le gaspillage, la meilleure chose à faire est de moins consommer de choses inutiles, jetables ou de mauvaise qualité. Mieux vaut investir un peu plus pour des produits de qualité, bien que, malheureusement de nos jours, bien peu échappent à l’industrie de l’obsolescence programmée * .
“Cet objet m’a coûté cher ». Oui, il a coûté cher, mais avec les années il a sûrement perdu beaucoup de sa valeur et de son attrait. Si c’était à refaire le rachèteriez-vous aujourd’hui ? Si la réponse est non, débarrassez-vous en, donnez-le ou vendez-le.
“C’est un cadeau que j’ai reçu, je ne peux pas m’en départir, il a une valeur sentimentale”. Bon là, j’avoue, c’est plus compliqué ! Si ce présent vous rappel un être cher mais qu’il croupit malgré tout au fond d’un placard, vous pouvez prendre l’objet en photo et ainsi ce souvenir sera conservé. Si c’est un cadeau récent qui n’a aucune valeur sentimentale, rangez-le quelques temps dans une boite le temps de se faire oublier un peu … juste au cas où on vous demanderait si vous l’avez toujours !
“Je vais le garder au cas où quelqu’un en a besoin”. C’est très généreux de votre part de penser aux autres, dans ce cas proposez tout de suite à votre entourage de venir voir les objets dont vous devriez vous départir et donnez leur !
“J’ai ce projet à faire avec cet objet ( mais je procrastine toujours ! )”. La plupart du temps on accumule les objets comme on accumule les projets. Débarrassez-vous de ce fardeau et apprenez à vivre au jour le jour ! Si vous mijotez ce projet depuis plusieurs années, il y a de forte chance qu’il ne se concrétise jamais de toute façon, c’est clair, ce projet ne vous motive pas !
“J’ai peur de le regretter”. Serait-ce possible pour vous de vous procurer facilement le même objet si jamais vous en aviez vraiment besoin ? Si oui, n’ayez crainte et acceptez de faire des erreurs dans votre décision de désencombrer.
Les bienfaits
Esthétisme: C’est beau, ça respire, les beaux objets sont mis en valeur !
Organisation: On ne passe plus notre temps à chercher nos clefs !
Propreté: Le ménage se fait beaucoup plus rapidement.
Économie: Vous brisez le cycle de la surconsommation et avec moins de biens, vous pouvez même déménager dans un endroit plus petit, moins coûteux en énergie et en entretien.
Espace: Les enfants ont plus de place pour jouer et vous vous cognez moins souvent les orteils sur des meubles encombrants !
Temps: Plus de temps pour les autres, depuis que vous possédez moins de meubles, vous passez moins de temps à faire le ménage et à chercher vos clés et vos chaussures. Vous pouvez passer plus de temps avec vos enfants et vos amis.
Moins de stress: Beaucoup moins de choses obstruent votre champ de vision. Votre cerveau est donc beaucoup moins sollicité. Vous pouvez vous détendre sans penser à cette plante qu’il faut arroser sans cesse…
Moins de pression sociale: Vous n’achetez que les choses dont vous avez vraiment besoin. Vous n’avez plus besoin de prouver aux autres qui vous êtes en achetant à la mode car vous savez maintenant qui vous êtes et vous vous épanouissez par des activités valorisantes.
Voici comment j’ai procédé
Les jouets d’enfants
J’ai fais le tri dans les jouets de mon plus jeune et j’ai donné ceux avec lesquels il ne joue jamais. J’ai réduis le nombre de jouets dans sa chambre, j’en ai enlevé la moitié et je les ai rangé dans une boite dans un endroit auquel il n’a pas accès. De temps en temps, je fais une rotation avec ceux qui restent dans sa chambre, ainsi il n’a pas le temps de se “tanner” de ses jouets et cela lui fait de la nouveauté plutôt que de toujours racheter du nouveau pour changer !
Les meubles
J’ai réduis de beaucoup le nombre de meubles dans la maison. Je me suis débarrassée des meubles encombrants et inutiles et je les ai mis sur le bord du trottoir quelques heures avant la collecte mensuelle de rebuts encombrants de ma ville. Ils n’ont pas stagné longtemps car des passants les ont ramassés, tel que je l’espérais.
Désormais chaque pièce ne contient pas plus de 4 meubles, une commode de rangement, un meuble voué à la vocation de la pièce ( divan, set de table+chaises, lit ) et un maximum de deux meubles d’appoints ( tables de chevet, ottomane, etc ). Je n’ai conservé que mes beaux meubles en bois ou autres matériaux “nobles” et au design épuré. Lorsque les meubles sont biens choisis, beaux et fonctionnels, il est inutile d’en rajouter et un décor minimaliste les mettra en valeur.
J’ai éliminé tous les meubles de rangements “ouverts”, qui exposent leur contenu, comme les bibliothèques ou les étagères. On se sent bien obligés de les remplir par des objets décoratifs, des collections ou des livres sans quoi ils n’ont pas leur raison d’être. Alors si étagères il n’y a pas, moins de “gugusses” il y a !
Les objets et accessoires décoratifs
On a souvent l’habitude d’utiliser la surface des meubles pour y exposer nos collections, nos souvenirs ou autres objets décoratifs. J’ai finalement osé me départir de la plupart de mes objets décoratifs et je vous le jure, c’est très libérateur. Quand je redécouvre à chaque matin mon nouvel environnement plus dépouillé, j’ai un sentiment de légèreté. Mais le summum, c’est que je ne m’inquiète plus de me les faire briser par mon petit cascadeur !
Sur les surfaces planes, je n’ai conservé que des lampes de tables et un bol à fruit dans la salle à manger, qui sont des objets à la fois utiles et décoratifs. Ce fût tout un défi pour moi qui ai toujours été une grande fan de décoration ! On peut aussi considérer comme utile un objet qui a une forte symbolique pour nous, comme une statuette qui nous inspire et nous motive dans notre cheminement personnel ou qui nous rappelle un événement marquant dans notre vie.
Sur les murs, un ou deux cadres de grand format contenant des photographies de famille, de vos enfants ou même de vous-même suffiront à apporter de la vie ! Une journée particulièrement maussade, je me plaignais que je trouvais mon salon ennuyant et triste, mon conjoint m’a dit : ” Prends les photos d’Elliot et Ismaël et mets les au mur, tu vas en avoir de la joie et de la vie !” Et il avait raison, les sourires de mes enfants en photos ont illuminé la pièce aussitôt que j’y ai accroché les cadres !
J’ai rassemblé mes souvenirs et je n’ai conservé que les petits objets que j’ai “exposés” dans une petite étagère à plusieurs compartiments accrochée dans un placard.
Les livres
Les livres ont, pour beaucoup d’entre nous, un petit quelque chose de sacré et représentent souvent une valeur intellectuelle, comme si s’en départir était pêché, comme si on laissait partir avec eux notre savoir et notre culture. Il y a un culte du livre, s’en défaire est presque honteux. Mais on peut changer notre vision, le fait de ne pas exposer une bibliothèque remplie de livre ne fera pas de nous un inculte. Les livres ne sont-ils pas fait pour être lus ? Alors plutôt que de les laisser prendre la poussière, laissons-les passer de mains en mains, laissons leurs pages se plier, se tourner, se tacher de café renversé sur le coin de la table d’un bistro en étant le sujet principal d’une conversation… Laissons-les avoir du vécu et une âme !
Il est inutile de conserver les romans qu’on a déjà lu et qu’on ne relira jamais ( même si on dit que si ), mieux vaut les laisser faire le bonheur de d’autres lecteurs. Les livres de référence récents, qu’on a consulté qu’une seule fois et souvent acheté impulsivement, pourront également passer au suivant. Tant qu’aux livres de référence vraiment désuets, hormis les livres rares qui pourraient faire la joie d’un bibliophile, ils peuvent très bien aller au recyclage, suffit de retirer la reliure si celle-ci n’est pas recyclable.Pour ma part j’ai trié les livres par sujet et pour chaque sujet, j’ai sélectionné celui qui était le plus complet et le plus à date, j’ai donc conservé un livre ou deux par sujet. L’internet répond très bien à nos besoins quand vient le temps de faire des recherches et la bibliothèque municipale est là si nous avons envie de lire un bon roman ou une nouvelle histoire à nos enfants.
Les vêtements
Dans ma garde-robe, je n’ai pas plus de vêtements que de cintres, alors je me limite à ce nombre. Comment décider de ce qui doit partir ? On élimine les vêtements qui n’ont pas été porté depuis environ 2 ans, on ne les porteras jamais ! J’ai donné à un organisme communautaire les vêtements que je n’ai pas portés au cours de la dernière année, ceux qui sont abîmés ( et je sais que je ne prendrai jamais le temps de les repriser ) et ceux dans lesquels je ne suis pas confortable. Idem pour les accessoires, chaussures, bijoux et vêtements des autres membres de la famille.
Les articles ménagers
La vaisselle inutilisée a été temporairement rangée au sous-sol pour en faire don plus tard à mon ado qui volera – bientôt ? – de ses propres ailes … En ce qui concerne le bunker de mon ado justement, je ne m’en suis pas mêlée mais je n’aurais rien eu à faire de toute façon car il est déjà de nature très organisé et rangé.
Les pièges à amassement
Les objets gratuits et les soldes
Les cadeaux, la belle chaise trouvée sur le bord du trottoir, etc. On peut demander à notre entourage de nous gâter en sorties plutôt qu’avec des objets. On se demande si ramasser cet objet laissé à l’abandon est vraiment une nécessité pour nous. Aurait-on acheté l’objet proposé en solde s’il avait été à prix régulier ?
Le seconde-main
Acheter d’occasion nous contraint à prendre des décisions rapides et parfois à faire des achats impulsifs. Comme ils le disent dans le milieu ” you snooze you lose ! ” Difficile de ne pas se laisser tenter par la jolie lampe Mid-Century Modern à 5 $ que l’on-avait-pas-prévu-acheter-mais-si-on-ne-l’achète-pas-on-dormira-pas-de-la-nuit-et-on-va-le-regretter ! Ce genre d’endroits sont des pièges à ex-amasseuse-compulsive-de-gogosses-cutes-mais-inutiles dans mon genre ! De plus on ne peut pas échanger ou se faire rembourser un article acheter de seconde-main.
Ne pas re-remplir
Une fois mon grand-ménage terminé, j’ai ressenti un sentiment de légèreté, j’ai senti mon esprit se désencombrer à son tour… Maintenant je prends garde à ne pas re-remplir !
À vos boites, prêts, partez !!!
Par Stéphanie V.
* L’obsolescence programmée ( parfois aussi appelée « désuétude planifiée » ou “non-durabilité planifiée” ) est le nom donné à l’ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement.